lundi 5 novembre 2018

NOVEMBRE 2018


Inséparable de la vérité est la charité héroïque.  


Baiser de Judas (Giotto)

Une vie qui veut être dans la lumière de Dieu ne peut que tendre à une charité où l'on se perde totalement car la lumière c'est que Dieu est amour et miséricorde: « Notre Père qui êtes aux cieux ... ».  Il importe de bien voir que la charité de Jésus est héroïque et d'écarter décidément ces images douceâtres d'un Messie vaguement idéaliste. Le Christ, le Fils du Dieu vivant est « celui que le Père aime parce qu'il donne sa vie pour ses brebis; nul ne la lui prend, mais il la donne de lui-même. » Il est celui dont l'amour pour le Père éclate dans les tourments de la Passion: « Père si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que ta volonté soit faite et non la mienne ... Entre tes mains, je remets mon esprit. » Si l'héroïsme consiste à faire bon marché de sa vie pour l'immoler à des valeurs supérieures comment un tel amour du Christ pour son Père ne serait-il pas ineffablement héroïque?  Il en est de même de son amour pour nous, ses frères. Il savait ce qu'il y a dans l'homme (et dans l'humanité), il n'avait pas besoin qu'on lui en rendît témoignage. Or, lui, qui savait cela mieux que nul connaisseur de l'homme, n'a méprisé personne et pas même Judas, le traître: « Mon ami, avec ce que tu viens de faire ... ».  A vrai dire, le Christ aime les hommes bien au-delà de leur qualité humaine, bien plus profondément, jusqu'à ce fonds mystérieux où les plus nobles et les meilleurs comme les plus médiocres et les plus vils sont encore infiniment distants de Dieu. Il les aime à cette profondeur dernière où le péché les sépare de Dieu et où la grâce peut les rejoindre à Dieu.




Et, pour qu'arrive cette divinisation, il s'offre en sacrifice se livrant au supplice des esclaves. « Il n'est pas plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime ... Le pain que je donnerai c'est ma chair pour la vie du monde ...Ceci est le calice de mon sang répandu pour vous et pour la multitude. » On comprend après cela que Jésus demande de nous semblable héroïsme dans l'amour du Père céleste et du prochain: « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait... » ; «Ne pardonnez pas seulement sept fois, mais soixante- dix-sept fois sept fois ... ». Saint Jean, qui avait compris la leçon, écrivait tout uniment: « A cela nous avons connu l'amour de Dieu qu'il a donné sa vie pour nous; et nous aussi nous devons la donner pour nos frères. » Non pas bienveillance vague qui, pour avoir la force de sourire platement aux êtres, évite de les voir comme ils sont, mais charité héroïque qui, sachant que tous les hommes sont de pauvres pécheurs, les aime assez  pour se sacrifier d'une manière ou d'une autre, afin que leur nature soit recréée dans la grâce.

R.P. Calmel : Selon l'Evangile (p 24 à 26)

Résolution

A méditer pour grandir réellement dans la Charité.  Nous pouvons prendre la résolution  de poser au cours de ce mois quelques actes de Charité (prières en particulier) à l’égard de ceux dont nous percevons une plus grande misère morale, pour que le Bon Dieu les recréé dans sa grâce.