samedi 5 mai 2018

MAI 2018

C’est plus principalement par la charité que nous méritons, que par les autres vertus. 


Celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. (Jo., XV, 14.) Or, c'est dans la vision manifeste de Dieu que consiste la vie éternelle; selon ce que dit le Christ, en saint Jean (XVII, 3) : La vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous le seul Dieu véritable et vivant. C'est donc surtout la charité qui fait le mérite de la vie éternelle. 

L'acte humain prend sa valeur méritoire à deux sources: 
  1.  La décision divine par laquelle l'acte est dit méritoire de la fin, à laquelle l'homme est divinement ordonné. 
  2.  Le libre arbitre, par lequel, de préférence à toutes les autres créatures, l'homme agit volontairement de lui-même. 
Et, d'un côté comme de l'autre, la qualité principale du mérite consiste dans la charité. Il faut toujours se rappeler que la vie éternelle, c'est la jouissance de Dieu. Le mouvement de tendance à la jouissance du bien divin, c'est l'acte propre de la charité, et c'est ce mouvement qui donne à tous les actes des autres vertus leur tendance vers cette fin, en tant que c'est la charité qui en commande la production. Et c'est pourquoi le mérite relève, en première ligne, de la charité; et secondairement, des autres vertus, en tant que leurs actes sont produits, sous l'empire de la charité qui les fait faire. 

De même, il est évident que ce que nous faisons par amour, nous le faisons le plus volontiers. Par ce côté encore et pour autant qu'il est essentiellement requis pour le mérite qu'il soit volontaire, le mérite est principalement attribué à la charité. 

Mais, l'œuvre n'a pas toujours un mérite plus grand, de ce qu'elle est plus laborieuse et plus difficile, Une œuvre peut être laborieuse et difficile à deux titres: 

  • l'un, à cause de l'importance de l' œuvre; et, dans ce cas, la grandeur du travail en augmente le mérite, parce que l'amour de charité, bien qu'il accomplisse les choses effroyables et dures, comme si c'était des choses faciles et de rien, n'en diminue pas la difficulté; et que, bien au contraire, il fasse entreprendre les Choses les plus grandes: comme dit saint Grégoire, « si c'est la charité qui est là, elle fait grand ». 
  • L'autre titre de labeur d'une œuvre et de sa difficulté peut tenir à un manque, du côté de celui qui agit. Tout est laborieux et difficile à celui qui n'agit point par une volonté prompte, et le mérite est diminué par ce travail, que la charité abolit. 

Les actes les plus méritoires sont les actes de foi et de patience ou de force, comme chez les martyrs qui, pour la foi, ont combattu patiemment et fortement jusqu'à la mort. Mais, 1'acte de foi n'est méritoire que si la foi opère par l'amour; il en est de même des actes de patience et de force, si on ne les fait point par l'amour de charité, selon ce que dit saint Paul (1 Cor., XIII, 3) : Quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. 

D'après Saint Thomas d'Aquin

Résolution

Dans ces circonstances de crise dans l'Eglise qui nécessitent tant de patience, de force et de combat, mettons-nous librement en oeuvre la Charité qui nous fera gagner de grandes grâces ?  Avons-nous la Charité suffisante pour œuvrer librement et promptement, pour agir charitablement dans la crise actuelle ?