mercredi 7 décembre 2022

Décembre 2022

 « Paix aux hommes de bonne volonté »


C'est une chose étonnante, en vérité, que la charité, vertu si précieuse, et la paix qui en découle, soient si peu estimées, et que, pour de légers motifs, on leur porte, à chaque instant, si aisément et si grossièrement atteinte. Voyez ! dans les communautés, dans les familles, dans n'importe quelle association civile ou religieuse, que de brèches on fait, à toute occasion, à la paix et à la charité : et, si vous considérez les raisons qui donnent le plus souvent naissance aux discussions, aux contestations, aux chicanes, aux petites haines, aux rancunes, vous trouverez qu'elles proviennent de causes minimes, de manières de voir différentes, de susceptibilités et de bagatelles qui ne méritent pas d'arrêter l'attention. Néanmoins, ces inepties, comme s'il s'agissait d'intérêts d'état les plus graves, suffisent à entretenir, dans les familles, des guerres continuelles. Est-il possible que la raison humaine et l'esprit chrétien ne prennent pas garde à une si grossière erreur et n'en fassent pas justice !

Il faut reconnaître, il est vrai, que ces dissensions ne sont souvent que le fruit de l'inadvertance; j'admets aussi que ce ne sont ordinairement que de légère colères, de petites aversions, des conflits de langue  et non d'épée, et que l'animosité ne va pas jusqu'aux vengeances extrêmes et scandaleuses. Mais, à force d'en répéter les actes, on prend la mauvaise habitude du vice, en même temps que l'âme perd peu à peu l'habitude de la vertu. En manquant de cette manière à la charité, on se fait une conscience large et aveugle, pour laquelle les poutres ne sont plus que des fétus de paille. On arrive ainsi à la mort, et, à ce moment suprême, on se trouve dans l'inquiétude et la désolation.

Le Paradis est, en effet comme une cité close dont la paix forme les murs d'enceinte, selon la vision et les paroles du prophète: Il a placé la paix pour former tes frontières (Ps 147,14). Comment, alors, et par quel côté pourra y entrer une âme, qui n'a point aimé la paix avec ses semblables?

Saint Augustin, méditant sur le texte que nous venons de citer, nous exhorte à en peser la valeur: Mes frères, dit-il, nous devons être pénétrés d'une grande crainte, en considérant ces redoutables paroles du Saint-Esprit: Il a placé la paix pour former tes frontières. Ces portes bienheureuses sont toutes faites de paix, et elles seront fermées de tous les côtés à quiconque ne portera pas les livrées de la paix: Celui qui n'aura pas eu, envers les bons et les méchants, cette paix et cette charité, commandées par Jésus-Christ, trouvera ces portes closes et fermées (Sermon 168).

P.Gaëtan-Marie de Bergame

La Charité Fraternelle (p 111, 112)

 Résolution:

Pour ces fêtes de Noël qui approchent, nous tâcherons de correspondre activement à ce souhait des Anges, dans nos familles et communautés ! 

jeudi 10 novembre 2022

Novembre 2022

CHARITE SURNATURELLE ET NOBLESSE HUMAINE


 


Dans l'hymne de Saint-Paul à la Charité il est deux vérités particulièrement importantes qui apparaissent entre beaucoup d'autres à celui qui lit attentivement.

D'abord la charité surnaturelle suppose la noblesse naturelle du caractère ou du moins elle la suscite lorsqu'elle ne l'a pas trouvée. Loin de pouvoir se passer des dispositions naturelles de générosité et de sens du risque, elle les requiert et au besoin elle les fait naître.

Ensuite, si la Charité adopte souvent une attitude passive ce n'est point parce qu'elle serait tiède et molle, ce qui est impensable, mais parce que dans son excès de générosité elle prend sur soi, elle supporte la peine du péché lorsqu'il ne reste plus d'autre moyen de le combattre. Sa passivité est au-delà de l'action et non pas en-deçà ; de même que le silence de Jésus devant le Sanhédrin est au-delà de ses imprécations aux pharisiens et non en-deçà.

En commentant les versets de Saint Paul nous verrons mieux la qualité si particulière de la passivité dans la charité surnaturelle en même temps que son exigence de noblesse.

Celui qui aime est patient, non parce qu'il ne sent pas le mal et qu'il s'y trouve indifférent; mais, parce que, dans sa lutte contre le péché, il consent à souffrir et à supporter autant qu'il sera nécessaire pour la guérison du pécheur. Celui qui aime est bon, non qu'il ne sache s'opposer quand il faut; mais il sait résister sans devenir mauvais; il est capable de refuser sans se durcir. Celui qui aime ignore l'envie ; certes il désire ardemment de bien faire; il est sensible à l'émulation du bien; mais il ne se plaint pas; tout au contraire il se réjouit de ce que d'autres fassent mieux. Celui qui aime n'agit pas à tort et à travers; non qu'il se soit retiré forcément de l'action et qu'il ménage sa tranquillité; mais son goût de l'action est assez brûlant et purifié pour être devenu sage et avoir perdu sa fièvre. Celui qui aime ne cherche pas son intérêt, non qu'il se désintéresse de l'issue de ses entreprises, mais il se désintéresse de son égoïsme. Celui qui aime ne s'irrite pas; il ne se laisse pas aller à cette colère qui éclate au niveau de l'amour propre et de la vanité; il est serein; pourtant cette sérénité de l'amour peut s'échapper en colères foudroyantes lorsqu'il n'est plus d'autres moyens de tirer les pécheurs de leur endurcissement mortel ou de soustraire aux entreprises des méchants les faibles et les petits.

Celui qui aime consent à porter sur soi le poids du péché du monde, en union avec le Sauveur Crucifié. Qui ne comprendrait que cette passivité suppose une générosité excessive et une flamme brûlante dans le cœur ? Jamais le Fils de Dieu fait homme n'aurait pris nos péchés sur la Croix si son amour pour nous n'avait été ardent comme du feu. Il en est de même de son disciple s'il a vraiment la charité.

R.P.Calmel



Résolution :

Pour que croisse notre Charité, nous devons développer « la qualité si particulière de la passivité dans la charité surnaturelle en même temps que son exigence de noblesse ». Cela demande des efforts !


mercredi 14 septembre 2022

Septembre 2022

La Charité dans la soumission au réel


 

Nous avons montré comment l'idéalisme, lié indissolublement à l'orgueil de l'esprit, est la source de toutes les erreurs et déviations du monde moderne et comment il a déformé la mentalité et la structure psychologique de la plupart de nos contemporains. Les catholiques vivant dans le monde contemporain et en respirant l'atmosphère n'ont pas toujours échappé à cette déformation, et il arrive qu'il se trouve parmi eux des esprits faussés par une imprégnation idéaliste.

L'effet de l'idéalisme sur les chrétiens est de les amener à rechercher un ordre idéal, pleinement satisfaisant pour la logique interne de l'esprit (et couvrant souvent ainsi d'un masque idéal et d'une façade idéologique les rancœurs et les rancunes, les cupidités et les revendications), au lieu de réaliser les exigences de la charité dans les possibilités réelles de l'action de chaque jour.

Le vrai chrétien n'est pas celui qui satisfait son esprit avec de beaux sentiments et de belles théories, mais celui qui accomplit chrétiennement les plus humbles actes de chaque instant en y réalisant la foi et la charité. L'Evangile nous l'a déjà dit: ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur, Seigneur », mais ceux qui accomplissent la volonté de Dieu qui entreront dans le royaume. Et la volonté de Dieu nous est donnée à chaque instant par le devoir du moment présent, dans lequel il s'agit d'incarner toute la charité en nous y donnant totalement à ce que Dieu nous demande: la sainteté se construit ainsi, instant par instant, par les actes effectivement réalisés dans la donation de nous-mêmes par amour à la volonté de Dieu.

Les chrétiens d'aujourd'hui ont grand besoin de relire les œuvres du R.P. de Caussade et le livre du R.P. Garrigou-Lagrange sur La Providence,  ces grands auteurs spirituels insistent si bien sur la réalité de l'instant présent, où  il s'agit de réaliser notre christianisme, qui ne consiste nullement en vues d'avenir.  La volonté de Dieu nous est donnée par la réalité qui est l'œuvre de Dieu (c'est Dieu qui fait exister le réel et le constitue tel qu'il est) et il n'y a de réel que l'instant présent: Dieu nous donne Sa volonté, nous dit ce qu'Il nous demande par l'ensemble de circonstances réelles, de possibilités réelles qui sont son œuvre, dans lesquelles Il nous situe à chaque instant et desquelles résultent pour nous les devoirs précis à remplir effectivement au moment présent. Tout le reste est chimère de l'orgueil qui nous détourne du devoir effectif. La soumission à la volonté de Dieu exige donc la soumission de chaque instant au réel avec toutes ses données qui sont l'œuvre de Dieu: il ne peut y avoir de christianisme vécu sans ce redressement réaliste, sans échapper à la désarticulation idéaliste qui replie l'homme sur lui-même et tourne son regard vers des constructions, idéales.

Le christianisme n'est pas une règle abstraite, un idéal de vie, il est vie réelle du Christ en nous: le chrétien est membre du Christ, le Christ qui est au ciel depuis l'Ascension continue à vivre et à agir sur la terre en nous, par ses membres que nous sommes, et le christianisme consiste à réaliser ce que le Christ veut faire aujourd'hui par nous, à être le Christ vivant par nous là où nous habitons ou travaillons, dans toutes nos actions de chaque instant. Le Christ n'est pas un modèle extérieur et idéal à imiter. Il est au dedans de nous, principe intérieur de notre vie de chrétiens.

J. Daujat (Idées modernes – Réponses chrétiennes p 100,101) 

Résolution

La Charité se vit à l’instant présent, dans la réalité présente.  Relisons ce que nous dit Mgr Williamson de la réalité, relisons les ouvrages de du R.P. de Caussade et le livre du R.P. Garrigou-Lagrange sur La Providence.  Et puis luttons contre cet idéalisme qui nous fait rêver de pratiquer la Charité plus tard ou ailleurs.

Pour se procurer le livre du R.P. de Caussade ici et celui du R.P. Garrigou-Lagrange ici

mardi 16 août 2022

Août 2022

Charité surnaturelle et noblesse humaine

 

R.P. R Th CALMEL

Dans l'hymne de saint Paul à la charité (1 Co 13, 1), il est deux vérités particulièrement importantes qui apparaissent entre beaucoup d'autres à celui qui lit attentivement.

D'abord la charité surnaturelle suppose la noblesse naturelle du caractère ou du moins, elle la suscite lorsqu'elle ne l'a pas trouvée. Loin de pouvoir se passer des dispositions naturelles de générosité et de sens du risque, elle les requiert et, au besoin, les fait naître.

Ensuite, si la charité adopte souvent une attitude passive, ce n'est point parce qu'elle serait tiède et molle, ce qui est impensable, mais parce que, dans son excès de générosité, elle prend sur soi, elle supporte la peine du péché lorsqu’il ne reste plus d'autre moyen de la combattre. Sa passivité est au-delà de l’action et non en-deçà ; de même que le silence de Jésus devant le Sanhédrin est au-delà  de ses imprécations aux pharisiens et non en-deçà.

En commentant les versets de saint Paul, nous verrons mieux la qualité si particulière de la passivité dans la charité surnaturelle en même temps que son exigence de noblesse.

Celui qui aime est patient, non parce qu'il ne sent pas le mal et qu'il s'y trouve indifférent; mais, parce que, dans sa lutte contre le péché, il consent à souffrir et à supporter autant qu'il sera nécessaire pour la guérison du pécheur.  Celui qui aime est bon, non qu'il ne sache s'opposer quand il faut; mais il sait résister sans devenir mauvais ; il est capable de refuser sans se durcir. Celui qui aime
ignore l'envie; certes il désire ardemment de bien faire; il est sensible à l’émulation du bien; mais il ne se plaint pas; tout au contraire il se réjouit de ce que d’autres fassent mieux. Celui qui aime n'agit pas à tort et à travers; non qu’il se soit retiré forcément de l'action et qu'il ménage sa tranquillité ; mais son goût de l'action est assez brûlant et purifié pour être devenu sage et avoir perdu sa fièvre.  Celui qui aime ne cherche pas son intérêt, non qu'il se désintéresse de l’issue de ses entreprises, mais il se désintéresse de son égoïsme. Celui qui aime ne s’irrite pas; il ne se laisse pas aller à cette colère qui éclate au niveau de l’amour propre et de la vanité ; il est serein; pourtant cette sérénité de l'amour peut s’échapper en colères foudroyantes lorsqu'il n'est plus d'autres moyens de tirer les pécheurs de leur endurcissement mortel ou de soustraire aux entreprises des méchants les faibles et les petits.

Celui qui aime consent à porter sur soi le poids du péché du monde, en union avec le Sauveur crucifié.  Qui ne comprendrait que cette passivité suppose une générosité excessive et une flamme d’amour brûlante dans le cœur ? Jamais le Fils de Dieu fait homme n’aurait pris nos péchés sur la croix si son amour pour nous n’avait été ardent comme du feu.  Il en est de même de son disciple s’il a vraiment la charité.

R.P.CALMEL

Sel de la Terrre n°12 bis p 59,60

 

mercredi 6 juillet 2022

Juillet 2022

 L'apostolat, œuvre de la Charité

Tous les apostolats sont loin de se valoir. Il en existe toute une immense variété. S'il est vrai que la charité est le principe et la mesure du zèle, que conclure sinon qu'il y a - au point de vue puissance et fécondité - autant d'apostolats que de cœurs. Il en est, comme chez les saints, d'étonnamment fructueux; par contre, combien de malingres et de faible rendement !

De cet apostolat diminué, un parfait ami, une vraie épouse de Jésus-Christ ne se contentera jamais. Il ne lui suffit point d'être apôtre; il veut l'être au maximum. Ici, comme ailleurs, la médiocrité ne fera point partie de son programme d'activité et de conquête. A cette fin, il marquera son apostolat d'un triple caractère de surnaturel, d'universalité et de dévouement.

Œuvre de charité en son principe, son exercice, sa fin, l'apostolat se révèle, par là même, entreprise essentiellement surnaturelle. Ce n'est point « métier », situation sociale, mais vocation sainte, réponse à un appel divin. En pratiquant l'apostolat, je ne fais point œuvre exclusivement humaine et personnelle; j'agis en collaborateur de Dieu : simple instrument entre ses mains puissantes et salvatrices, Instrumentum conjunctum cum Deo. De là, le souci, dans le ministère apostolique, de n'apporter que des sentiments et des vues surnaturelles : foi, humilité, confiance, pureté d'intention.

Foi en la grandeur, la nécessité, la fécondité de mon apostolat. Humilité pour reconnaître, toujours et partout, avec mes impuissances et mon indignité, mes lacunes et mes errements. Confiance invincible en Dieu, en l'abondance de ses grâces rédemptrices, sans lesquelles toute action ne peut qu'aboutir à l'avortement.

Surnaturel, tout apostolat doit l'être encore dans son activité même. Sans proscrire absolument les moyens naturels - car Dieu sait faire du surnaturel avec du naturel, et du divin avec de l'humain - il importe absolument de garder leur primauté aux forces spirituelles. Sacrifier celles-ci à ceux-là, serait plus qu'une faute, ce serait une erreur, grosse de conséquences. Il existe toute une technique moderne et artificielle d'apostolat, qui peut fort bien servir de travaux d'approche, d'apologétique renouvelée et de renfort subsidiaire, mais ne remplacera jamais les grandes puissances apostoliques: sainteté personnelle, prière, sacrifice, pénitence, charité, prédication intégrale de l'Évangile et fréquentation des sacrements.

Reste enfin à n'apporter dans l'apostolat que des vues désintéressées. Surveiller de très près sa droiture d'intention : s'oublier totalement soi-même, pour ne penser qu'à Dieu et aux âmes. Nulle préoccupation égoïste, nul souci d'amour- propre; succès personnel, gloriole, intérêts matériels : tout cela compte peu pour un véritable apôtre de Jésus-Christ. On pratique l'apostolat, non point pour se faire un nom, ou ramasser de l'argent, mais simplement pour faire du bien, et sans rien attendre de personne.

« Nombre d'hommes apostoliques ne font rien purement pour Dieu; ils se cherchent en tout, et mêlent toujours secrètement leur propre intérêt avec la gloire de Dieu, dans leurs meilleures entreprises. On passe ainsi la vie dans ce mélange de nature et de grâce. Enfin la mort vient, et alors seulement on ouvre les yeux, on reconnaît son illusion et son aveuglement, et l'on tremble à l'approche du redoutable tribunal de Dieu. » ( Lallemant, La Doctrine spirituelle) N'est-ce point à ces faux apôtres que Jésus fait allusion dans l'Évangile : « Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé? N'est-ce pas en votre nom, que nous avons chassé les démons ? et n'avons-nous pas, en votre nom, fait beaucoup de miracles ? » Alors, je leur dirai hautement: « Je ne vous ai jamais connus. Retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité.» (Matth, VII, 22-23)

L'universalité : deuxième caractère du zèle.  Ce qui doit intéresser un véritable apôtre, au cœur catholique, ce n'est pas seulement un groupe restreint d'âmes à instruire, éduquer, soigner, convertir, sanctifier, mais c'est l'humanité entière à l'exemple du Christ, mort pour le salut de tous les hommes. Notre zèle doit être à la dimension de notre charité, d'une charité qui n'exclut personne et embrasse tout le monde. Saint Paul n'avait-il pas la sollicitude de toutes les Eglises ? Chrétiens, religieux, prêtres, pécheurs, schismatiques, hérétiques, païens; notre famille humaine et religieuse, notre patrie, l'Eglise, l'univers : notre apostolat doit s'étendre à tout et à tous. Tout homme est mon frère, et de son âme je rendrai compte au tribunal de Dieu. Saint Gérard Majella avait écrit en tête de ses résolutions : « Je veux que toutes mes prières, communions et bonnes œuvres procurent la conversion des pécheurs. A cette fin, j'offre ma vie en union avec le Sang très précieux de Jésus.  O mon Dieu, je voudrais sauver autant de pécheurs qu'il y a de grains de sable sur le bord de la mer, de feuilles sur les arbres, de plantes dans les champs, d'étoiles au firmament, de rayons dans le soleil, en un mot, de créatures sur la terre. »

Reste enfin le dévouement : vertu caractéristique du parfait apôtre de Jésus-Christ. L'apostolat, tel que le conçoit le Sauveur, n'est pas une situation de tout repos ni une grasse sinécure; c'est un poste d'avant-garde, laborieux et périlleux. Il implique l'oubli de soi, le travail, le don de sa personne, de ses forces, de son activité et, à l'occasion, le sacrifice de sa vie. Le bon pasteur qui n'est pas mercenaire, donne sa vie pour ses brebis. (Jean X, 11)  Type par excellence de l'apôtre, saint Paul écrivait aux premiers chrétiens : « Très volontiers, je dépenserai et je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes. » (II Cor, XII, 51)  Un apôtre n'épargne ni son temps, ni sa peine, ni ses sueurs. Il s'est fait tout à tous, pour les gagner tous à Jésus-Christ.  Esclave de ses frères, taillable et corvéable à merci, il est à leur service, nuit et jour, et sans rien réclamer. Une de ses maximes favorites, c’est qu’il vaut mieux s’user que de se rouiller ; que l’essentiel n’est point de vivre longuement, mais pleinement ; qu’on ne doit s’arrêter que lorsqu’on n’en peut plus, et que la plus belle des fins est de mourir les armes à la main.

L.Collin

Retraite sur l’Amitié de Jésus-Christ

Résolution :

Juillet, mois du Précieux Sang.  A l’image de notre Sauveur qui a versé jusqu’à la dernière goutte de Son sang pour sauver les âmes, travaillons dans le champ de l’apostolat, œuvre de Charité par excellence !  Les vacances nous présenteront peut-être des occasions à ne pas laisser échapper.  


dimanche 12 juin 2022

Juin 2022

 L'apostolat est un des corollaires obligatoires de l'amour de Dieu



L'amour est une flamme qui rayonne; et ce rayonnement s'appelle l'apostolat. Apostolat d'autant plus actif et universel que le foyer d'où il jaillit est ardent et profond. La parfaite charité ne se conçoit pas sans le zèle, dont elle est, tout à la fois, la source, le soutien et l'un de ses instruments les plus puissants. « Quel que soit l'aspect sous lequel on le considère, le zèle, « cet enfant de la charité », n'est que le prolongement, l'épanouissement et la fructification de l'amour de Dieu, de l'amitié du Christ, et de notre dilection à l'égard du prochain. De l'apostolat religieux, il est bon de méditer le fondement et les motifs, afin d'en mieux assurer l'exercice, la plénitude et la fécondité.

L'apostolat est un des corollaires obligatoires de l'amour de Dieu. La charité n'est point un sentiment platonique et stérile. Elle est une puissance d'action. Autant et plus que la foi, sans les œuvres, elle languit et se meurt. « Le Seigneur veut des œuvres », écrit sainte Thérèse, et elle parle encore d'un amour « de qui naissent, sans discontinuer des œuvres, des œuvres » ! Et parmi ces œuvres, il faut, sans doute, compter les œuvres de zèle, l'apostolat sous toutes ses formes.

L'apostolat enfin est une des conséquences inéluctables du second commandement de Dieu. Que nous devions, en conscience, aimer notre prochain comme nous-mêmes : nous le savons. Tout homme n'est-il pas, du moins en espérance, l'enfant de Dieu, le membre de Jésus-Christ, notre frère? Amour surnaturel, qui n'est qu'une extension de la divine charité. Amour de bienveillance, cordial, pratique qui consiste à vouloir et à faire du bien. Mais que pouvons-nous offrir à nos frères de plus nécessaire et de plus précieux que la foi, l'amour, la grâce sanctifiante, le ciel ? Donner Dieu aux âmes et les âmes à Dieu, c'est là tout l'apostolat. Sur le monument de Turenne aux Invalides, on a gravé le mot du grand maréchal: « Il ne faut pas qu'il y ait un homme de guerre en repos en France, tant qu'il y aura un Allemand en Alsace. » Avec combien plus de vérité, devrait-on pouvoir dire : « Il ne faut pas qu'il y ait dans l’Église, un chrétien, un religieux, un prêtre en repos, tant qu'il y aura un pécheur sur la terre. »

C'est dans leur amour ardent de Dieu et des âmes que tous les saints sont allés alimenter et universaliser leur zèle. « Voir offenser Dieu, écrivait le Père Champagnat, et les âmes se perdre sont pour moi deux choses insupportables, et qui me font saigner le cœur ».

D’autant plus que l’apostolat devient, pour celui qui l’exerce, un instrument de sanctification personnelle et un gage de salut éternel.

L.Colin

Retraite sur l’Amitié de Jésus-Christ

Résolution :

«Il ne faut pas qu'il y ait dans l’Église, un chrétien, un religieux, un prêtre en repos, tant qu'il y aura un pécheur sur la terre.» A la veille des vacances, posons-nous la question de ce que nous ferons de notre temps.

dimanche 1 mai 2022

Mai 2022

VERITE ET CHARITE




La vérité n’est pas une massue avec laquelle on frappe ceux qui l’ignorent, mais une lumière qui ne peut être cachée sous le boisseau, qui peut même éblouir au début, mais qui ne peut être ignorée par les personnes de bonne volonté et de bonne conscience. Celui qui ne veut pas voir cette lumière – qui est toujours un rayon de l’unique Lumière du monde, qui est le Christ – se range du côté des ténèbres, et doit être aidé à en sortir avec Charité. C’est d’autant plus vrai pour nos proches : leurs convictions erronées, face à notre réponse patiente et sans animosité, se fissurent souvent et avec le temps, ils comprennent que notre « complot » n’était qu’une anticipation avec raison et perspicacité de ce qui serait bientôt dans le domaine public. Il est certainement plus facile de comprendre la supercherie de la psychopandémie que celle, bien pire, ourdie par les modernistes avec le Concile.

Mgr Viganò (5 avril 2022)

Résolution :

En ce mois de Marie, supplions notre bonne Mère de nous guider pour aider notre prochain "à sortir des ténèbres avec Charité".  Pour cela, notre premier souci sera l'étude et l'assimilation de la Vérité pour pouvoir la transmettre avec Charité !

Pour télécharger tout l'entretien: ici

samedi 2 avril 2022

Avril 2022

 LA MÉDAILLE MIRACULEUSE ET LA CHARITÉ ENVERS LE PROCHAIN

 


S'il est une vertu que le Christ nous ait recommandée d'une manière plus spéciale, en en faisant «son commandement à lui », et « la marque à laquelle on reconnaîtrait ses disciples », c'est bien la Charité. Or la charité est double; elle embrasse, dans un même amour, Dieu et le prochain. Entre ces deux amours, il ne peut pas, il ne doit pas y avoir de cloisons étanches; ils se compénètrent tellement, qu'on ne peut pas aimer Dieu si on n'aime pas ses frères, et que pour aimer ces derniers, il nous faut absolument, tout d'abord, aimer Dieu.

Au début du christianisme, les fidèles avaient une telle charité les uns envers les autres, que les païens étonnés s'écriaient: « Voyez comme ils s'aiment ! »

Si ces mêmes païens revenaient parmi nous, pourraient-ils dire la même chose? N'est-ce pas un égoïsme raffiné, brutal, farouche, qui a remplacé sur terre la divine charité? La Foi disparaissant, comment la charité pourrait-elle fleurir? Chaque jour, en France, devant les tribunaux, il y a une moyenne de 1 400 procès. Fraudes organisées, attentats aux mœurs par les cinémas, les bals, les théâtres, les romans, les affiches et les images, diffamations, scandales, jugements téméraires, médisances et calomnies, vols, cambriolages, assassinats d'enfants surtout.

Il a fallu instituer des tribunaux spéciaux pour l'enfance criminelle. Pourquoi tant de crimes ? C'est que la charité s'est éteinte !

Grand Dieu, où allons-nous? Sans doute, il en est encore de ces fiers et héroïques chrétiens qui savent comprendre et vivre les paroles d'un Veuillot.

« Il faut chérir les hommes sans espérer ni vouloir de récompenses terrestres, les aimer comme soi-même, c'est-à-dire leur faire tout le bien qu'on se souhaite et leur pardonner même les torts qu'on ne se pardonne pas à soi- même; être doux pour les méchants, courir dans l'ombre et le silence après les misères à soulager, s'asseoir au chevet déserté du pauvre, faire le bien et demander pardon à Dieu de celui qu'on n'a pas pu faire ou que l'on a mal fait ! »

Tournons notre regard vers notre chère Médaille. Elle saura édifier une digue assez puissante pour enrayer le mal, et inspirer à ceux qui la porteront une charité si profonde, qu'elle sera, selon le mot de saint Augustin sur la Sainte-Eucharistie, le « trait d'union de la charité» entre tous les hommes.

La Médaille Miraculeuse, c'est de l'Amour de Dieu en effigie et en action; elle est donc, en même temps, le pur amour pour le prochain, puisque ces deux amours sont inséparables.

Marie nous tend maternellement les bras; n'est-ce pas le geste de l'amour qui se donne et qui offre ses tendresses? Ce globe qu'elle serre sur son cœur, n'est-ce pas le monde entier, surtout le monde chrétien qu'elle voudrait inonder des rayons de sa bonté miraculeuse ?

Ses mains tendues ne sont pas vides, mais chargées des dons de l'amour vrai, c'est-à-dire des grâces divines, secours spirituels et temporels dont nous pouvons avoir besoin.

La prière qu'elle met sur nos lèvres: « Priez pour nous! », pour nous, au pluriel, comme Jésus nous apprit à dire « Pardonnez-nous, donnez-nous », cette prière n'est-elle pas un acte d'amour mutuel, effectif et pratique, un lien de charité fraternelle et un trait d'union entre les cœurs?

Et si nous regardons le « verso» de la Médaille, là encore, quelles leçons de charité !

La lettre « M », qui signifie Marie, ne nous rappelle-t-elle pas le nom si doux, si tendre, d'une Mère,
d'une Maman ?

La Croix qui surmonte cette lettre ne nous dit-elle pas qu'un Dieu nous a aimés jusqu'à verser pour nous tout son sang, et que c'est ainsi que nous devons aimer nos frères « jusqu'à la fin », comme
Jésus ?

Les douze étoiles, image rayonnante des douze apôtres, ne nous chantent-elles pas, à leur manière d’être apôtres nous aussi et, par conséquent, d’aimer nos frères en cherchant à leur donner Dieu ?

Un cœur de Dieu, ce « Cœur qui a tant aimé les hommes» ; un cœur de Mère, et de quelle Mère! Quel plus éloquent symbole pourrions-nous désirer de l'amour qui doit s'exhaler de nous et se déverser sur les autres?  Voilà comment, en un langage muet mais très fort, la petite Médaille nous enseigne la Charité envers le prochain.

 

Prière :

O Dieu qui êtes charité, ô Christ qui nous avez commandé d'aimer nos frères, comme nous-mêmes et comme Vous nous avez aimés, accordez-nous, par l'intercession de votre si douce Mère, de raviver en nos cœurs les ardeurs divines de la charité! On ne peut être chrétien sans cela! Faites, ô Marie, qu'en portant pieusement votre Médaille, nos regards s'arrêtent souvent sur ces deux cœurs qui nous enseigneront à quel point Jésus et Vous, Vous nous avez aimés ! C'est ainsi que nous serons vos enfants, ô Marie, et, surtout, les enfants de ce Dieu pour l'amour de qui nous aimerons nos frères. Ainsi soit-il.

Extrait de : Le Messager de l’Immaculée

N°215 – Mars 2022

jeudi 3 mars 2022

Mars 2022

La Charité : qu’est-ce ?


Je parlais de charité et d'amour. Or, une des marques de la charité (et il y en a beaucoup d'autres, mais je choisis celle-là de préférence, parce qu'elle se rapporte à mon sujet), une des marques de la charité, de l'amour pur, le seul dont on puisse parler dans l'assemblée des Saints, c’est d'échanger un secret. Un homme qui fait une confidence fait un acte de confiance intime, il livre le fond de son âme à celui auquel il se confie. C'est ainsi que les choses se passent parmi nous, et c'est ainsi qu'elles se passent chez Dieu. Lorsque le Seigneur aime, il ne peut plus retenir ses secrets. Il est d'une incomparable faiblesse, le Seigneur, dès lors qu'il aime.

Le bienheureux Jacopone da Todi, auteur présumé du Stabat Mater, contemplant les excès d'amour, les folies du Seigneur, enivré de surnaturel, disait des extravagances. Ses supérieurs s'en émurent et le reprirent. Un jour, le Seigneur lui-même parut le lui reprocher: «Attention, du calme, il faut être discret; de l'enthousiasme bien, mais pas de ces exagérations, pas de ces folies ». Et le bon Saint de répondre au Seigneur: « Ah ! Seigneur, vous en avez fait bien d'autres! ».

 Eh ! bien, oui, lorsque le Seigneur aime, il fait des folies ... Rappelez-vous comment il parlait à Abraham.  On dirait vraiment qu'il ne peut se contenir avec son serviteur ; son secret lui pèse comme un intolérable fardeau, il ne peut le garder, il faut qu'il le lui livre: « Pourrai-je cacher à Abraham ce que je fais faire? » (Gn 18,17). Son secret lui échappe irrésistiblement. Oh ! que vous êtes faible, Seigneur !

Dieu n'a pas changé dans la loi nouvelle. Par quel procédé, le Seigneur qui nous aimait, nous a-t-il montré son amour? Il nous a dit. А nous pauvres atomes, il s'est livré tout entier. « Je ne vous nomme pas serviteurs ... mais je vous appelle amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître» (Jn 15, 15). Voyez- vous? Nous connaissons la sainteté de Dieu, nous connaissons ce que les Anges eux-mêmes ignoraient, s'ils n'eussent été élevés à l'ordre surnaturel. Nous connaissons ce que nulle créature ne pourrait connaître, à moins que Dieu lui-même ne le lui eût dit. Ce mystère de la vie intime de Dieu, ce mystère de la fécondité de Dieu, ce secret de Dieu, Dieu nous l'a révélé: c'est le mystère de la Sainte-Trinité, cette glorieuse et ineffable fécondité de notre Dieu qui nous le montre ne ressemblant à rien, et l'élevant au-dessus de tout.

Je vous en conjure, ne redoutez pas ces hauteurs. Elles doivent vous être familières. C'est là le vrai Dieu, c'est là le Dieu vivant. Le Dieu vivant n'est pas cette ombre indécise de la Philosophie, la catégorie de l'Idéal, un instrument de politique utilitaire, un thème de littérature honnête, la matière d'une belle interrogation. Non, le vrai Dieu, c'est la Très Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit: il n'y en a pas d'autre. Mais si Dieu nous a révélé ce mystère, est-ce pour éprouver notre intelligence ? Oh ! non, c'est pour couronner notre intelligence, pour nous faire connaître le secret de sa vie intime, pour se dire tout entier, pour nous faire comprendre le mystère de l'Incarnation, sans cela inexplicable, pour nous faire comprendre aussi tout l'ordre surnaturel.

Dom Paul Delatte

(Contempler l’invisible, p 33, 34)

 

Résolution :

Pour bien recommencer notre croisade après cette longue pause, remettons-nous face à ce qu’est vraiment cette vertu et méditons ce sujet en ce temps du Carême, meilleure manière de nous préparer à nous bien unir à la Passion de notre Sauveur.  Cela nous enthousiasmera dans notre travail apostolique, chacun à notre place.