mardi 12 décembre 2017

DÉCEMBRE 2017

Soin et visite des malades


Témoignage de Sœur Lucie dans ses Mémoires II (p 19 à 21)
On venait souvent demander à ma mère de se rendre chez une personne malade. Maman laissait tout et partait en confiant ce qu'il y avait à faire à une de mes sœurs plus âgée qui était à la maison. 

Je me souviens d'un jour où marraine Teresa était chez nous, bavardant avec ma mère. Entra un petit garçon, fils de Ti Prazeres, qui habitait la maison voisine de la nôtre, sur le côté gauche en direction de Casa Velha. Il venait demander à maman de se rendre chez lui, car sa mère était malade. Maman se leva aussitôt pour y aller, mais marraine Teresa lui dit: 

- Ma fille, tu ruines ta santé en voulant ainsi soigner tout le monde. 

Ma mère répondit: 

- Ne vous en faites pas. J'aide les autres, et Dieu m'aide. 

Lorsqu'il lui arrivait d'être appelée pendant la nuit, c'était mon père qui se levait pour répondre, puis transmettait la commission à maman et, tandis qu'elle s'habillait, il allumait la lanterne pour qu'elle ne se heurte à rien en chemin.

Quand a sévi l'épidémie de pneumonie, en 1918, il n'y avait à la maison que mes parents, mon frère Manuel, ma sœur Gloria et moi. Il me semble que ma sœur Carolina était à Leiria. L'épidémie a frappé presque tout le monde. Ma mère et ma sœur Gloria allaient de maison en maison soigner les malades. Un jour, l'oncle Marto avertit mon père de ne pas laisser aller maman et ses filles chez les malades pour les soigner, car c'était une épidémie très contagieuse et nous pourrions aussi tomber malades. 

Le soir, quand mon père rentra à la maison, il défendit à ma mère et à ses filles d'aller soigner les malades chez eux. Maman écouta, en silence, tout ce que mon père disait et répondit après: 

- Ecoute, tu as raison. C'est exactement comme tu le dis. Mais, regarde, comment pouvons-nous laisser mourir tous ces gens sans qu'ils aient un verre d'eau? Le mieux serait que tu viennes avec moi pour constater l'état dans lequel se trouvent ces personnes et juger si nous pouvons les laisser à l'abandon. 

Et, montrant du doigt une grande marmite suspendue dans la cheminée au-dessus du foyer, elle dit: 

- Tu vois cette marmite ? Elle est remplie de poulets. Quelques-uns ne sont même pas à nous: je les ai rapportés de chez les malades, car les nôtres ne suffiraient pas pour tous. Ils sont en train de cuire pour faire du bouillon. J'ai déjà les petites marmites, qui leur appartiennent. Si tu voulais m'accompagner, tu m'aiderais à porter les paniers contenant les marmites de bouillon et, en même temps, tu verrais et nous déciderions comment il faut agir. 

Mon père accepta. Ils remplirent les marmites de bouillon et ils partirent tous les deux avec deux paniers, un dans chaque main. Peu après, mon père rentra avec un bébé dans son petit berceau et il dit à ma sœur Gloria et à moi-même:

- Prenez soin de ce petit. Ses parents sont tous les deux au lit avec la fièvre et ne peuvent s'occuper de lui. 

Il sortit de nouveau et peu après rentra avec deux enfants qui pouvaient déjà marcher, mais ne pouvaient se débrouiller seuls, et il dit: 

- Occupez-vous encore de ces deux petits: ils ne font que pleurer autour du lit de leurs parents qui ont la fièvre et ne peuvent s'occuper d'eux. 

Et ainsi, il en ramena plusieurs, je ne me rappelle pas combien. 

Le lendemain, on vint nous dire que, chez tante Olimpia, tout le monde était également au lit avec la fièvre. Mes parents y allèrent aussi pour les soigner. Ils les trouvèrent légèrement mieux, mais quatre d'entre eux demeuraient toujours avec une fièvre qui les minait petit à petit et l'un après l'autre. En peu d'années, il en mourut quatre: François, Jacinthe, Florinda  et Teresa. 

Pendant cette période, mes parents ne faisaient qu'aller de maison en maison pour soigner les malades. Mon père et mon frère Manuel s'occupaient également des bêtes qui, dans leurs étables, hurlaient de faim; ils devaient traire les vaches pour donner du lait aux malades et aux enfants. A ceux-ci, on donnait également des soupes de pain ramolli dans du bouillon; aux plus grands, quelques bouts de viande mélangés au bouillon, avec un peu de riz; la même chose aux malades qui allaient mieux. 

Les besoins étaient tellement grands que mes parents n'hésitèrent pas à me laisser aller pour quelques nuits chez une veuve qui vivait seule avec un fils tuberculeux au dernier degré; cette veuve pouvait ainsi se reposer, sachant qu'il y avait dans la maison une fille de 11 ans capable de donner à son fils un verre d'eau ou une tasse de bouillon et qu'il pouvait appeler en cas de besoin. Je ne me souviens pas du nom de la femme ni du fils, mais de leur maison qui était entre celle de tante Olimpia et celle des forgerons. Pour y entrer, on montait un escalier de pierre qui donnait sur la rue. Le jeune malade passait les nuits, assis dans son lit, appuyé contre les oreillers, sans pouvoir respirer. Quelquefois j'allais à la cuisine chercher l'éventail et je l'agitais devant son visage pour lui donner un peu d'air. Quand il me voyait là, il était tellement content qu'il prétendait mieux dormir ces nuits-là. 

On avertit aussi mon père qu'il était téméraire de me laisser aller dans cette maison à cause du danger de contagion. Mon père répondit: 

- Dieu ne me payera pas par le mal, le bien que je fais pour Lui. 

Et il en fut ainsi. Mon père avait raison d'avoir confiance, car j'ai presque 82 ans et je n'ai pas encore ressenti le moindre symptôme de cette maladie.



Résolution :

Rappelons-nous quelques unes des œuvres de miséricorde corporelle : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, visiter les infirmes ...  En ce temps de Noël, pensons à visiter ou soulager l'un ou l'autre malade. 

vendredi 3 novembre 2017

NOVEMBRE 2017

Le soulagement des âmes du Purgatoire


FONDEMENT ET EXCELLENCE DE CETTE CHARITÉ :


Saint Thomas énonce le principe de cette doctrine relative aux suffrages pour les morts en disant « Tous les fidèles en état de grâce sont unis par la charité et sont les membres d'un seul corps, celui de l’église. Or dans un organisme, chaque membre est aidé par les autres, et donc chaque chrétien peut être aidé par le mérite des autres. ( IV Sent., d. 45, q. 2, a 1. qua 2 et Suppl. q. 71, a. 1) « Sans doute, est-il dit ibid., seul Jésus-Christ constitué tête de l'humanité a pu mériter en justice pour nous, mais chaque juste peut aider son prochain par le mérite de convenance ( Ce mérite de convenance est fondé non pas sur la justice, mais sur la charité, qui nous unit à Dieu. En raison de notre charité il accorde un secours à ceux que nous aimons. Cf. Ia, IIae, q. 114, a, 6), les œuvres satisfactoires et la prière. 

Et ce qui est dit du prochain, est vrai des âmes du purgatoire, car elles appartiennent à l'Église souffrante. 

C'est un devoir de charité d'aimer Dieu, auteur de la grâce par dessus tout, et d'aimer comme soi-même les enfants de Dieu et ceux appelés à le devenir, tous ceux qui sont appelés à la même béatitude éternelle que nous. Or ces âmes souffrantes sont par la grâce sanctifiante, enfants de Dieu, et elles le sont pour toujours ; la Sainte Trinité habite en elles, Jésus vit en elles intimement. Nous devons donc les aimer comme notre prochain, d'autant que plusieurs sont de la même famille terrestre que nous, et nous avons des devoirs spéciaux de charité envers les âmes de nos parents défunts. 

Cette charité doit s'exercer d'autant plus que ces âmes souffrantes ne peuvent plus rien faire pour elles-mêmes : elles ne peuvent plus mériter, ni satisfaire, ni recevoir les sacrements, ni gagner des indulgences ; elles ne peuvent qu'accepter et offrir leur souffrance ou satispassion. Et alors il convient grandement de les aider


Il faut en outre remarquer avec le P. Faber (Tout Pour Jésus, ch. 9 du Purgatoire, 2.) , qu'en travaillant pour ces âmes souffrantes, on travaille à coup sûr, car elles seront sûrement sauvées ; ce qu'on fait pour elles n'est jamais perdu. 

Enfin la charité exercée à leur égard est excellente, car elle contribue à donner à Dieu des âmes qu'Il attire à Lui, et à obtenir à ces âmes le plus grand de tous les dons : Dieu vu face à face ; à leur obtenir plus vite l'éternelle béatitude. En même temps s'accroît la joie accidentelle de Notre-Seigneur, de sa Sainte Mère et des Saints.

Extraits de : L'éternelle vie et la profondeur de l'âme (R.P. Garrigou-Lagrange)

Exemple : 


Le trait suivant, qui m’a paru singulièrement touchant est emprunté à l’abbé Postel, traducteur de Rossignoli. Je le cite, bien qu’il soit tout à fait moderne, sur la foi de et auteur estimé. (Merveilles du purgatoire.) 

Ce trait paraît être arrive à Paris en 7. 

Une pauvre servante, élevée chrétiennement dans son village, avait adopté la sainte pratique de faire dire, chaque mois, sur ses modiques épargnes, une messe pour les âmes souffrantes. 

Amenée avec ses maîtres à Paris, elle n’y manqua pas une seule fois. Se faisant d’ailleurs une loi d’assister elle-même au divin sacrifice, et d’unir ses prières à celles du prêtre, spécialement en faveur de l’âme dont l’expiation n’avait plus besoin que de quelque chose pour être achevée. C’était sa demande ordinaire. Dieu l’éprouva bientôt par une longue maladie, qui non seulement la fit cruellement souffrir, mais lui fit également perdre sa place, et épuiser ses dernières ressources. Le jour où elle put sortir de l’hospice, il ne lui restait plus que vingt sous pour tout argent. Après avoir fait au Ciel une prière pleine de confiance, elle se mit en quête d’une condition. On lui avait parlé d’un bureau de placement, à l’autre bout de la ville. Elle s’y rendait, lorsque l’église Sainte-Eustache se trouvant sur sa route, elle y entra. La vue d’un prêtre à l’autel lui rappela qu’elle avait manqué ce mois-là, à sa messe ordinaire des défunts, et que ce jour était précisément celui où depuis des années elle s’était procuré cette consolation. Mais comment faire ? Si elle se dessaisit de son dernier franc, il ne lui restera pas même de quoi apaiser sa faim. Ce fut un combat entre sa dévotion et la prudence humaine. La dévotion l’emporta : « Après tout, se dit-elle, le bon Dieu voit bien que c’est pour lui. Il ne saurait m’abandonner. » 

Elle entre à la sacristie, remet son offrande, puis assiste avec sa ferveur accoutumée à cette messe. 

Elle continuait sa route quelques instants après, pleine d’une inquiétude que l’on comprend. Dénuée de tout, que faire si un emploi lui manque ? Elle était dans ses pensées, quand un jeune homme pâle, d’une taille élancée, d’un air distingué, s’approche d’elle et lui dit : « Vous cherchez une place ? » 

« Oui, Monsieur » 

« Eh bien, allez à telle rue, tel numéro chez madame…. je crois que vous lui conviendrez et que vous serez bien là ! » Et il disparaît dans la foule des passants, sans attendre les remerciements de la pauvre fille. 

Elle se fait indiquer la rue, arrive au numéro, et monte à l’appartement qu’on lui désigne. Sur le palier, une domestique en sortait, un paquet sous le bras et murmurant des paroles de plainte et de colère. « Madame y est-elle ? », demande la nouvelle venue. « Peut-être oui, peut-être non, répond l’autre. Que m’importe ? Madame ouvrira elle-même si cela lui convient. Je n’ai plus à m’en mêler, adieu ! » 

Et elle descend, et notre pauvre fille sonne en tremblant, et une voix douce lui dit d’entrer. Elle se trouve en face d’une dame âgée, d’un aspect vénérable qui l’encourage à exposer sa demande. 

« Madame, dit la servante, j’ai appris que vous aviez besoin d’une femme de chambre, et je viens m’offrir à vous. On m’a assuré que vous m’accueilleriez avec bonté. » 

« Mais ma chère enfant, ce que vous dites là est bien extraordinaire. Ce matin, je n’avais absolument besoin de personne. Depuis une demi-heure seulement, j’ai chassé une insolente domestique, et il n’est personne au monde, hormis elle et moi, qui le sache encore ! Qui donc vous envoie ?» « C’est un Monsieur que j’ai rencontré dans la rue, qui m’a arrêtée pour cela, et j’en bénis Dieu car il faut absolument que je sois placée aujourd’hui, il ne me reste pas un sou ! » 

La vieille dame ne pouvait comprendre qui était ce personnage et se perdait en conjectures, lorsque la servante, levant les yeux au-dessus d’un meuble du petit salon, aperçut un portrait. « Tenez Madame, dit-elle aussitôt, ne cherchez pas plus longtemps, voilà exactement la figure du jeune homme qui m’a parlé, c’est de sa part que je viens ! » 

A ces mots, la dame pousse un grand cri, et semble prête à perdre connaissance. Elle se fait redire toute cette histoire, celle de la dévotion aux âmes du purgatoire, de la messe du matin, de la rencontre de l’étranger, puis se jetant au cou de la pauvre fille, elle l’embrasse avec effusion. « Vous ne serez point ma servante. Dès cet instant, je vous regarde comme mon enfant. C’est mon fils, mon fils unique que vous avez vu, mon fils mort depuis deux ans qui vous a dû sa délivrance, je n’en puis douter, et à qui Dieu a permis de vous envoyer ici. Soyez donc bénie, et désormais nous prierons ensemble pour tous ceux qui souffrent avant d’entrer dans la bienheureuse éternité. »

Extraits de : Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints (Abbé Louvet )

Résolution

Quels sacrifices ferons-nous en ce mois spécialement consacré aux défunts pour soulager les âmes du purgatoire ?

jeudi 7 septembre 2017

SEPTEMBRE 2017

L'esprit de pauvreté


On connaît l'éloge que le vicaire Joseph Sarto prononça de la signorita Elisabeth Viani, grande dame très humble, grande riche très aumônière, bienfaitrice de Tombolo (...) C'est une fort belle chose, cette oraison funèbre, en ceci notamment que le vicaire pauvre, fils de pauvres, louait la richesse chrétiennement employée, l'élevait à la haute dignité que l’Évangile reconnaît à la pauvreté, et déclarait que la première béatitude du sermon sur la Montagne, « Heureux les pauvres... » a été proclamée, par le Christ, pour les riches qui savent être pauvres.

« Je n'entends pas, disait-il, louer cette nécessaire et inévitable nécessité de la vie à laquelle sont condamnés ceux qui naquirent de familles sans ressources, et manquent de moyens pour améliorer leur condition, car, pour mériter l'éloge, ils doivent patiemment, transformer en vertu leur misère. Je n'appelle pas non plus vrais pauvres ceux qui, habillés en haillons, et vivant de mendicité, errent dans nos pays, parce que la plupart du temps, sous les apparences de la pauvreté, ils cachent une richesse de désirs : mais, selon la loi d'esprit et de vérité, j'appelle pauvre celui qui, même comblé de richesses, renoncent moralement, de cœur et de volonté, à tout le bien que la terre peut lui offrir. »

 (Pie X par René Bazin p 41,42)

Nous pourrions citer nombre d'exemples de la vie de ce saint où lui-même pratiquait cet esprit de pauvreté en faisant la Charité ... au grand désespoir de ses sœurs! Relisons bien vite une biographie de ce saint pour nous rafraîchir la mémoire.

Résolution

Examinons-nous sur la manière dont nous vivons ce véritable esprit de pauvreté (qui permet bien souvent de pratiquer la Charité autour de nous)

vendredi 11 août 2017

AOÛT 2017

Pratique de l'indulgence

L’esprit de dureté porte à juger sévèrement le prochain et à le condamner impitoyablement. Sentence conforme peut-être à la vérité et à la justice, mais qui franchement manque de mansuétude. Les moindres faux-pas sont relevés et soulignés avec aigreur. Devant les défauts corporels, les déficiences intellectuelles, les fautes morales, la critique s’exerce, acerbe jusqu’à la cruauté. Si encore ces redresseurs de torts et incorruptibles justiciers voulaient bien admettre certaines excuses et reconnaître quelques circonstances atténuantes ! Loin d’exciter la pitié, la misère d’autrui ne fait chez eux que provoquer l’irritation et le mépris.

Au lieu de voiler certaines plaies douloureuses ou honteuses, il semblerait qu’on se fait un malin plaisir de les mettre à nu et de les débrider.

Partout il se rencontre des tempéraments difficiles, ombrageux, susceptibles, des caractères acariâtres, grossiers, exigeants. Beaucoup s’en plaignent amèrement, sans aménité. Quant à la miséricorde, elle se contente de les plaindre gentiment de les supporter. Portare onerosos et graves.

A cette dureté de pensée, de parole et d’attitude à l’égard de la masse incroyante, communisante, païenne, ne serions-nous pas facilement exposés, nous les privilégiés de la grâce : catholiques, religieux, prêtres ?

Les englobant tous dans un jugement sommaire et sans appel, nous les taxons volontiers de mauvaise foi, de secta­risme, d’impiété, alors que beaucoup d’entre eux ne sont que de pauvres égarés, que la misère a aigris et que l’infor­tune a révoltés. Nés comme eux de parents, parfois indignes et tarés, élevés sans foi ni moralité, jetés sans défense dans une société corrompue, que serions-nous devenus nous-mêmes ? Intransigeants quand il s’agit des droits de la vérité, ne pourrions-nous user de miséricorde vis-à-vis des personnes, dont beaucoup sont plus dignes de pitié que d’exécration. Au demeurant, qu’avons-nous fait pour les éclairer et les ramener au bercail ?

« Commencer, selon le conseil de Pascal, par plaindre les incrédules ; ils sont assez malheureux par leur condition. Il ne les faudrait injurier qu’en cas que cela servit, mais cela leur nuit. » « Vous qui êtes dans l’Église, n’insultez point ceux qui sont au dehors, mais priez plutôt, afin qu’ils viennent vous y rejoindre1. »

Facilement, si on n’y veille, l’esprit de dureté dégénère en aversion, laquelle se traduit dans l’attitude et toute la conduite. Alors que la charité rapproche, unit et que la miséricorde s’incline et s’épanche, l’esprit d’aversion éloigne, sépare, ferme le cœur et le durcit. Il fait prendre en grippe les frères disgraciés ou coupables. On ne peut plus les voir, dit-on, tellement ils sont insociables ou rebutants. On va donc éviter leur présence, fuir leur compagnie et se réserver de les aimer à distance.

Mais alors, de quel œil et avec quelle tristesse, verront-ils cette « excommunication », tous ses malheureux, qui bien souvent, conscients de leurs déficiences et misères, sont les premiers à en souffrir ? Seraient-ils donc des lépreux à tenir à l’écart de la société ? De tels sentiments d’aversion, si on n’y veille, ne peuvent conduire qu’à la malveillance et à la haine.

A cet esprit d’indifférence, de dureté, d’aversion, la jeunesse est plus particulièrement exposée. C’est que l’exercice de la miséricorde exige, avec pas mal de sagesse et de lumières sur la misère humaine, une certaine expérience de la souffrance et de la vie.

Pour s’apitoyer, il faut avoir soi-même souffert. Qui a expérimenté combien il est doux et consolant de rencontrer sur son chemin une âme bonne qui, prenant part à nos peines, nous encourage, nous relève, celui-là sera porté lui aussi à rendre à l’occasion le même service de charité.

« On a le cœur ouvert à la pitié, dit Aristote, quand on se croit exposé à souffrir, quand on est vieux, parce que l’âge nous a appris à réfléchir sur les choses et nous a donné une rude expérience, quand on est éclairé parce qu’alors on voit juste. »

Toutes qualités assez rares chez les jeunes et dont l’absence leur vaut parfois la réputation d’être sans cœur et sans pitié.

Et ne serait-ce point pour ce motif encore que certains confessionnaux sont si achalandés ? On y rencontre quelque bon vieux père qui en a tant entendu, qui a tant pardonné et qui sait bien, peut-être un peu aussi par expérience personnelle, ce que c’est que la pauvre humanité !

R.P. Colin (Aimons nos frères, p 365-367)
 
Sur ce même sujet, nous ne pouvons que vous recommander ce sermon de M. l'abbé Salenave
 

 Résolution

Chaque soir, examinons-nous sur notre manière de considérer ou de parler des pécheurs (ou de ceux que nous considérons comme tels) ... 

samedi 1 juillet 2017

JUILLET 2017


La Foi, colonne vertébrale de la Charité



 

Résolution

 Comme Mgr Williamson nous le conseille, supportons paisiblement ce que nous ne pouvons changer. Et surtout, ne méprisons pas nos semblables;  ayons de la compassion , ce qui n'est pas la mollesse ou la faiblesse en doctrine car la Foi est la colonne vertébrale de la Charité.

dimanche 4 juin 2017

JUIN 2017

En ce mois de juin, il nous est tout indiqué de remonter à la source de la Charité dans le Sacré-Cœur de Notre-Seigneur, afin de pouvoir ensuite rayonner cette charité dans nos familles, nos communautés, nos "bastions".

Laissons parler le R.P. Kergousin qui, dans son livre "Vers un Ciel plus beau", nous présente la dévotion au Sacré-Cœur comme moyen d'accroître en nous la Charité.

La dévotion au Sacré-Cœur




Parmi les moyens propres à faire naître et grandir en nous la charité parfaite, la dévotion au Sacré-Cœur est au premier rang. Pratiquée comme elle doit l'être, elle produit infailliblement la charité, et non pas une charité quelconque, mais une charité très fervente et très intense. Notre-Seigneur nous en a fait la promesse. « Je te promets, disait-il à sainte Marguerite-Marie, que mon cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur tous ceux qui l'honoreront. La dévotion à mon cœur fera naître mon amour dans le cœur des plus insensibles et embrasera celui des moins fervents. Publie partout, inspire, recommande cette dévotion comme un moyen très sûr d'obtenir de moi un véritable amour de Dieu, comme une dévotion des plus propres à obtenir un amour très ardent et très tendre pour moi, et pour arriver en peu de temps, et d'une manière fort aisée, à la plus sublime perfection. »

Cette promesse, Jésus ne peut manquer de la réaliser, et il la réalise toujours en faveur de ceux qui sont vraiment dévots à son Sacré-Cœur.


Quand il montrait à sainte Marguerite-Marie son cœur passionné d'amour pour les hommes et incapable de contenir plus longtemps en lui-même les flammes de l'ardente charité qui le dévorait, il voulait, en nous révélant son amour, provoquer, de notre part, un retour d'amour pour lui. « Si tu savais, dit-il à sa confidente, combien je suis altéré de me faire aimer des hommes, tu n'épargnerais rien pour cela. J'ai soif! Je brûle du désir d'être aimé! »
 

« Jésus, dit sainte Marguerite-Marie, régnera malgré ses ennemis et se rendra le maître et le possesseur de nos cœurs, car c'est sa principale fin, dans cette dévotion, que de convertir les cœurs à l'amour. » « Il me fit voir que l'ardent désir qu'il avait d'être aimé des hommes lui avait fait former ce dessein de manifester son cœur aux hommes, avec tous les trésors d'amour, de miséricorde, de grâce, de sanctification et de salut qu'il contenait, afin que tous les cœurs qui voudraient lui rendre et lui procurer tout l'honneur, l'amour et la gloire qui seraient en leur pouvoir, il les enrichît avec abondance et profusion de ses divins trésors du cœur de Dieu, qui en était la source. Cette dévotion, disait-il, était comme un dernier effort de son amour, lequel il voulait établir dans le cœur de tous ceux qui voudraient embrasser cette dévotion. »




Non seulement Jésus provoque notre amour, en nous révélant l'amour de son cœur, mais il a le pouvoir de créer tous les jours davantage en nous la divine charité; ce pouvoir, il ne demande qu'à l'exercer, et il l'exerce effectivement dans la mesure où notre liberté le lui permet. « Son amour, dit sainte Marguerite-Marie, le presse de départir les trésors inépuisables de ses grâces sanctifiantes et salutaires dans les âmes de bonne volonté, cherchant des cœurs vides pour les remplir de la suave onction de son ardente charité, pour les consumer et les transformer en lui. » « Il a un si grand désir d'être connu, aimé et honoré des hommes, dans le cœur desquels il a tant de désir d'installer par ce moyen l'empire de son pur amour, qu'il promet de grandes récompenses à tous ceux qui s'emploieront à le faire régner. » « Que ne puis-je raconter tout ce que je sais de cette aimable dévotion et découvrir à toute la terre les trésors de grâces que Jésus-Christ renferme dans ce cœur adorable, et qu'il a dessein de répandre avec profusion sur tous ceux qui la pratiqueront! Les trésors de bénédiction et de grâces que ce Sacré-Cœur renferme sont infinies. Je ne sache pas qu'il n'y ait nul exercice de dévotion dans la vie spirituelle qui soit plus propre à élever en peu de temps une âme à la plus haute perfection et à lui faire goûter les véritables douceurs qu'on trouve au service de Jésus- Christ. Oui, je le dis avec assurance, si l'on savait combien cette dévotion est agréable à Jésus-Christ, il n'est pas un chrétien, pour peu d'amour qu'il ait pour cet aimable Sauveur, qui ne la pratiquât d'abord. Faites en sorte que les personnes religieuses l'embrassent; car elles en retireront tant de secours qu'il ne faudrait point d'autre moyen pour rétablir la première ferveur et la plus exacte régularité dans les communautés les moins réglées, et pour porter au comble de la perfection celles qui vivent dans la plus exacte régularité. » II ne faut que l'aimer, ce Saint des saints, pour devenir saint. Qui nous empêche donc de l'être, puisque nous avons un cœur pour aimer et un corps pour souffrir? »
 

Saint Jean l’Évangéliste parlant à sainte Gertrude de la révélation du Sacré-Cœur, lui disait qu'elle était faite « afin qu'en entendant ces mystères le monde à son déclin reprenne quelque chaleur et se réveille de la torpeur où le plonge l'oubli de l'amour de Dieu. »
 

« Je suis venu apporter le feu sur la terre, nous a dit Jésus lui-même, et qu'est-ce que je veux, sinon qu'il s'allume? » C'est afin que ce feu de la divine charité s'allume dans tous les cœurs et les embrase, que Jésus nous a offert, en nous présentant son cœur, le précieux don de son amour; c'est le don qu'il désire le plus vivement nous communiquer. « Jésus n'a rien de plus à cœur que d'allumer dans le cœur des hommes la flamme d'amour dont son propre cœur était embrasé. Pour mieux réussir, il a voulu que s'établit et se propageât dans l’Église le culte de son très saint Cœur (1). » « Jésus n'a pas de plus ardent désir que de voir allumer dans les âmes le feu de l'amour dont son propre cœur est dévoré. Allons donc à Celui qui ne nous demande, comme prix de sa charité, que la réciprocité de l'amour (2). »




Oui, allons à Jésus avec confiance et pratiquons, aussi parfaitement que possible, cette admirable dévotion à son Sacré-Cœur. Ce cœur est le foyer de l'amour divin; à son contact, notre propre cœur s'enflammera et s'embrasera, selon la promesse que Jésus nous en a faite, de l'amour le plus pur et le plus tendre pour cet aimable Sauveur. Rien de plus conforme à la réalité que cette douce invitation mise par le Bienheureux de Montfort sur les lèvres de Jésus :
 

Veux-tu brûler à ton aise?
Jette-toi vite dans mon cœur.
C'est un feu, c'est une fournaise,
Ou plutôt c'est l'amour vainqueur.

Oui, car ce cœur est toujours brûlant du feu de l'Esprit-Saint, et il transforme en soi tous ceux qui s'y réfugient pour y chercher la charité. C'est pourquoi, « très doux Seigneur, source des joies intimes, laissez-moi pénétrer, par l'ouverture de votre sacré côté, dans le sanctuaire de votre cœur très aimant et très aimable, pour prendre le breuvage de l'amour à cette source sacrée, afin que mon cœur s'unisse à votre cœur dans un amour indestructible, qu'il s'enflamme d'amour pour vous, que ma volonté s'unisse à votre volonté, que je ne veuille jamais rien, que je ne puisse jamais rien vouloir que ce qui vous plaît, que vous demeuriez en moi et moi en vous, et que cette union subsiste éternellement! Que je vous aime donc, ô cœur de Jésus, mon Dieu, que je vous aime de tout mon cœur, toujours, en tout et par-dessus tout, dans le temps et dans l'éternité! Amen! (3) »

Tel est l'amour que produit la dévotion au Sacré-Coeur.

(1) Pie IX, Bref de Béatification de Marguerite-Marie.
(2) Encyclique 1893.
(3) Pharetra divini amoris, ch. I, Exercitium ad piissimum cor Jesu.



mercredi 3 mai 2017

MAI 2017



Savoir s'oublier




“une dame plus brillante que le soleil”.

 « Nous étions en train de jouer, François, Jacinthe et moi, en haut de la pente de la Cova da Iria, à construire un mur autour d’un buisson, quand soudain nous vîmes comme un éclair.
              Il vaut mieux retourner à la maison, dis-je à mes cousins, car voici des éclairs, il pourrait venir de l’orage.
              Oh oui !
Et nous commençâmes à descendre la pente, poussant les brebis en direction de la route. En arrivant plus ou moins à la moitié de la pente, à peu près à la hauteur d’un grand chêne-vert qui se trouvait là, nous vîmes un autre éclair et, après avoir fait encore quelques pas, nous vîmes, sur un petit chêne-vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent. »
« Nous nous arrêtâmes surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins.
Alors Notre-Dame nous dit :
              N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal
              D’où vient Votre Grâce ? lui demandai-je.
              Je suis du Ciel.

LE RENDEZ-VOUS CÉLESTE.

              Et que veut de moi Votre Grâce ?
              Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois de suite, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Après, je reviendrai encore ici une septième fois.

LA VOCATION DU CIEL.

              Et moi aussi, est-ce que j’irai au Ciel ?
              Oui, tu iras.
              Et Jacinthe ?
              Aussi.
              Et François ?
              Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets.
Je me souvins alors de poser une question au sujet de deux jeunes filles qui étaient mortes depuis peu. Elles étaient mes amies et elles venaient à la maison apprendre à tisser avec ma sœur aînée.
              Est-ce que Maria das Neves est déjà au Ciel ?
              Oui, elle y est
Il me semble qu'elle devait avoir environ seize ans.
-          -      Et Amélia ?
              Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde.
Il me semble qu’elle devait avoir entre dix-huit et vingt ans.

la vocation de la souffrance .

              Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souf­frances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
              Oui, nous le voulons.
              Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.

la vision en dieu. 

« C’est en prononçant ces dernières paroles (la grâce de Dieu, etc.) que Notre-Dame ouvrit les mains pour la première fois, et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elles, une lumière si intense que, pénétrant notre cœur et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette lumière, plus clairement que nous nous voyons dans le meilleur des miroirs.
« Alors, par une impulsion intérieure qui nous était communiquée, nous tombâmes à genoux et nous répétions intérieurement: “Ô, Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le très Saint-Sacrement. ” »

“REGINA PACIS”.

 « Les premiers moments passés, Notre-Dame ajouta :
              Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre.
              Pouvez-vous me dire si la guerre durera encore longtemps, ou si elle va bientôt finir?
              Je ne puis te le dire encore, tant que je ne t’ai pas dit aussi ce que je veux. »

le ciel S’entrouvre. 

« Ensuite, Elle commença à s’élever doucement, en direction du levant, jusqu’à disparaître dans l’immensité du ciel. La lumière qui l’environnait semblait lui ouvrir un chemin entre les astres, ce qui nous a fait dire quelquefois que nous avions vu s’ouvrir le ciel. »

Résolution 

Lucie, lors de sa conversation avec Notre-Dame, s'oublie bien vite pour penser aux autres.  A son exemple, n'attendons pas qu'on nous demande un service avant de le rendre; oublions-nous en étant  attentif aux autres.



samedi 1 avril 2017

Avril 2017



Sans la joie, pas de Charité !





(Extrait de : Traité de la Joie de l’âme chrétienne du Père de LOMBEZ)

La joie est nécessaire à l’homme

    Oui, la joie n’est pas seulement utile, mais encore très nécessaire à l’homme. Comment pourrait-il, sans elle, supporter toute la vie les travaux de la pénitence, vivre dans la solitude, s’il y est appelé, soutenir une guerre continuelle contre les ennemis de son salut ? Comment pourrait-il vivre en paix avec les hommes ? Comment pourrait-il rendre à son prochain les services auxquels la charité l’oblige, et les lui rendre d’une manière à adoucir ses peines et à faire naître dans son cœur des sentiments d’une charité réciproque ? Comment remplirait-il le précepte de saint Paul, qui ordonne d’exercer d’un air joyeux, les œuvres de miséricorde. La joie donne de l’agrément à tout ce qu’on dit, et à tout ce qu’on fait, au lieu que l’amertume du cœur rend tout insipide et ôte presque tout le prix aux plus grands services. Elle gâte le caractère, obscurcit les talents et défigure même l’homme le plus aimable d’ailleurs. Ne m’appelez plus Noémi, c’est-à-dire Belle, disait une sainte femme, mais appelez-moi Mara : car j’ai le cœur plein d’amertume.

   Mettez un homme aux prises avec la mauvaise fortune, et ôtez-lui la joie, vous le jetez dans le dernier malheur, et vous le conduirez peut-être à l’abîme du désespoir. C’est un Antiochus qui perd le sommeil, qui sèche et qui dépérit. Rendez la joie à cet homme, ses idées changent avec la disposition de son cœur. Il considère la brièveté de la vie, le mérite de sa patience, la récompense éternelle que Dieu lui a promise.  C’est un Job qui, tombé du faîte de la fortune, est content et bénit Dieu sur son fumier.

   Ames pieuses, votre vertu m’édifie et je compatis aux terribles sensations que vous devez nécessairement éprouver et que vous éprouvez en effet. Vous avez dû vous préparer ; ces épreuves, lorsque vous êtes entrées au service de Dieu.

   Fili, accedens ad servitutem Dei, sta [...]  et prœpara animant tuam ad tentationem.

   Et déjà vous avez reconnu que la ferme résolution et la confiance en Dieu, avec la joie qu’elles font naître dans le cœur, vous remplissent de force dans les plus violentes secousses de la tempête. Je vous vois dans un nuage épais, qui forme une nuit dans le milieu du jour, tantôt élevées jusqu’aux cieux, tantôt abaissées jusque dans les abîmes, par les différentes impressions des orages et des vents ; tantôt poussées vers le port ; tantôt rejetées par les vagues ; mais votre sérénité et le calme de votre âme déconcertent vos ennemis ; et, la tempête apaisée, vous jouissez d’un repos tout divin. Je vous vois quelquefois craindre, hésiter, trembler, et à ce moment enfoncées dans les eaux ; mais dès que Jésus-Christ parle, et que la joie revient avec la confiance, je vous vois, comme le Prince des apôtres, marcher à pied ferme sur les vagues des tentations soulevées par vos ennemis.

   Rien de plus affligeant qu’une longue et fâcheuse maladie, qui nous sépare des hommes, nous interdit tous les plaisirs ; joint l’amertume des remèdes à l’aigreur du mal, et ne nous laisse aucun soulagement à de cuisantes et continuelles douleurs. C’est l’état, sans doute, le plus capable de nous faire perdre la joie, qui ne nous fut cependant jamais plus nécessaire. Si le noir chagrin s’emparait de cet homme, dévoré par la cruelle maladie, que n’y aurait-il pas à craindre pour sa vie et pour son salut ? Mais vous, mon Dieu, qui êtes tout proche des âmes affligées pour les consoler dès qu’elles se tournent vers vous, vous faites luire à propos un rayon de votre lumière dans ce cœur, et la joie revient, et il est content au milieu des souffrances. C’est un Ezéchias qui adore votre conduite et qui baise tendrement votre main sur le lit de sa douleur.


   S’agira-t-il de consoler une personne affligée, c’est une des plus grandes fonctions de la charité : mais comment pourrons-nous remplir ce devoir, si nous sommes affligés nous-mêmes ? On n’inspire aux autres que les sentiments dont on est pénétré. Le cœur parle au cœur comme la langue à l’oreille et l’esprit à l’esprit. L’abord d’une personne sérieuse et morne glace même les cœurs dilatés par la joie, bien loin de pouvoir bannir la tristesse. Je veux bien que vous pleuriez avec ceux qui pleurent, comme saint Paul vous y exhorte, et que par conséquent votre joie soit tempérée par votre compassion. Vous offenseriez la personne affligée, si vous ne lui montriez que de la gaieté ; mais il faut que, de même que le soleil dissipe peu à peu le nuage qui le couvrait et ramène d’abord une sérénité qui réjouit, et bientôt après une chaleur qui ranime, ainsi la joie, renfermée dans votre cœur, perçant insensiblement le voile de deuil qui le couvre, porte d’abord la lumière dans l’esprit de l’homme affligé, et ensuite la douce paix dans son cœur.

   La tristesse trouble l’esprit et affaiblit le jugement; elle nous rend soupçonneux, ombrageux, timides, incapables de conduire les autres et plus encore de nous conduire nous-mêmes.



Résolution

    Par plusieurs actes intérieurs de joie chaque jour, nous tâcherons de nous maintenir dans cette joie si nécessaire pour pratiquer la Charité.