mercredi 1 juillet 2020

JUILLET 2020



La fausse charité libérale

Nous terminons la reproduction de la conférence de Mgr Lefebvre (Lettre des Dominicains d’Avrillé n°37 – Mars 2006)

Les libéraux voudraient une charité large, sans contraintes, qui laisse libre de faire tout ce qu'on veut.

Sans doute, Dieu nous a créés libres. Toutefois nous ne sommes pas libres de choisir notre fin, mais seulement les moyens qui conduisent à notre fin.

Toute créature a une fin : la plante est faite pour sa fleur, pour son fruit, pour la graine qui va descendre et qui va reproduire ; les oiseaux avec un instinct parfait vont préparer  leur petit nid.

Et nous, les hommes, qui sommes intelligents, nous disons: «Non! Je ne veux pas, je ne veux pas être obligé d'atteindre une fin ! » Si vous ne voulez pas atteindre la fin, comme la fin c'est le bonheur, eh bien! vous aurez votre malheur, c'est tout!

C'est Dieu qui nous a imposé notre fin. Mais à la différence des plantes et des animaux qui atteignent leur fin en suivant des lois physiques ou leurs instincts, avec une contrainte physique, nous avons le choix des moyens: nous agissons en suivant une loi morale, avec une contrainte morale. Nous sommes libres de choisir les moyens, mais obligés moralement de choisir ceux qui nous conduisent à notre fin : la vérité, la vertu, etc.

Mais le libéral ne veut pas de cette contrainte morale. Il veut être libre!  Aussi n'a-t-il pas la vraie charité. Continuons de citer l'abbé Roussel :

Aime-t-il Dieu par-dessus toutes choses, le « catholique-libéral » qui méconnaît sa vérité et fait si bon marché de ses droits imprescriptibles? Aime-t-il son prochain quand il ne s'emploie pas de toutes ses forces à le tirer de l'erreur, à lui faire l'aumône d'un peu de vérité surnaturelle? Est-ce vraiment aimer un malade que de lui voiler son mal au lieu de le guérir? Est-ce vraiment avoir pitié des âmes que de taire, pour ne pas les froisser, les vérités un peu rudes qui seules pourraient les réveiller et les sauver ? …   Non, la charité du « catholique-libéral» est mal ordonnée, quand elle n'est pas déformée.  Il est plus «charitain » que charitable, car s'il est tout miel avec l'incroyant, il est tout fiel avec le [vrai] catholique.

Tout fiel avec le vrai catholique : La fausse charité libérale ne peut supporter la vraie charité catholique (1). Si nous gardons la Tradition, on nous critiquera: « Oh ! Ils veulent donner des leçons aux autres, ils se croient ceci, ils se croient cela, ils se croient plus vertueux que les autres, ils s'imaginent qu'ils sont plus parfaits que les autres, etc. »

Nous n'y pouvons rien!  Nous estimons qu'il y a une doctrine, qu'il y a une vertu, qu'il y a une manière de se conduire dans la vie chrétienne, nous essayons dans la mesure du possible, dans la mesure de nos petits moyens, dans la mesure de la grâce du bon Dieu, de garder la vie chrétienne, de garder la Tradition. Évidemment, cela condamne ceux qui sont contre la Tradition. Alors, ils s'énervent contre nous, sous prétexte que nous avons l'air de gens qui se croient meilleurs que les autres.

Nous ne nous croyons pas meilleurs que les autres, mais la vérité est meilleure que l'erreur. Nous n'y pouvons rien, c'est comme ça. La vertu est meilleure que le vice. Nous n'y pouvons rien.

Ce n'est pas nous que nous défendons, c'est le bon Dieu! C'est Lui qui est la vertu, c'est Lui qui est la vérité. Nous, nous essayons dans toute la mesure du possible de suivre Notre-Seigneur, de suivre le bon Dieu, dans la vérité, dans la vertu. Cela ne dépend pas de nous ! Nous ne sommes pas libres d'aimer la vertu ou d'aimer la vérité.
Tout miel avec l'incroyant : Voyez l'attitude de l'Église conciliaire avec les ennemis de l'Église, avec les juifs qui refusent Notre-Seigneur, avec les musulmans qui massacrent les catholiques, etc.

Laisser le prochain dans l'erreur et le vice, sous prétexte de liberté, même de liberté religieuse comme le veut Vatican II, ce n'est pas l'aimer.

C'est comme si un docteur disait à son malade: « Mais non, mais non, vous n'êtes pas malade, ce n'est pas grave ce que vous avez. Ce n'est pas la peine de vous soigner, pas la peine de croire que vous êtes malade. » Il laisse le malade dans sa maladie et ne le soigne pas.

Un bon médecin dira: «Vous êtes malade, il faut que je vous soigne. On va vous donner des médicaments qui vont peut-être vous faire souffrir, mais si vous voulez que je vous soigne, si vous voulez que je vous rende la santé, je suis bien obligé d'en passer par là. » C'est lui qui aime vraiment son malade.

Celui qui dit : « Ce n’est pas grave, vous reviendrez une autre fois » et qui laisse son malade dans sa maladie n’aime pas son prochain : c’est clair ! 

Nous sommes donc placés devant un choix :
-soit la vraie charité, la charité de la vérité, celle qui vient du Saint-Esprit, l’Esprit de vérité qui procède du Fils-Vérité,
-soit la fausse charité, la charité libérale qui vient du diable, fidèle à sa devise : « Non serviam, je ne servirai pas. »

Saint Paul a prédit qu’au temps de l’Antéchrist, les hommes ne voudraient plus de la charité de la vérité qui peut les sauver : « Caritatem veritatis nn receperunt ut salvi fierent » (2 Th 2, 10).  Que la très sainte Vierge, Mère du bel amour, nous conserve dans la vraie charité en ces heures troublées !

(1) - Remarquons bien que le seul évêque qui a été excommunié (par la Rome conciliaire), qui est mort excommunié, qui est toujours excommunié, c'est précisément Mgr Lefebvre (et Mgr de Castro Mayer pour l'avoir suivi), lui qui avait pour devise: credidimus caritati, nous croyons à la charité (à la vraie charité).

Résolution

En ce mois de juillet, nous honorons tout particulièrement le Précieux Sang de notre Divin Sauveur,  qui n’a pas hésité à verser tout Son sang pour nous.  Pour notre part, n’avons-nous pas parfois tendance à édulcorer la Vérité … pour « ne pas faire mal », sous prétexte de Charité … fausse charité libérale ?  De cette  manière, imitons-nous notre doux Sauveur ?