Inséparable de la vérité est la
charité héroïque.
Une vie qui veut être dans la lumière de Dieu ne peut que
tendre à une charité où l'on se perde totalement car la lumière c'est que Dieu
est amour et miséricorde: « Notre Père
qui êtes aux cieux ... ». Il importe
de bien voir que la charité de Jésus est héroïque et d'écarter décidément ces
images douceâtres d'un Messie vaguement idéaliste. Le Christ, le Fils du Dieu
vivant est « celui que le Père aime parce
qu'il donne sa vie pour ses brebis; nul ne la lui prend, mais il la donne de
lui-même. » Il est celui dont l'amour pour le Père éclate dans les
tourments de la Passion: « Père si ce
calice ne peut passer sans que je le boive, que ta volonté soit faite et non la
mienne ... Entre tes mains, je remets mon esprit. » Si l'héroïsme consiste
à faire bon marché de sa vie pour l'immoler à des valeurs supérieures comment
un tel amour du Christ pour son Père ne serait-il pas ineffablement
héroïque? Il en est de même de son amour
pour nous, ses frères. Il savait ce qu'il y a dans l'homme (et dans
l'humanité), il n'avait pas besoin qu'on lui en rendît témoignage. Or, lui, qui
savait cela mieux que nul connaisseur de l'homme, n'a méprisé personne et pas
même Judas, le traître: « Mon ami, avec
ce que tu viens de faire ... ». A
vrai dire, le Christ aime les hommes bien au-delà de leur qualité humaine, bien
plus profondément, jusqu'à ce fonds mystérieux où les plus nobles et les
meilleurs comme les plus médiocres et les plus vils sont encore infiniment distants
de Dieu. Il les aime à cette profondeur dernière où le péché les sépare de Dieu
et où la grâce peut les rejoindre à Dieu.
Et, pour qu'arrive cette divinisation, il s'offre en
sacrifice se livrant au supplice des esclaves. « Il n'est pas plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on
aime ... Le pain que je donnerai c'est ma chair pour la vie du monde ...Ceci
est le calice de mon sang répandu pour vous et pour la multitude. » On
comprend après cela que Jésus demande de nous semblable héroïsme dans l'amour
du Père céleste et du prochain: « Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait... » ; «Ne pardonnez pas
seulement sept fois, mais soixante- dix-sept fois sept fois ... ». Saint
Jean, qui avait compris la leçon, écrivait tout uniment: « A cela nous avons connu l'amour de Dieu qu'il a donné sa vie pour
nous; et nous aussi nous devons la donner pour nos frères. » Non pas
bienveillance vague qui, pour avoir la force de sourire platement aux êtres,
évite de les voir comme ils sont, mais charité héroïque qui, sachant que tous
les hommes sont de pauvres pécheurs, les aime assez pour se sacrifier d'une manière ou d'une
autre, afin que leur nature soit recréée dans la grâce.
R.P. Calmel : Selon l'Evangile (p 24 à 26)
Résolution
A méditer pour grandir
réellement dans la Charité. Nous pouvons
prendre la résolution de poser au cours
de ce mois quelques actes de Charité (prières en particulier) à l’égard de ceux
dont nous percevons une plus grande misère morale, pour que le Bon Dieu les
recréé dans sa grâce.