vendredi 3 novembre 2017

NOVEMBRE 2017

Le soulagement des âmes du Purgatoire


FONDEMENT ET EXCELLENCE DE CETTE CHARITÉ :


Saint Thomas énonce le principe de cette doctrine relative aux suffrages pour les morts en disant « Tous les fidèles en état de grâce sont unis par la charité et sont les membres d'un seul corps, celui de l’église. Or dans un organisme, chaque membre est aidé par les autres, et donc chaque chrétien peut être aidé par le mérite des autres. ( IV Sent., d. 45, q. 2, a 1. qua 2 et Suppl. q. 71, a. 1) « Sans doute, est-il dit ibid., seul Jésus-Christ constitué tête de l'humanité a pu mériter en justice pour nous, mais chaque juste peut aider son prochain par le mérite de convenance ( Ce mérite de convenance est fondé non pas sur la justice, mais sur la charité, qui nous unit à Dieu. En raison de notre charité il accorde un secours à ceux que nous aimons. Cf. Ia, IIae, q. 114, a, 6), les œuvres satisfactoires et la prière. 

Et ce qui est dit du prochain, est vrai des âmes du purgatoire, car elles appartiennent à l'Église souffrante. 

C'est un devoir de charité d'aimer Dieu, auteur de la grâce par dessus tout, et d'aimer comme soi-même les enfants de Dieu et ceux appelés à le devenir, tous ceux qui sont appelés à la même béatitude éternelle que nous. Or ces âmes souffrantes sont par la grâce sanctifiante, enfants de Dieu, et elles le sont pour toujours ; la Sainte Trinité habite en elles, Jésus vit en elles intimement. Nous devons donc les aimer comme notre prochain, d'autant que plusieurs sont de la même famille terrestre que nous, et nous avons des devoirs spéciaux de charité envers les âmes de nos parents défunts. 

Cette charité doit s'exercer d'autant plus que ces âmes souffrantes ne peuvent plus rien faire pour elles-mêmes : elles ne peuvent plus mériter, ni satisfaire, ni recevoir les sacrements, ni gagner des indulgences ; elles ne peuvent qu'accepter et offrir leur souffrance ou satispassion. Et alors il convient grandement de les aider


Il faut en outre remarquer avec le P. Faber (Tout Pour Jésus, ch. 9 du Purgatoire, 2.) , qu'en travaillant pour ces âmes souffrantes, on travaille à coup sûr, car elles seront sûrement sauvées ; ce qu'on fait pour elles n'est jamais perdu. 

Enfin la charité exercée à leur égard est excellente, car elle contribue à donner à Dieu des âmes qu'Il attire à Lui, et à obtenir à ces âmes le plus grand de tous les dons : Dieu vu face à face ; à leur obtenir plus vite l'éternelle béatitude. En même temps s'accroît la joie accidentelle de Notre-Seigneur, de sa Sainte Mère et des Saints.

Extraits de : L'éternelle vie et la profondeur de l'âme (R.P. Garrigou-Lagrange)

Exemple : 


Le trait suivant, qui m’a paru singulièrement touchant est emprunté à l’abbé Postel, traducteur de Rossignoli. Je le cite, bien qu’il soit tout à fait moderne, sur la foi de et auteur estimé. (Merveilles du purgatoire.) 

Ce trait paraît être arrive à Paris en 7. 

Une pauvre servante, élevée chrétiennement dans son village, avait adopté la sainte pratique de faire dire, chaque mois, sur ses modiques épargnes, une messe pour les âmes souffrantes. 

Amenée avec ses maîtres à Paris, elle n’y manqua pas une seule fois. Se faisant d’ailleurs une loi d’assister elle-même au divin sacrifice, et d’unir ses prières à celles du prêtre, spécialement en faveur de l’âme dont l’expiation n’avait plus besoin que de quelque chose pour être achevée. C’était sa demande ordinaire. Dieu l’éprouva bientôt par une longue maladie, qui non seulement la fit cruellement souffrir, mais lui fit également perdre sa place, et épuiser ses dernières ressources. Le jour où elle put sortir de l’hospice, il ne lui restait plus que vingt sous pour tout argent. Après avoir fait au Ciel une prière pleine de confiance, elle se mit en quête d’une condition. On lui avait parlé d’un bureau de placement, à l’autre bout de la ville. Elle s’y rendait, lorsque l’église Sainte-Eustache se trouvant sur sa route, elle y entra. La vue d’un prêtre à l’autel lui rappela qu’elle avait manqué ce mois-là, à sa messe ordinaire des défunts, et que ce jour était précisément celui où depuis des années elle s’était procuré cette consolation. Mais comment faire ? Si elle se dessaisit de son dernier franc, il ne lui restera pas même de quoi apaiser sa faim. Ce fut un combat entre sa dévotion et la prudence humaine. La dévotion l’emporta : « Après tout, se dit-elle, le bon Dieu voit bien que c’est pour lui. Il ne saurait m’abandonner. » 

Elle entre à la sacristie, remet son offrande, puis assiste avec sa ferveur accoutumée à cette messe. 

Elle continuait sa route quelques instants après, pleine d’une inquiétude que l’on comprend. Dénuée de tout, que faire si un emploi lui manque ? Elle était dans ses pensées, quand un jeune homme pâle, d’une taille élancée, d’un air distingué, s’approche d’elle et lui dit : « Vous cherchez une place ? » 

« Oui, Monsieur » 

« Eh bien, allez à telle rue, tel numéro chez madame…. je crois que vous lui conviendrez et que vous serez bien là ! » Et il disparaît dans la foule des passants, sans attendre les remerciements de la pauvre fille. 

Elle se fait indiquer la rue, arrive au numéro, et monte à l’appartement qu’on lui désigne. Sur le palier, une domestique en sortait, un paquet sous le bras et murmurant des paroles de plainte et de colère. « Madame y est-elle ? », demande la nouvelle venue. « Peut-être oui, peut-être non, répond l’autre. Que m’importe ? Madame ouvrira elle-même si cela lui convient. Je n’ai plus à m’en mêler, adieu ! » 

Et elle descend, et notre pauvre fille sonne en tremblant, et une voix douce lui dit d’entrer. Elle se trouve en face d’une dame âgée, d’un aspect vénérable qui l’encourage à exposer sa demande. 

« Madame, dit la servante, j’ai appris que vous aviez besoin d’une femme de chambre, et je viens m’offrir à vous. On m’a assuré que vous m’accueilleriez avec bonté. » 

« Mais ma chère enfant, ce que vous dites là est bien extraordinaire. Ce matin, je n’avais absolument besoin de personne. Depuis une demi-heure seulement, j’ai chassé une insolente domestique, et il n’est personne au monde, hormis elle et moi, qui le sache encore ! Qui donc vous envoie ?» « C’est un Monsieur que j’ai rencontré dans la rue, qui m’a arrêtée pour cela, et j’en bénis Dieu car il faut absolument que je sois placée aujourd’hui, il ne me reste pas un sou ! » 

La vieille dame ne pouvait comprendre qui était ce personnage et se perdait en conjectures, lorsque la servante, levant les yeux au-dessus d’un meuble du petit salon, aperçut un portrait. « Tenez Madame, dit-elle aussitôt, ne cherchez pas plus longtemps, voilà exactement la figure du jeune homme qui m’a parlé, c’est de sa part que je viens ! » 

A ces mots, la dame pousse un grand cri, et semble prête à perdre connaissance. Elle se fait redire toute cette histoire, celle de la dévotion aux âmes du purgatoire, de la messe du matin, de la rencontre de l’étranger, puis se jetant au cou de la pauvre fille, elle l’embrasse avec effusion. « Vous ne serez point ma servante. Dès cet instant, je vous regarde comme mon enfant. C’est mon fils, mon fils unique que vous avez vu, mon fils mort depuis deux ans qui vous a dû sa délivrance, je n’en puis douter, et à qui Dieu a permis de vous envoyer ici. Soyez donc bénie, et désormais nous prierons ensemble pour tous ceux qui souffrent avant d’entrer dans la bienheureuse éternité. »

Extraits de : Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints (Abbé Louvet )

Résolution

Quels sacrifices ferons-nous en ce mois spécialement consacré aux défunts pour soulager les âmes du purgatoire ?