dimanche 4 octobre 2020

OCTOBRE 2020

Face à l'antipathie ou l'agacement ...


Entrée au Carmel, la Servante de Dieu cherchait toutes les occasions de rendre service aux sœurs par mille petits actes de vertu cachée, et quand une terrible épidémie d'influenza sévit sur le Carmel de Lisieux, restée une des seules valides, elle multipliait ses soins auprès des malades et des mourantes. Elle s'étudie sans cesse à pénétrer ce que Notre-Seigneur appelle son commandement nouveau, pour rendre sa charité plus surnaturelle et la mieux pratiquer. Jésus m'a fait connaître sa volonté « lorsque à la dernière Cène il donna son commandement nouveau, quand il dit à ses apôtres de s'entr'aimer comme il les a aimés lui-même... Et je me suis mise à rechercher comment Jésus avait aimé ses disciples; j'ai vu que ce n'était pas pour leurs qualités naturelles, j'ai constaté qu'ils étaient ignorants et remplis de pensées terrestres. Cependant, il les appelle ses amis, ses frères; il désire les avoir près de lui dans le royaume de son Père et pour leur ouvrir ce royaume, il veut mourir sur la croix, disant qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. J'ai vu - dit-elle combien mon amour pour mes sœurs était imparfait, j'ai compris que je ne les aimais pas comme Jésus les aime. Ah! je devine maintenant que la vraie charité consiste à supporter tous les défauts du prochain, à ne pas s'étonner de ses faiblesses, à s'édifier de ses moindres vertus; mais surtout, j'ai appris que la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du cœur, car personne n'allume un flambeau pour le mettre sous le boisseau, mais on le met sur le chandelier afin qu'il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Il me semble, ma mère, que ce flambeau représente la charité qui doit éclairer, réjouir, non seulement ceux qui me sont le plus chers, mais tous ceux qui sont dans la maison. Et elle s'y donnait tout entière » - MSC 11,2-12,1 

Elle dit encore: « Oui, je le sens, lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi; plus je suis unie à lui, plus aussi j'aime toutes mes sœurs. Si je veux augmenter en mon cœur cet amour et que le démon essaie de me mettre devant les yeux les défauts de telle ou telle sœur, je m'empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs; je me dis que, si je l'ai vue tomber une fois, elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu'elle cache par humilité; et que, même ce qui me paraît une faute peut très bien être, à cause de l'intention, un acte de vertu. J'ai d'autant moins de peine à me le persuader que j'en fis l'expérience par moi-même. Un jour, pendant la récréation, la portière vint demander une sœur pour une besogne qu'elle désigna. J'avais un désir d'enfant de m'employer à ce travail, et justement le choix tomba sur moi. Aussitôt je commence à plier notre ouvrage, mais assez doucement pour que ma voisine ait plié le sien avant moi, car je savais la réjouir en lui laissant prendre ma place. La sœur qui demandait de l'aide, me voyant si peu pressée, dit en riant: « Ah! je pensais bien que vous ne mettriez pas cette perle à votre couronne, vous alliez trop lentement !. Et toute la communauté crut que j'avais agi par nature » - MSC 12,2-13,1 - .» 

Elle raconte ainsi son triomphe sur une antipathie naturelle:

« Une sainte religieuse de la communauté avait autrefois le talent de me déplaire en tout; le démon s'en mêlait, car c'était lui certainement qui me faisait voir en elle tant de côtés désagréables; aussi, ne voulant pas céder à l'antipathie naturelle que j'éprouvais, je me dis que la charité ne devait pas seulement consister dans les sentiments, mais se laisser voir dans les œuvres. Alors je m'appliquai à faire pour cette sœur ce que j'aurais fait pour la personne que j'aime le plus. A chaque fois que je la rencontrais, je priais le bon Dieu pour elle, lui offrant toutes ses vertus et ses mérites. je sentais bien que cela réjouissait grandement mon Jésus; car il n'est pas d'artiste qui n'aime à recevoir des louanges de ses œuvres, et le divin Artiste des âmes est heureux lorsqu'on ne s'arrête pas à l'extérieur, mais que, pénétrant jusqu'au sanctuaire intime qu'il s'est choisi pour demeure, on en admire la beauté. je ne me contentais pas de prier beaucoup pour celle qui me donnait tant de combats, je tâchais de lui rendre tous les services possibles; et quand j'avais la tentation de lui répondre d'une façon désagréable, je m'empressais de lui faire un aimable sourire, essayant de détourner la conversation; car il est dit dans l'Imitation: 'Qu'il vaut mieux laisser chacun dans son sentiment que de s'arrêter à contester' (liv. 3, ch. 44, 1). Souvent aussi, quand le démon me tentait violemment et que je pouvais m'esquiver sans qu'elle s'aperçût de ma lutte intime, je m'enfuyais comme un soldat déserteur. Et sur ces entrefaites, elle me dit un jour d'un air radieux: 'Ma sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, voudriez-vous me confier ce qui vous attire tant vers moi? Je ne vous rencontre pas que vous ne me fassiez le plus gracieux sourire'. Ah! ce qui m'attirait, c'était Jésus caché au fond de son âme, Jésus qui rend doux ce qu'il y a de plus amer! » - MSC 13,2-14,1 - .» 

Souvent, il fallait lutter avec énergie, il y avait un vrai combat pour dominer sa nature, elle raconte plusieurs traits comme celui-ci: « Longtemps, à l'oraison, je ne fus pas éloignée d'une sœur, qui ne cessait de remuer, ou son chapelet, ou je ne sais quelle autre chose; peut-être n'y avait-il que moi à l'entendre, car j'ai l'oreille extrêmement fine; mais dire la fatigue que j'en éprouvais serait chose impossible! J'aurais voulu tourner la tête pour regarder la coupable et faire cesser son tapage; cependant, au fond du cœur, je sentis qu'il valait mieux souffrir cela patiemment pour l'amour du bon Dieu d'abord, et puis aussi pour éviter une occasion de peine » - MSC 30,1-2 - . Malgré la sensibilité de sa nature la Servante de Dieu conserva toujours la douceur et ses manières charitables; si quelqu'une lui avait fait de la peine, on ne surprit jamais chez elle aucune marque de froideur, elle redoublait au contraire de prévenances et d'attention.

Résolution

Sainte Thérèse avait une idée tellement haute de la Charité (lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi) qu'elle arriva à surmonter des antipathies ou des impatiences.  N'avons-nous rien à faire en la matière ?