LA MÉDAILLE MIRACULEUSE ET LA CHARITÉ ENVERS LE PROCHAIN
S'il est une vertu que le Christ
nous ait recommandée d'une manière plus spéciale, en en faisant «son
commandement à lui », et « la marque à laquelle on reconnaîtrait ses disciples
», c'est bien la Charité. Or la charité est double; elle embrasse, dans un même
amour, Dieu et le prochain. Entre ces deux amours, il ne peut pas, il ne doit pas y avoir de cloisons étanches; ils se
compénètrent tellement, qu'on ne peut pas aimer Dieu si on n'aime pas ses frères,
et que pour aimer ces derniers, il nous faut absolument, tout d'abord, aimer
Dieu.
Au début du christianisme, les
fidèles avaient une telle charité les uns envers les autres, que les païens étonnés s'écriaient: « Voyez comme ils s'aiment ! »
Si ces mêmes païens revenaient
parmi nous, pourraient-ils dire la même chose? N'est-ce pas un égoïsme raffiné,
brutal, farouche, qui a remplacé sur terre la divine charité? La Foi disparaissant, comment la charité pourrait-elle fleurir? Chaque jour, en France,
devant les tribunaux, il y a une moyenne de 1 400 procès. Fraudes organisées,
attentats aux mœurs par les cinémas, les bals, les théâtres, les romans, les affiches
et les images, diffamations, scandales, jugements téméraires, médisances et calomnies,
vols, cambriolages, assassinats d'enfants surtout.
Il a fallu instituer des
tribunaux spéciaux pour l'enfance criminelle. Pourquoi tant de crimes ? C'est
que la charité s'est éteinte !
Grand Dieu, où allons-nous? Sans
doute, il en est encore de ces fiers et héroïques chrétiens qui savent
comprendre et vivre les paroles d'un Veuillot.
« Il faut chérir
les hommes sans espérer ni vouloir de récompenses terrestres, les aimer comme
soi-même, c'est-à-dire leur faire tout le bien qu'on se souhaite et leur
pardonner même les torts qu'on ne se pardonne pas à soi- même; être doux pour
les méchants, courir dans l'ombre et le silence après les misères à soulager,
s'asseoir au chevet déserté du pauvre, faire le bien et demander pardon à Dieu
de celui qu'on n'a pas pu faire ou que l'on a mal fait ! »
Tournons notre regard vers notre
chère Médaille. Elle saura édifier une digue assez puissante pour enrayer le
mal, et inspirer à ceux qui la porteront une charité si profonde, qu'elle sera,
selon le mot de saint Augustin sur la Sainte-Eucharistie, le « trait d'union de
la charité» entre tous les hommes.
La Médaille Miraculeuse, c'est de
l'Amour de Dieu en effigie et en action; elle est donc, en même temps, le pur
amour pour le prochain, puisque ces deux amours sont inséparables.
Marie nous tend maternellement
les bras; n'est-ce pas le geste de l'amour qui se donne et qui offre ses
tendresses? Ce globe qu'elle serre sur son cœur, n'est-ce pas le monde entier,
surtout le monde chrétien qu'elle voudrait inonder des rayons de sa bonté
miraculeuse ?
Ses mains tendues ne sont pas
vides, mais chargées des dons de l'amour vrai, c'est-à-dire des grâces divines,
secours spirituels et temporels dont nous pouvons avoir besoin.
La prière qu'elle met sur nos lèvres:
« Priez pour nous! », pour nous, au pluriel, comme Jésus nous apprit à dire « Pardonnez-nous,
donnez-nous », cette prière n'est-elle pas un acte d'amour mutuel, effectif et pratique,
un lien de charité fraternelle et un trait d'union entre les cœurs?
Et si nous regardons le « verso»
de la Médaille, là encore, quelles leçons de charité !
La lettre « M », qui signifie
Marie, ne nous rappelle-t-elle pas le nom si doux, si tendre, d'une Mère,
d'une Maman ?
La Croix qui surmonte cette lettre
ne nous dit-elle pas qu'un Dieu nous a aimés jusqu'à verser pour nous tout son sang, et que c'est ainsi que nous devons aimer nos frères « jusqu'à
la fin », comme
Jésus ?
Les douze étoiles, image rayonnante
des douze apôtres, ne nous chantent-elles pas, à leur manière d’être apôtres
nous aussi et, par conséquent, d’aimer nos frères en cherchant à leur donner
Dieu ?
Un cœur de Dieu, ce « Cœur qui a
tant aimé les hommes» ; un cœur de Mère, et de quelle Mère! Quel plus éloquent
symbole pourrions-nous désirer de l'amour qui doit s'exhaler de nous et se
déverser sur les autres? Voilà comment,
en un langage muet mais très fort, la petite Médaille nous enseigne la Charité envers le prochain.
Prière :
O Dieu qui êtes charité, ô Christ
qui nous avez commandé d'aimer nos frères, comme nous-mêmes et comme Vous nous avez
aimés, accordez-nous, par l'intercession de votre si douce Mère, de raviver en
nos cœurs les ardeurs divines de la charité! On ne peut être chrétien sans
cela! Faites, ô Marie, qu'en portant pieusement votre Médaille, nos regards s'arrêtent souvent sur
ces deux cœurs qui nous enseigneront à quel point Jésus et Vous, Vous nous avez
aimés ! C'est ainsi que nous serons vos enfants, ô Marie, et, surtout, les
enfants de ce Dieu pour l'amour de qui nous aimerons nos frères. Ainsi soit-il.
Extrait de : Le Messager de l’Immaculée
N°215 – Mars 2022