lundi 9 novembre 2020

NOVEMBRE 2020

 Charité envers les âmes du Purgatoire



Sainte Gertrude offrait toutes ses journées à Dieu, multipliait ses prières, bonnes œuvres, aumônes, mortifications, etc., pour le soulagement des âmes du purgatoire. Jésus-Christ lui fit plusieurs fois connaître les âmes qui en avaient le plus besoin. Alors, elle redoublait, pour elles, de prières et de pénitences. Souvent ces âmes lui apparaissaient en quittant le purgatoire, et la comblaient de bénédictions. Elle arriva ainsi à la vieillesse.

Couchée sur son lit de mort, le démon chercha à lui faire croire qu'elle n'avait délivré tant d'âmes du purgatoire, que pour aller prendre leur place, puisqu'elle leur avait donné tous ses mérites satisfactoires et n'avait rien gardé pour elle. Elle commença à se lamenter: 

"Oh ! Que je suis malheureuse, se disait-elle! Dans peu d'instants, je vais mourir, je vais rendre de toute ma vie le compte le plus rigoureux. Comment pourrais-je être délivrée du purgatoire, puisque je n'ai rien gardé de tous mes mérites? Mon Dieu, permettrez-vous que j'aie un long et terrible purgatoire, parce que j'aurai été trop généreuse envers les défunts?" 
Au même moment, elle voit Notre-Seigneur qui lui demande: 

"Pourquoi donc es-tu si triste ? 

- Seigneur, répond-elle, je crains de mourir et d'aller longtemps au lieu de l'expiation, parce que j'ai donné tous mes mérites satisfactoires aux âmes du purgatoire, comme vous le savez bien. 

- Ma fille, lui dit Notre-Seigneur, en souriant, afin que tu saches combien ta charité envers ces âmes m'a été agréable, je t'annonce que tu ne passeras pas par le purgatoire. De plus, comme j'ai promis cent pour un à tous ceux qui me servent, j'augmenterai d'autant ta gloire au ciel que tu as secouru les défunts. Toutes les âmes que tu as soulagées viendront à ta rencontre et t'introduiront dans le paradis, au milieu de leurs cantiques de joie." 

La sainte ne pouvait se contenir de joie à cette divine assurance. Elle eut а peine le temps de faire connaître cette heureuse nouvelle à ses sœurs, qu'elle expira le sourire sur les lèvres, les yeux animés d'une clarté merveilleuse, comme une prédestinée qui ne doute point de son salut. Si donc nous voulons mourir en prédestinés et être grandement soulagés en purgatoire, prions pour les pauvres défunts. C'est si facile de le faire: nous n'avons qu'à le vouloir. 
MJS Benoit : Livre d'or des âmes du purgatoire
74ième apparition 

Résolution :

Ne négligeons aucun effort , en ce mois de novembre, pour délivrer les âmes du Purgatoire !  Notre-Seigneur Lui-même nous a révélé à quel point ces actes de Charité Lui étaient agréables.

dimanche 4 octobre 2020

OCTOBRE 2020

Face à l'antipathie ou l'agacement ...


Entrée au Carmel, la Servante de Dieu cherchait toutes les occasions de rendre service aux sœurs par mille petits actes de vertu cachée, et quand une terrible épidémie d'influenza sévit sur le Carmel de Lisieux, restée une des seules valides, elle multipliait ses soins auprès des malades et des mourantes. Elle s'étudie sans cesse à pénétrer ce que Notre-Seigneur appelle son commandement nouveau, pour rendre sa charité plus surnaturelle et la mieux pratiquer. Jésus m'a fait connaître sa volonté « lorsque à la dernière Cène il donna son commandement nouveau, quand il dit à ses apôtres de s'entr'aimer comme il les a aimés lui-même... Et je me suis mise à rechercher comment Jésus avait aimé ses disciples; j'ai vu que ce n'était pas pour leurs qualités naturelles, j'ai constaté qu'ils étaient ignorants et remplis de pensées terrestres. Cependant, il les appelle ses amis, ses frères; il désire les avoir près de lui dans le royaume de son Père et pour leur ouvrir ce royaume, il veut mourir sur la croix, disant qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. J'ai vu - dit-elle combien mon amour pour mes sœurs était imparfait, j'ai compris que je ne les aimais pas comme Jésus les aime. Ah! je devine maintenant que la vraie charité consiste à supporter tous les défauts du prochain, à ne pas s'étonner de ses faiblesses, à s'édifier de ses moindres vertus; mais surtout, j'ai appris que la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du cœur, car personne n'allume un flambeau pour le mettre sous le boisseau, mais on le met sur le chandelier afin qu'il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Il me semble, ma mère, que ce flambeau représente la charité qui doit éclairer, réjouir, non seulement ceux qui me sont le plus chers, mais tous ceux qui sont dans la maison. Et elle s'y donnait tout entière » - MSC 11,2-12,1 

Elle dit encore: « Oui, je le sens, lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi; plus je suis unie à lui, plus aussi j'aime toutes mes sœurs. Si je veux augmenter en mon cœur cet amour et que le démon essaie de me mettre devant les yeux les défauts de telle ou telle sœur, je m'empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs; je me dis que, si je l'ai vue tomber une fois, elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu'elle cache par humilité; et que, même ce qui me paraît une faute peut très bien être, à cause de l'intention, un acte de vertu. J'ai d'autant moins de peine à me le persuader que j'en fis l'expérience par moi-même. Un jour, pendant la récréation, la portière vint demander une sœur pour une besogne qu'elle désigna. J'avais un désir d'enfant de m'employer à ce travail, et justement le choix tomba sur moi. Aussitôt je commence à plier notre ouvrage, mais assez doucement pour que ma voisine ait plié le sien avant moi, car je savais la réjouir en lui laissant prendre ma place. La sœur qui demandait de l'aide, me voyant si peu pressée, dit en riant: « Ah! je pensais bien que vous ne mettriez pas cette perle à votre couronne, vous alliez trop lentement !. Et toute la communauté crut que j'avais agi par nature » - MSC 12,2-13,1 - .» 

Elle raconte ainsi son triomphe sur une antipathie naturelle:

« Une sainte religieuse de la communauté avait autrefois le talent de me déplaire en tout; le démon s'en mêlait, car c'était lui certainement qui me faisait voir en elle tant de côtés désagréables; aussi, ne voulant pas céder à l'antipathie naturelle que j'éprouvais, je me dis que la charité ne devait pas seulement consister dans les sentiments, mais se laisser voir dans les œuvres. Alors je m'appliquai à faire pour cette sœur ce que j'aurais fait pour la personne que j'aime le plus. A chaque fois que je la rencontrais, je priais le bon Dieu pour elle, lui offrant toutes ses vertus et ses mérites. je sentais bien que cela réjouissait grandement mon Jésus; car il n'est pas d'artiste qui n'aime à recevoir des louanges de ses œuvres, et le divin Artiste des âmes est heureux lorsqu'on ne s'arrête pas à l'extérieur, mais que, pénétrant jusqu'au sanctuaire intime qu'il s'est choisi pour demeure, on en admire la beauté. je ne me contentais pas de prier beaucoup pour celle qui me donnait tant de combats, je tâchais de lui rendre tous les services possibles; et quand j'avais la tentation de lui répondre d'une façon désagréable, je m'empressais de lui faire un aimable sourire, essayant de détourner la conversation; car il est dit dans l'Imitation: 'Qu'il vaut mieux laisser chacun dans son sentiment que de s'arrêter à contester' (liv. 3, ch. 44, 1). Souvent aussi, quand le démon me tentait violemment et que je pouvais m'esquiver sans qu'elle s'aperçût de ma lutte intime, je m'enfuyais comme un soldat déserteur. Et sur ces entrefaites, elle me dit un jour d'un air radieux: 'Ma sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, voudriez-vous me confier ce qui vous attire tant vers moi? Je ne vous rencontre pas que vous ne me fassiez le plus gracieux sourire'. Ah! ce qui m'attirait, c'était Jésus caché au fond de son âme, Jésus qui rend doux ce qu'il y a de plus amer! » - MSC 13,2-14,1 - .» 

Souvent, il fallait lutter avec énergie, il y avait un vrai combat pour dominer sa nature, elle raconte plusieurs traits comme celui-ci: « Longtemps, à l'oraison, je ne fus pas éloignée d'une sœur, qui ne cessait de remuer, ou son chapelet, ou je ne sais quelle autre chose; peut-être n'y avait-il que moi à l'entendre, car j'ai l'oreille extrêmement fine; mais dire la fatigue que j'en éprouvais serait chose impossible! J'aurais voulu tourner la tête pour regarder la coupable et faire cesser son tapage; cependant, au fond du cœur, je sentis qu'il valait mieux souffrir cela patiemment pour l'amour du bon Dieu d'abord, et puis aussi pour éviter une occasion de peine » - MSC 30,1-2 - . Malgré la sensibilité de sa nature la Servante de Dieu conserva toujours la douceur et ses manières charitables; si quelqu'une lui avait fait de la peine, on ne surprit jamais chez elle aucune marque de froideur, elle redoublait au contraire de prévenances et d'attention.

Résolution

Sainte Thérèse avait une idée tellement haute de la Charité (lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi) qu'elle arriva à surmonter des antipathies ou des impatiences.  N'avons-nous rien à faire en la matière ?

samedi 5 septembre 2020

SEPTEMBRE 2020

Les liens de la Charité

Quand un de vos semblables vous demande un peu de bien, ne lui demandez pas qui il est. Donnez-lui le bien qu'il demande. Ce bien l'unira à vous et, grâce à mon amour qui est en vous, je l'unirai à moi. C'est moi qui envoie les hommes pour vous demander du bien et de l'amour afin de les rapporter à moi, à mon cœur, à travers cette partie de moi qui est en vous. N'abandonnez jamais tous ceux que je vous envoie parce qu'ils font partie de vous, parce que je serai vous en eux grâce à l'amour que vous avez su leur donner. C'est moi qui ai voulu vous unir pour vous lier plus solidement à mon cœur. Vous formez un tout en moi.

La perte de l'un d'eux est une diminution de vous-mêmes. Le lien qui vous unit est invisible pour vos yeux. Ce lien est ici, dans mon cœur. L'amour est unique. Et vous êtes uniques parce que vous participez à la joie infinie renfermée dans mon cœur, qui deviendra le vôtre.

Pour moi, rien n'est grave ! Il n'y a que votre séparation qui est grave. Si vous désirez m'aimer, vous ne pouvez pas vous séparer. Je ne peux pas diviser mon cœur. Et vous, pour y entrer, pour avoir le droit d'y entrer, vous devez absolument être unis. Vous séparer, c'est rendre l'union avec moi impossible car le Cœur est unique.  Soyez dociles et bienveillants entre vous, aidez-vous et corrigez-vous mutuellement, mais ne vous séparez jamais.

Votre union est ma joie. Je vous comblerai de grâces pour vous récompenser du zèle que vous mettrez à vous aimer et à ne jamais vous séparer. Quand l'un de vous est tenté d'éloigner l'autre, moi j'interviens directement. J'interviens avec toute mon énergie pour l'en empêcher. Telle est ma volonté : que chacun de vous fasse un petit pas vers l'autre et moi je ferai agir la puissance de mon cœur.

Quand vous êtes éloignés, souvenez-vous les uns des autres de manière à me faire vivre en vous. Je serai toujours parmi vous à condition que vous vous aidiez pour vous unir toujours davantage. N'ayez pas peur de celui qui veut s'éloigner de vous. Votre amour pour lui vous fera vaincre tous les obstacles.

C'est ma volonté qui agit dans votre désir d'aimer et elle est plus forte que toute autre résistance. Continuez à désirer l'union et l'amour, même s'il tente de se dérober. Moi je connais les voies pour vous ramener le fugitif. Il ne pourra pas fuir et je vous dirai pourquoi.

C’est moi qui ai choisi l'homme que je vous ai envoyé. Vous l’avez ramené à mon cœur : cet homme y est désormais attaché par des fils invisibles. Votre volonté maintient le contact de ces fils avec mon cœur. Grâce à ces fils, je garde des contacts avec celui qui tente de fuir, avec celui qui veut repartir. Mes rapports avec lui le tourmentent et le tourmenteront jusqu'à ce qu'il reconnaisse spontanément avoir failli au pacte d'union établi avec vous et avec moi. Je défends vos droits sur ceux que vous avez aimés et qui ont tenté de vous fuir. En vous fuyant, ils m'ont fui. Appelez-moi à l'aide quand vous vous sentez impuissants. J’interviendrai immédiatement en votre faveur parce que je veux que vous soyez unis. Vous unir entre vous, c’est vous unir à moi. Vous détacher, c’est vous détacher de moi.

L.Gaspari

Cahier de l’Amour p 21 à 23

Résolution :

Gardons des contacts réguliers (visites, courriers, téléphone…) avec ceux que la Charité nous a fait aimer.



samedi 8 août 2020

AOÛT 2020

L'ordre de la Charité

Dans le contexte actuel, il nous sera plus utile que jamais de replacer nos contacts avec chaque personne dans l'ordre de la charité.  Nous étudierons et méditerons ce texte de Monseigneur Williamson, et chacun y trouvera ce qu'il peut "améliorer".





Numéro CDXXV (425)

Souvent notre monde de mensonges nous dit : « le noir est blanc ».
En mesurant selon Dieu, les Catholiques mesurent bien.


Que pense l’Église catholique du « racisme » ou de l’ « antisémitisme » ou du « sexisme » ou encore de l’« homophobie », et ainsi de suite ? Dans une société libérale où tout le monde doit être gentil envers tout le monde, n’est-il pas surprenant à quel point le « politiquement correct » semble régulièrement nous présenter une nouvelle classe de gens à détester par tous ? L’Église catholique, suivant son divin Maître, enseigne d’aimer son prochain et de ne haïr personne, mais elle ne dit pas d’aimer son prochain sans distinction. Voyons comment un grand théologien catholique met de l’ordre et de la discrimination dans notre amour pour Dieu et pour le prochain. Voici un survol des treize articles de la Somme Théologique de St Thomas, 2a 2ae, Question 26 :

1. La charité est ordonnée car elle est une amitié surnaturelle dans la béatitude éternelle, béatitude qui a pour principe Dieu, et partout où des choses découlent d’un principe, il y a un ordre ( notez comment le Catholique rapporte immédiatement à Dieu une question majeure. Que serait pour les libéraux le principe de leur « gentillesse » ? La haine des Nazis ? Sérieusement . . . ).

2. La charité doit aimer Dieu plus que le prochain car la charité est une amitié dans la béatitude, et toute béatitude pour moi-même ou pour mon prochain a son principe en Dieu ( où les libéraux placent-ils le principe de leur bonheur ? Dans l’épanouissement personnel ? Dans les autres hommes ? Selon toute vraisemblance, ce ne sont là que des formes appauvries de bonheur ).

3. Dieu doit être aimé plus que soi-même car toutes les créatures (pas dénaturées), chacune à sa façon, aiment naturellement le Bien commun avant leur propre bien, et Dieu est le Bien commun, et naturel et surnaturel, de tous.

4. Le soi spirituel (N de Rec : partie la plus haute de l'âme) doit être plus aimé que le prochain spirituel car je suis plus proche de moi-même que je ne le suis de mon prochain [en sorte que si je ne m’aime pas moi-même (spirituellement), il est peu probable que j’aime mon prochain]. Mais –

5. Le prochain spirituel doit être aimé plus que le moi corporel, c’est-à-dire que mon propre corps, car l’esprit est au-dessus du corps, parce que l’esprit participe directement à la béatitude, tandis que le corps n’y participe qu’indirectement (à travers l’esprit).

6. Il y a des semblables qui doivent être aimés plus que d’autres, car ils diffèrent dans leur proximité à l’un ou à l’autre des deux pôles de la charité, l’un (objectif) étant Dieu, l’autre (subjectif) étant moi-même. Les saints sont plus proches de Dieu, les prochains de moi-même.

7. Objectivement, les saints seront plus aimés que les prochains, mais subjectivement, les parents seront aimés plus intensément que les saints, car de différentes façons ils nous sont plus proches – proverbe anglais, « La charité commence à la maison ».

8. Essentiellement, les personnes du même sang seront plus aimées que celles qui ne le sont pas, car les liens de sang sont naturels, fixés et substantiels. Mais il peut arriver que d’autres liens d’amitié soient plus forts.

9. Objectivement, les parents doivent être plus aimés que les enfants, car en tant que principes de la vie et de multiples bienfaits, les parents sont plus proches de Dieu, mais subjectivement les enfants sont plus proches de nous pour plusieurs raisons.

10. Le père devrait être aimé plus que la mère, en tant que tel, car du rôle de chacun dans le don de la vie, le père est formel et actif alors que la mère est matérielle ( maternelle ) et passive (St Thomas écrivait à propos d’ êtres humains alors normaux et pas dénaturés comme ils le sont aujourd’hui).

11. Objectivement, les parents doivent être aimés plus que l’épouse, car en tant que principes de la vie et de multiples bienfaits, ils sont plus proches de Dieu, mais subjectivement l’épouse, qui fait « une chair » avec son mari, doit être plus aimée.

12. Objectivement, quelqu’un qui nous fait du bien doit être aimé plus que celui à qui nous faisons du bien, car il est principe de bien pour nous, mais de par la proximité subjective nous aimons plus celui à qui nous faisons du bien, pour diverses raisons, par exemple, « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. »

13. Il y aura toujours un ordre de la charité au Ciel, en particulier l’amour de Dieu par-dessus tout. De plus, le classement objectif du prochain par sa proximité de Dieu comptera plus Là-Haut qu’ici-bas sur terre.

« Racisme » ? – quelles races sont plus proches de Dieu, ou de moi ? Elles ne sont pas toutes pareilles. « Antisémitisme » ? – les « Sémites » sont-ils amis ou ennemis de Dieu ? « Sexisme » ? – est-ce que les femmes d’aujourd’hui m’aident ou m’empêchent de m’approcher de Dieu ? « Homophobie » ? – les « homos » où en sont-ils par rapport à Dieu ?

Kyrie eleison.

mercredi 1 juillet 2020

JUILLET 2020



La fausse charité libérale

Nous terminons la reproduction de la conférence de Mgr Lefebvre (Lettre des Dominicains d’Avrillé n°37 – Mars 2006)

Les libéraux voudraient une charité large, sans contraintes, qui laisse libre de faire tout ce qu'on veut.

Sans doute, Dieu nous a créés libres. Toutefois nous ne sommes pas libres de choisir notre fin, mais seulement les moyens qui conduisent à notre fin.

Toute créature a une fin : la plante est faite pour sa fleur, pour son fruit, pour la graine qui va descendre et qui va reproduire ; les oiseaux avec un instinct parfait vont préparer  leur petit nid.

Et nous, les hommes, qui sommes intelligents, nous disons: «Non! Je ne veux pas, je ne veux pas être obligé d'atteindre une fin ! » Si vous ne voulez pas atteindre la fin, comme la fin c'est le bonheur, eh bien! vous aurez votre malheur, c'est tout!

C'est Dieu qui nous a imposé notre fin. Mais à la différence des plantes et des animaux qui atteignent leur fin en suivant des lois physiques ou leurs instincts, avec une contrainte physique, nous avons le choix des moyens: nous agissons en suivant une loi morale, avec une contrainte morale. Nous sommes libres de choisir les moyens, mais obligés moralement de choisir ceux qui nous conduisent à notre fin : la vérité, la vertu, etc.

Mais le libéral ne veut pas de cette contrainte morale. Il veut être libre!  Aussi n'a-t-il pas la vraie charité. Continuons de citer l'abbé Roussel :

Aime-t-il Dieu par-dessus toutes choses, le « catholique-libéral » qui méconnaît sa vérité et fait si bon marché de ses droits imprescriptibles? Aime-t-il son prochain quand il ne s'emploie pas de toutes ses forces à le tirer de l'erreur, à lui faire l'aumône d'un peu de vérité surnaturelle? Est-ce vraiment aimer un malade que de lui voiler son mal au lieu de le guérir? Est-ce vraiment avoir pitié des âmes que de taire, pour ne pas les froisser, les vérités un peu rudes qui seules pourraient les réveiller et les sauver ? …   Non, la charité du « catholique-libéral» est mal ordonnée, quand elle n'est pas déformée.  Il est plus «charitain » que charitable, car s'il est tout miel avec l'incroyant, il est tout fiel avec le [vrai] catholique.

Tout fiel avec le vrai catholique : La fausse charité libérale ne peut supporter la vraie charité catholique (1). Si nous gardons la Tradition, on nous critiquera: « Oh ! Ils veulent donner des leçons aux autres, ils se croient ceci, ils se croient cela, ils se croient plus vertueux que les autres, ils s'imaginent qu'ils sont plus parfaits que les autres, etc. »

Nous n'y pouvons rien!  Nous estimons qu'il y a une doctrine, qu'il y a une vertu, qu'il y a une manière de se conduire dans la vie chrétienne, nous essayons dans la mesure du possible, dans la mesure de nos petits moyens, dans la mesure de la grâce du bon Dieu, de garder la vie chrétienne, de garder la Tradition. Évidemment, cela condamne ceux qui sont contre la Tradition. Alors, ils s'énervent contre nous, sous prétexte que nous avons l'air de gens qui se croient meilleurs que les autres.

Nous ne nous croyons pas meilleurs que les autres, mais la vérité est meilleure que l'erreur. Nous n'y pouvons rien, c'est comme ça. La vertu est meilleure que le vice. Nous n'y pouvons rien.

Ce n'est pas nous que nous défendons, c'est le bon Dieu! C'est Lui qui est la vertu, c'est Lui qui est la vérité. Nous, nous essayons dans toute la mesure du possible de suivre Notre-Seigneur, de suivre le bon Dieu, dans la vérité, dans la vertu. Cela ne dépend pas de nous ! Nous ne sommes pas libres d'aimer la vertu ou d'aimer la vérité.
Tout miel avec l'incroyant : Voyez l'attitude de l'Église conciliaire avec les ennemis de l'Église, avec les juifs qui refusent Notre-Seigneur, avec les musulmans qui massacrent les catholiques, etc.

Laisser le prochain dans l'erreur et le vice, sous prétexte de liberté, même de liberté religieuse comme le veut Vatican II, ce n'est pas l'aimer.

C'est comme si un docteur disait à son malade: « Mais non, mais non, vous n'êtes pas malade, ce n'est pas grave ce que vous avez. Ce n'est pas la peine de vous soigner, pas la peine de croire que vous êtes malade. » Il laisse le malade dans sa maladie et ne le soigne pas.

Un bon médecin dira: «Vous êtes malade, il faut que je vous soigne. On va vous donner des médicaments qui vont peut-être vous faire souffrir, mais si vous voulez que je vous soigne, si vous voulez que je vous rende la santé, je suis bien obligé d'en passer par là. » C'est lui qui aime vraiment son malade.

Celui qui dit : « Ce n’est pas grave, vous reviendrez une autre fois » et qui laisse son malade dans sa maladie n’aime pas son prochain : c’est clair ! 

Nous sommes donc placés devant un choix :
-soit la vraie charité, la charité de la vérité, celle qui vient du Saint-Esprit, l’Esprit de vérité qui procède du Fils-Vérité,
-soit la fausse charité, la charité libérale qui vient du diable, fidèle à sa devise : « Non serviam, je ne servirai pas. »

Saint Paul a prédit qu’au temps de l’Antéchrist, les hommes ne voudraient plus de la charité de la vérité qui peut les sauver : « Caritatem veritatis nn receperunt ut salvi fierent » (2 Th 2, 10).  Que la très sainte Vierge, Mère du bel amour, nous conserve dans la vraie charité en ces heures troublées !

(1) - Remarquons bien que le seul évêque qui a été excommunié (par la Rome conciliaire), qui est mort excommunié, qui est toujours excommunié, c'est précisément Mgr Lefebvre (et Mgr de Castro Mayer pour l'avoir suivi), lui qui avait pour devise: credidimus caritati, nous croyons à la charité (à la vraie charité).

Résolution

En ce mois de juillet, nous honorons tout particulièrement le Précieux Sang de notre Divin Sauveur,  qui n’a pas hésité à verser tout Son sang pour nous.  Pour notre part, n’avons-nous pas parfois tendance à édulcorer la Vérité … pour « ne pas faire mal », sous prétexte de Charité … fausse charité libérale ?  De cette  manière, imitons-nous notre doux Sauveur ?

dimanche 7 juin 2020

JUIN 2020


Vraie et fausse charité



Nous reproduisons un extrait de la Lettre des dominicains d'Avrillé n°37 (Mars 2006)

Chers parents, amis et bienfaiteurs,

Le 12 mars 1989, Mgr Marcel Lefebvre donnait une conférence au M.J.C.F. sur le thème de la charité.  C'est cette conférence, légèrement remise en forme et complétée, que nous vous livrons ici.

Notre-Seigneur nous a dit que les commandements de Dieu se résument dans les deux commandements de l'amour de Dieu et du prochain:


Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattachent toute la loi et les prophètes (Mt 22,37-40).

Saint Paul l'a confirmé:

Plenitudo legis est dilectio : Celui qui aime accomplit toute la loi (Ro 13, 10).

La charité est donc le commandement fondamental, celui que Dieu nous impose en nous créant.
Pourquoi cela? Parce que Dieu est charité: Deus caritas est, c'est ce que dit saint Jean dans sa première épître (4, 16). Tout est charité en Dieu: c'est comme une lumière qui illumine toute la divinité.

Il est normal que, si Dieu est charité, il nous demande aussi de l'imiter et d'être, comme lui, charité.  Cette charité est diffusée en nous par l'Esprit- Saint : l'Esprit-Saint, c'est la charité en Dieu, c'est le lien de charité entre le Père et le Fils.

La vraie charité

On nous fait des objections: «Ah! vous n'êtes pas charitable, parce que vous êtes intolérant, vous êtes intransigeant. Vous êtes contre la charité. »

Puisque Dieu a voulu se donner la peine de venir parmi nous, dans toute sa vie, dans tout son comportement, dans toute son attitude, il a été charité.  Il ne peut pas être autre chose. Notre-Seigneur Jésus-Christ n'a pas pu faire le moindre geste qui fût contre la charité: ce n'est pas possible étant donné que sa propre définition, c'est la charité!

Notre-Seigneur a été très bon, très miséricordieux vis-à-vis de ceux qui reconnaissaient leurs  fautes, leurs misères, qui étaient  donc dans la vérité : voyez sainte Marie-Madeleine, la femme adultère, tous les malades, les estropiés, qui représentaient pour lui les pécheurs; car il est venu pour les pécheurs, pour ceux qui, comme le publicain, confessaient leurs péchés et lui donnaient leur foi, se mettaient dans la lumière de la vérité de la foi : « Si tu crois, tout est possible а celui qui croit. Va, ta foi t'a sauvé. »


Mais en revanche, vis-à-vis de ceux qui s'opposaient à lui, à son message de vérité, qui refusaient de le croire, qui refusaient de se reconnaître pécheurs, alors Notre-Seigneur était très dur: « Malheur а vous scribes et pharisiens hypocrites, sépulcres blanchis, génération perverse et adultère ».  Il était surtout terrible avec ceux qui étaient élevés en dignité et qui empêchaient les autres de venir à lui, qui les détournaient de la vérité.

La vraie charité, écrit l'abbé Roussel , sait que le premier bien est la vérité: la propager sera donc son premier devoir. Et, parce qu'elle aime avec ferveur, elle déteste avec vigueur: elle voue une haine implacable au mal, à l'erreur, au péché, et elle vise à ruiner tous les obstacles qui s'opposent à la mission apostolique de l'Église.  Commentant la parole de saint Paul: «focientes veritatem in caritate (faisant la vérité dans la charité) »,  le cardinal Pie écrit: « La charité implique avant tout l'amour de Dieu et de la vérité; elle ne craint donc pas de tirer le glaive du fourreau pour l’intérêt de la cause divine ; sachant que plus d'un ennemi ne peut être renversé ou guéri que par des coups hardis et des incisions salutaires ». (Abbé A. ROUSSEL, Libéralisme et catholicisme, Rennes, 1926, p. 77-78.)

On peut expliquer un peu cette attitude de la vraie charité en demandant à saint Thomas d'Aquin quelques lumières. La vraie charité consiste à aimer Dieu par-dessus toutes choses et le prochain pour l'amour de Dieu.  Or, nous dit saint Thomas, aimer le prochain pour l'amour de Dieu, cela signifie deux choses: qu'il faut aimer son prochain « pour ce qu'il y a de Dieu en lui (Amatur propter id quod est Dei in ipso (II-II, q. 25, a. 1, ad 1)) » et « pour le porter à Dieu (Hoc debemus in proximo diligere, ut in Deo sit (II-II, q. 25, a. 1)) ».

-  « Pour ce qu'il y a de Dieu en lui. » Ce n'est pas compliqué, ce n'est pas long comme formule. Mais c'est très profond. Tirons-en les conséquences :
  
Qu'est-ce qu'il y a de Dieu dans notre prochain? Il y a toute la création, toutes les qualités que le Bon Dieu a mises en lui : la vie, l'intelligence, la volonté.  Ensuite toutes les qualités qu'il a acquises avec l'aide de Dieu, toutes ses vertus.
  
Qu'est-ce qui ne vient pas de Dieu? Le péché, les mauvaises tendances: cela ne vient pas de Dieu. Donc, il ne faut pas l'aimer. Or, précisément, c'est ce que les hommes, souvent, aiment ou flattent dans les autres. Hélas!    
Par exemple, des parents ont quelquefois cette mauvaise habitude de flatter les mauvais instincts de leurs enfants. On leur dit: « Votre fils, il a mauvais caractère! ».   Ils répondent: « Oh ! Mais c'est qu'il a de la volonté! » On excuse ainsi le mauvais caractère de l'enfant en disant: « Il a de la volonté, il sait ce qu'il veut. » Oui, il sait ce qu'il veut, mais précisément il veut le mal.  « Ça n'a pas d'importance : pourvu qu'il ait du caractère, ce sera un homme. » Et voilà !
  
Des choses comme cela sont ridicules, mais très mauvaises pour les enfants! Dans ce cas-là, on n'aime pas ce qu'il y a de Dieu dans l'enfant. On aime ce qui vient de lui, les mauvaises tendances, les défauts.
  
-  «Il faut aimer le prochain pour le porter à Dieu», dit encore saint Thomas. Donc, si on veut vraiment manifester son amour envers le prochain, on doit faire tout son possible pour l'encourager à faire le bien, à faire ce que le bon Dieu veut. C'est ça, la vraie charité ! Le reste est contraire à la charité.
       
Sans doute, il ne faut pas toujours faire des reproches; mais si on est assez intime avec quelqu'un, et si on lui fait un petit reproche sur telle ou telle chose pour lui faire du bien, il ne faut pas que la réaction de l'ami, ou la réaction des personnes qui nous entendent, soit: « Oh ! Quand même! Vous n'êtes pas charitable vis-à-vis de votre ami! Qu'est-ce que vous lui avez dit ?  Vous lui avez fait une remarque ! »
 
Si c'est une remarque qui est faite avec gentillesse, avec bonté, manifestant, justement, le désir de faire du bien et non pas le désir de mépriser, c'est manifester sa charité ! Une maman qui reprend son enfant, ou un papa qui corrige son enfant, ne manquent pas à la charité. Pas du tout !  Au contraire, ils manifestent leur charité envers leur enfant, dont ils veulent  essayer de corriger les défauts pour lui rendre service, pour le remettre dans le droit chemin.   
On sait bien que soi-même, on n'est pas parfait: on peut quand même vouloir faire du bien; ce n'est pas manquer à la charité, au contraire !

(Suite en juillet)

Résolution

Après ce mois de mai où nous nous sommes efforcés de mieux nous unir à notre Bonne Mère du Ciel par la consécration selon la méthode de Saint Louis-Marie, nous nous examinerons sur notre manière de comprendre la Charité, Notre-Dame nous étant un parfait modèle !  Comment considérons-nous notre prochain ?

mercredi 8 avril 2020

AVRIL 2020


PREMIÈRE PAROLE : LA COLÈRE
« Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font».

La passion qui, plus que toute autre, plonge dans la nature rationnelle de l'homme de profondes racines, c'est la colère. Il peut y avoir compatibilité entre la colère et la raison, car la colère est fondée sur la raison qui pèse l'injure faite et la satisfaction qu'il faut en exiger. - Nous ne nous mettons pas en colère à moins d'avoir subi quelque injure - ou de le croire.

Toute colère n'est pas coupable, car il existe une juste colère.  Nous en trouvons l'expression la plus parfaite en Notre-Seigneur chassant les vendeurs du Temple. Passant dans l'ombre des portiques à la fête de Pâque, il y trouva des commerçants avides dont les victimes étaient les fidèles désireux d'acheter des agneaux et des colombes pour les sacrifices.

Faisant un fouet de cordelettes il passa au milieu d'eux avec une calme dignité et une splendide maîtrise de soi, plus impressionnantes que le fouet. Il chassa au-dehors les bœufs et les moutons; de ses mains, il renversa les tables des changeurs qui se bousculèrent pour ramasser leurs pièces d'argent roulant sur le sol; du doigt il désigna les vendeurs de colombes et leur ordonna de quitter l'enceinte extérieure; à tous il dit : « Enlevez cela d'ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafiquants ».

Alors fut accomplie l'injonction de l'Ecriture: « Mettez-vous en colère et ne péchez pas ». Pour que la colère ne soit pas un péché il faut trois conditions: 1 ° Que la cause en soit juste: par exemple la défense de l'honneur de Dieu; 2° qu'elle ne dépasse pas les exigences de la cause, c'est-à-dire qu'elle soit contrôlée par la raison; 3° qu'elle soit rapidement maîtrisée: « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ».

Ici nous n'avons pas affaire à la colère juste, mais à la colère injuste, à celle qui n'a pas de cause légitime, à la colère excessive, vindicative, prolongée; à cette colère, à cette haine de Dieu, qui a détruit la religion sur un sixième de la surface de la terre; qui pendant la guerre civile en Espagne a brûlé 25.000 églises et chapelles, et massacré 12.000 serviteurs de Dieu; à cette haine qui n'est pas dirigée seulement contre Dieu mais contre autrui, et qu'enflamment les disciples de la guerre des classes qui parlent de paix et trouvent gloire dans la guerre; à cette colère rouge qui fait monter le sang au visage; à cette colère blanche qui le ramène au cœur et qui fait pâlir; à cette colère qui veut rendre le mal pour le mal, coup pour coup, œil pour œil, mensonge pour mensonge ; à la colère du poing tendu prêt à frapper non pour défendu qu'on aime, mais pour attaquer ce qu'on hait; en un mot à cette colère qui détruira notre civilisation si nous ne la surmontons par l'amour.

Notre-Seigneur est venu réparer le péché de colère, d'abord en nous enseignant une prière: «Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés» ; puis en nous donnant un précepte : « Aimez vos ennemis, faites du bien ceux qui vous haïssent».  Plus concrètement encore, il ajouta: « Si quelqu'un veut t'obliger à faire un mille avec lui, fais-en deux. .. celui qui veut t'appeler en justice pour avoir ta tunique, abandonne aussi ton manteau ».

La vengeance et les représailles sont défendues: « Vous avez entendu qu'il a été dit : œil pour œil, dent pour dent ...  Mais, moi, je vous dis : Aimez vos ennemis».  Ces préceptes étaient d'autant plus frappants, qu'il les pratiquait lui-même.

Quand les Générasiens se fâchèrent contre lui parce qu’il attachait plus de valeur à un homme infirme qu'à un troupeau de porcs, l'Ecriture ne rapporte aucune réplique : « Entrant dans la barque, il passa de l'autre côté du lac ».   Au soldat qui le frappa de son poing armé, il répondit avec douceur : « Si j'ai mal parlé, prouve-le, mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu» ?

La réparation parfaite pour la colère fut offerte au Calvaire.  L'on pourrait dire que la colère et la haine conduisirent le Sauveur sur cette colline.  Son propre peuple le haïssait puisqu'il demanda son crucifiement;  la loi le haïssait puisqu'elle renia la justice pour condamner le Juste; les Gentils le haïssaient puisqu'ils consentirent à sa mort; les forêts le haïssaient puisqu'un arbre porta le fardeau de son poids; les fleurs le haïssaient puisqu'elles entrelacèrent des épines pour son front; les entrailles de la terre le haïssaient puisqu'elles donnèrent du fer pour le marteau et les clous.

Enfin pour personnifier toute cette haine, la première génération de poings tendus qu'il y eut dans l'histoire, debout au pied de la Croix, les brandit à la face de Dieu. Ce jour-là on déchira son corps en lambeaux, comme aujourd'hui on brise son tabernacle ; naguère en Espagne et en Russie on a mis les crucifix en pièces de même que jadis sur le Calvaire on frappa le Crucifié.

Ne croyez pas que le poing fermé soit une nouveauté du XXe siècle; les gens au cœur glacé qui le lèvent aujourd'hui sont la postérité directe de ceux qui, au pied de la Croix, levaient la main contre l'Amour et chantaient d'une voix rauque la première Internationale de la haine.

Lorsqu'on contemple ces poings crispés, on ne peut s'empêcher de sentir que si jamais colère put être justifiée, si jamais il convint à la justice de juger, si jamais le pouvoir eut le droit de frapper, si jamais l'innocence put légitimement protester; si jamais Dieu put à bon droit, tirer vengeance de l'homme, ce fut à ce moment-là.

Et pourtant en cet instant où la faucille et le marteau s'unirent pour couper l'herbe sur la colline du Calvaire afin d'y ériger une Croix et pour enfoncer des clous dans les mains de l'Amour incarné afin de les empêcher de bénir, le Sauveur, pareil à l'arbre qui parfume la cognée qui le tue, laissa tomber pour la première fois sur cette terre la parole qui répare parfaitement pour la colère et la haine, prière pour l'armée des poings tendus: « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ».

Le plus grand pécheur peut maintenant être sauvé; le péché le plus noir peut être effacé; le poing crispé peut s'ouvrir; l'impardonnable peut être pardonné.   Alors qu'ils étaient sûrs de savoir ce qu'ils faisaient, il s'empara du seul moyen de pallier leur crime, et il le fit valoir aux yeux de son Père avec toute l'ardeur d'un  Cœur miséricordieux : leur excuse, c'est l'ignorance : « ils ne savent pas ce qu’ils font ».  S’ils savaient ce qu’ils faisaient en clouant l’Amour sur un arbre, et s’ils continuaient pourtant de le faire, ils ne seraient jamais sauvés.  Ils seraient damnés.

C’est parce que les poings se ferment par ignorance qu’ils peuvent s’ouvrir et se transformer en mains jointes ; c’est parce que la langue blasphème par ignorance qu’elle peut encore prier.  Ce n’est pas la sagesse  consciente qui sauve ; c’est l’ignorance inconsciente.

Mgr F.SHEEN (Du haut de la Croix – p 209 à 212)

Résolution 

Nos colères sont-elles justes ou injustes ?  Les premières participent de la Charité, les secondes vont à son encontre.  Au temple et du haut de la Croix, Notre-Seigneur nous en montre l’exemple.

jeudi 19 mars 2020

MARS 2020


NEUVAINE A SAINT JOSEPH,
MODÈLE ET PATRON DES AMIS DU SACRE-CŒUR


Avant chaque prière quotidienne

Aimé soit partout le Sacré-Cœur de Jésus ! (100 jours d’ind. Pie IX)
Notre Dame du Sacré-Cœur, priez pour nous ! (300 jours d’ind. Chaque fois. Pie X)
Saint Joseph, priez pour nous ! (100 jours d’ind. Une fois par jour, Leon XIII)

Après chaque prière quotidienne

OREMUS
Souvenez-vous, Ô Glorieux Saint Joseph, Modèle et Patron, des amis du Sacré Cœur, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, sollicité votre secours et imploré vos suffrages, ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance, Ô Chaste Epoux de Marie, Ô mon tendre mon Père, je viens à vous et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô juste Joseph, père nourricier du Verbe fait homme pour moi, ne méprisez pas ma prière, mais écoutez-la favorablement et daignez l’exaucer. Ainsi soit-il.

PREMIER JOUR

Glorieux et aimable Saint Joseph, je viens vous invoquer pendant neuf jours sous un titre qui vous est cher. Vous avez beaucoup aimé le Cœur de Jésus et ce divin Cœur vous a infiniment aimé. Vous êtes vraiment le MODELE ET LE PATRON DES AMIS DU SACRE-CŒUR. Autre est la clarté du soleil, autre la clarté de la lune, et une étoile diffère d’une autre en éclat. Ainsi les saints diffèrent entre eux. Tous furent les amis du Cœur de Jésus, mais vous l’avez été plus que tous, après la Bienheureuse Vierge Marie. Aussi tous s’inclinent devant vous. L’ancien Joseph vit le soleil, la lune et onze étoiles l’adorer.  Or Jésus, soleil de justice, Marie, douce comme la lune, les apôtres et les saints, brillants comme des étoiles, se sont inclinés devant vous.
Je me joins à eux, Ô Joseph. Je vous salue, ô vous qui êtes le grand Modèle et le Patron des amis du Sacré-Cœur et je vous prie de m’accorder ce que je vous demande pendant cette neuvaine.

DEUXIEME JOUR

Saint Jean, le disciple bien aimé, fut chois de Jésus pour sa pureté virginale ; il a reposé sa tête sur ce Cœur sacré ; il a été le gardien de la plus pure des vierges et de Jésus lui-même. Ô aimable Saint Joseph, ce que saint Jean n’a fait qu’une fois, vous l’avez fait bien souvent. Jésus aussi a reposé sa tête innocente sur votre Cœur si pur. Marie, la Vierge Immaculée, vous a été confiée pendant de longues années.
Oh ! Penchez-vous encore sur le Cœur de Jésus, et vous unissant à Notre-Dame du Sacré-Cœur, demandez à votre divin Ami de me rendre doux et humble de cœur. Obtenez-moi de Lui ce que je vous demande pendant cette neuvaine.

TROISIEME JOUR

Le précurseur du Messie, saint Jean-Baptiste, s’est appelé « l’ami de l’Epoux ». Il a prêché dans le désert et a annoncé le Sauveur. Il a été un modèle de mortification. Vous, Ô Glorieux Saint Joseph, vous avez été « l’ami par excellence de l’Epoux et de l’Epouse ». Vous avez vécu avec eux. Vous avez porté Jésus dans vos bras, dans les déserts de l’Egypte ! Vous avez pratiqué une mortification continuelle et vous avez prêché par un silence éloquent.
Rendez-moi, ô bienheureux Père, l’ami de Jésus et Marie, l’ami de la mortification et du silence. Accordez-moi ce que mon cœur désire, toujours conformément à la volonté de Dieu que vous avez si parfaitement accomplie.

QUATRIEME JOUR

Jésus a appelé Lazare son ami. Lazare a reçu plusieurs fois Jésus à Béthanie. Vous, ô Saint Joseph, vous l’avez gardé pendant bien des années. Jésus n’était pas à la mort de Lazare ; il était loin ; mais il assisté à la vôtre, vous donnant la main dans le passage du temps à l’éternité. Il a ressuscité Lazare et nous croyons pieusement, quoique ce ne soit pas de foi, que vous êtes en corps et en âme dans le ciel.  Ô ami privilégié de Jésus, faites-moi vivre en union avec lui. Qu’il habite toujours avec moi par la foi et par la grâce. Qu’il ne m’abandonne pas à l’heure de la mort. Que je meure en sa compagnie, en celle de Marie et en la vôtre. Qu’il me place à côté de vous dans le séjour des élus.
Ô Saint Joseph, Modèle et Patron des amis du Cœur de Jésus, accordez-moi les autres grâces que je vous demande.

CINQUIEME JOUR

L’EVANGILE nous dit que Jésus aimait Marthe. Celle-ci a servi Jésus quelquefois ; vous, ô Joseph, vous l’avez servi pendant de longues années, vous l’avez servi du matin au soir et du soir au matin. Marthe était troublée dans sa sollicitude, et vous, vous avez servi Jésus en paix et dans les plus pénibles circonstances. Marthe a nourri quelquefois son divin Sauveur ; vous, vous lui avez gagné le pain de chaque jour. Vous n’avez pas oublié « l’unique nécessaire ».
Oui, vous êtes l’ami fidèle et le père nourricier de Jésus. Je vous confie mon âme, nourrissez-la des vertus que vous avez pratiquées. Faites-moi éviter le trouble et l’agitation. Enseignez-moi l’unique nécessaire et obtenez-moi les grâces que je demande au Cœur sacré de Jésus par votre puissante intercession.

SIXIEME JOUR

Le Saint Evangile nous dit encore que Jésus aimait Marie-Madeleine. Cette illustre Sainte a arrosé des larmes du repentir les pieds de Jésus. Vous, ô Saint Joseph, vous les avez arrosés de la tendresse. Madeleine lui a prodigué ses parfums, vous lui avez prodigué vos sueurs et vos peines. Madeleine a baisé les pieds de Jésus, et vous, ô Joseph, vous avez baisé ses innocentes mains et son front serein, vous l’avez pressé contre votre cœur. Madeleine le cherchait, après sa mort, pendant qu’il vous visitait dans les limbes.
Ô Modèle et Patron des amis du Cœur de Jésus, obtenez-moi le pardon de mes péchés, des larmes de repentir et d’amour. Que je travaille désormais pour la gloire de ce Cœur sacré et l’avènement de son règne. Daignez m’obtenir aussi les grâces que je demande pendant cette neuvaine.

SEPTIEME JOUR

Je ne vous appellerai plus serviteur, disait Jésus à ses apôtres, mais je vous appellerai « mes amis », parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. A vous j’ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Ô Glorieux Saint Joseph, vous avez connu avant les apôtres le grand mystère de l’Incarnation. Que de secrets, après celui-là, Jésus ne vous a-t-il pas révélés ! Comme les apôtres, vous êtes allé porter le Sauveur aux nations étrangères, au péril de votre vie. Avec Marie, vous avez été le premier missionnaire du Sacré-Cœur. Vous avez été le martyr caché et inconnu du secret de l’Incarnation et vous êtes mort d’amour pour Jésus.
Saint Joseph, Modèle et Patron des amis du Sacré-Cœur, rendez-moi, en quelque manière, votre imitateur. Nous pouvons tous être plus ou moins les missionnaires du Sacré-Cœur. Embrassez mon cœur du feu de votre zèle et de votre amour pour le divin Cœur. Je vous demande de nouveau la grâce particulière de cette neuvaine.

HUITIEME JOUR

L’EXODE nous dit : « Le Seigneur parlait à Moïse face à face comme un homme a coutume de parler à son ami ». Le Verbe fait chair vous parlait véritablement face à face, ô Grand Saint Joseph ! Il ne vous parlait pas sous une forme mystérieuse et empruntée. Il vous parlait « comme un ami à son ami », bien plus, comme un enfant à son père. Il parlait à votre oreille, à votre cœur. Moïse a conduit le peuple dans le désert, et vous, ô Saint Joseph, vous y avez conduit et protégé Jésus et Marie. La loi, dit l’apôtre, a été donnée par Moïse et la grâce par Jésus-Christ.
Ô Modèle et Patron des amis du Sacré-Cœur, apprenez-moi à converser avec Jésus. Obtenez-moi l’esprit d’oraison, l’esprit vraiment intérieur et la plus grande fidélité à la loi du Seigneur. Apprenez-moi à aimer Dieu et le prochain ; c’est là toute la loi.

NEUVIEME JOUR

Ô Saint Joseph, qui avez tant aimé le Sacré Cœur, si je cherchais dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau tous les saints qui ont été les amis de Dieu ; si je relisais la vie de tous les bienheureux qui ont illustré l’Eglise catholique, je pourrais dire avec Sainte Thérèse, votre fidèle servante, que vous les surpassez tous par les soins que vous avez rendus à Jésus et à Marie, par votre dignité et par le grand nombre de grâces que vous pouvez nous accorder et par la place que vous occupez dans le ciel.
Aussi je me jette à vos pieds et vous demande toutes les grâces spirituelles et temporelles que vous savez m’être nécessaires. Je vous confie le soin de mon âme et de mon corps, de ma vie intérieure et extérieure, de la durée de mon existence et du moment de ma mort. Je désire être à votre exemple un ami du Cœur de Jésus, un ami de Notre-Dame du Sacré Cœur, un ami de vous-même. Jésus, Marie, Joseph ! Ô doux noms, soyez toujours sur mes lèvres !... Que je les chante ici-bas dans les jours de mon pèlerinage, que je les chante en quittant l’exil ! Que je les chante à jamais dans l’éternelle Patrie ! Ainsi soit-il.


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mardi 4 février 2020

FEVRIER 2 020

Jésus et la Samaritaine


Bien souvent, hélas, le prochain est un écran de Dieu au lieu d’être un transparent de Dieu. Par son attrait humain ou le vertige de la chair, il nous attire à lui, nous perdant en lui et avec lui.  A moins, qu'au contraire, il nous demeure étranger, indifférent.  Dans nos contacts avec les autres, bien peu nous livrent Dieu. Il suffirait, cependant, de nous rencontrer en son Nom « pour que Dieu soit » au milieu de nous.

Le comportement vis-à-vis du prochain fait d’abord l'objet d'un devoir primordial puisque semblable au premier de tous : l'amour de Dieu.  L’Évangile nous l’enseigne : « Mon Commandement est que vous vous aimiez les uns les autres ».  Et l'apôtre Saint Jean ajoute : « Aimez-vous…  C'est le Commandement du Seigneur, et à lui seul, il suffit ».

Nous oublions généralement que nous ne pouvons mesurer l'amour de Dieu qu'à travers l'amour que le Christ nous a manifesté.  Or, le Christ nous a aimés comme son prochain, et pour cela, il a commencé par se faire homme, c’est-à-dire semblable à nous.  Mais bien plus, Il a donné sa vie pour nous.  Ne serait-il pas logique alors que nous aussi nous donnions notre vie pour nos frères, sous quelque forme que fût ce don?

L'amour du prochain exige de nous une attention particulière : l'attention qui est la base de toute charité.  Différents seront les aspects qu'elle pourra revêtir : selon les cas, l'attention sera intellectuelle, psychologique ou sensible.  Cependant, ces différentes formes de l'attention présentent un caractère commun : une sortie de soi-même pour se concentrer dans autrui.  Ce don de soi exige certaines conditions.  Pour donner sa vie, il ne faut pas être prisonnier de soi-même, mais désapproprié, vidé, dégagé de tout lien d'égoïsme, jusqu'à renoncer à la réussite personnelle de sa vie.  Se concentrer en autrui, tel est le but de cette libération.  Cette concentration, analogue à celle que réclame un travail intellectuel, est toutefois différente en ce qu’elle doit être désintéressée.  Le don de soi ne doit pas s'accompagner d'un retour sur soi-même.

L'attention au prochain est pour lui, et pour lui seul.  Il nous faut le considérer d'une manière objective sans chercher à projeter sur lui un reflet de notre personnalité.  Aimer le prochain sera avant tout prendre conscience de son existence profonde, réelle, individuelle.  Cela implique que nous le regardions au lieu de nous contenter de le voir.  Dans la parabole du bon Samaritain, le prêtre et le lévite voient le pauvre malheureux gisant à terre : ils le voient et passent outre.  Alors que le Samaritain le voit aussi, mais s'arrête et cherche ce dont cet homme a besoin.

Regarder autrui, c'est donc s'efforcer de découvrir ses besoins, ses désirs, ses tendances, ses difficultés, ses aspirations, ses souffrances. Après les avoir découverts, il faudra lui donner ce dont il manque, et non pas seulement ce qu'il nous plairait de lui donner.

Tout cela requiert une ouverture d’âme qui n’est pas une tendance innée.  Aussi faudra-t-il se livrer à une éducation de l'attention.  Pourquoi ne pas penser d’avance à nos rencontres avec les autres ?  Ne pourraient-elles pas avoir une place dans notre examen de prévoyance ?  Je verrai telle personne aujourd'hui, que puis-je dire, que puis-je faire pour elle, que sont ses préoccupations ?  Nous préparons bien une lettre, une démarche, pourquoi ne pas préparer nos rencontres mêmes banales, car rien n'est banal au regard de Dieu ?  L’attention engendre les attentions, c'est-à-dire les délicatesses qui ouvrent la vie de son cœur et frayent le chemin de la grâce…  Si nous lisons attentivement l'évangile, nous verrons avec quelle délicatesse Notre-Seigneur sait dire aux âmes qu'Il rencontre la parole qui lui livrera leur cœur et prouve la divine « attention » qu’Il leur porte.

Ainsi, peu à peu, l'attention devient un état habituel, cet « état d’âme amical »  qui s’appelle aussi la bonté.  Or, cette bonté qui consiste à s'oublier pour penser aux autres, n'est possible que si nous sommes désencombrés de nous-mêmes.

Ce devoir d'amour du prochain est peut-être le plus difficile de tous.  Il demande de surmonter les tendances les plus profondes de notre être, et, d'autre part, il ne laisse place à aucune illusion en nous obligeant sans cesse à passer à l'acte.  Il s'appuie négativement sur le détachement et positivement sur l'amour.

Nos contacts fréquents avec le prochain sont donc une occasion merveilleuse de vivre l'instant présent.  Rencontrant Dieu sous des aspects divers, nous pouvons nous unir à Lui sans cesse, faisant en chaque instant ce que Lui-même nous demande de faire.

R.P. Victor de la Vierge

Résolution

De la manière dont nous percevons le prochain dépend notre zèle apostolique.