L’âme est faite pour aimer
Dieu a voulu que dans toute la Création, de la pierre à la plante, de la plante à la bête, de règne en règne la vie montât. Sous son souffle, elle a trouvé la géométrie du cristal, puis la croissance de l'arbre, puis le mouvement, le sang chaud, l’instinct de l'animal. Chaque fois, par un coup de génie prodigieux, elle a dépassé toutes les données du règne antérieur.
Et au-dessus des trois règnes, le règne humain s'élève à plus de vie encore. L’homme n'est-il pas l'être unique, né pour un prodige à lui propre, il a l'action et la raison: il a l’esprit, le choix, la liberté. Il se sent libre: faire ou ne pas faire. Mais quoi faire ? A quoi s'emploiera-t-il, dans sa liberté, avec la même certitude que le sel qui cristallise, que l'herbe qui pousse, que l'oiseau qui couve ses œufs.
C'est le Christ qui révèle à l'homme sa destination profonde: l'âme est faite pour aimer. Vous êtes fils d'un même Père, qui vous aime: soyez ces frères, entr'aimez-vous, entr'aidez-vous, travaillez à faire ce monde tel que le Père a désiré qu'il fût.
Servir et aimer, voilà la certitude intérieure de l'homme, inscrite en sa nature, comme la figure de son cristal l'est dans la nature du quartz.
Les gens simples à qui Jésus apporte ce message, d'un coup l'ont
senti, c'est cela ! Le grand commandement nouveau fait lumière pour tout homme
venant en ce monde. Celui qui veut vivre de vraie vie se tourne vers cette
parole, comme la plante qui veut respirer se tourne vers le soleil. De tout son
être, chaque créature s'efforce à sa destination. Au plus bas, le plus élémentaire, l'atome, avec
une phénoménale énergie se concentre sur son être. Au plus haut, le plus
complexe, le plus vivant, l'homme, a à
sortir de son être, de son moi, à se donner. Il est fait pour l'amitié. Son
sang l'y porte,
Ici, une fois de plus, la vie se
dépasse: elle débouche dans un nouveau
royaume. Comme elle a inventé de faire
avec ce qui ne pouvait que tomber ce qui pousse, ou avec ce qui ne pouvait vivre qu'attaché à
la terre ce qui s'en détache, ici, par
l'homme, avec ce qui semblait ne pouvoir
être qu'égoïsme, elle fait le contraire de
l'égoïsme: l'amour.
Au sommet de la Création, il
fallait l'être libre, donc capable
d'aimer, pour aimer et répondre ainsi au
Créateur. Le monde maintenant a un sens et l'homme connaît sa vérité de vie.
Henri Pourrat
La bienheureuse Passion (p 20)
Résolution
En ce temps de Carême, contemplons et accompagnons notre Sauveur dans Son chemin de Croix où Il nous révèle qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour Dieu, pour ceux qu'on aime. Donner sa vie, c'est d'abord s'oublier.