mardi 11 décembre 2018

DÉCEMBRE 2018

Noël approche, le Nouvel An et l'heure des bilans ... 


A Noël, Dieu se donne gratuitement, nous devons faire de même.   C'est peut-être le bon moment d'écouter, ou ré-écouter, et méditer ce sermon de Monsieur l'abbé Pivert sur la vertu de Gratitude ( IIa-IIae, Q 106-107)







Résolution

Ne sommes-nous pas contaminés par cet esprit utilitariste ?  Rendons-nous au moins la déférence et l'honneur dus à  nos bienfaiteurs ?  Savons-nous donner gratuitement et recevoir avec le sourire ? 

"N'ayez aucune dette sinon celle de l'amour mutuel" (Rm 13, 8)

Télécharger les questions 106 et 107 de la Somme Théologique

lundi 5 novembre 2018

NOVEMBRE 2018


Inséparable de la vérité est la charité héroïque.  


Baiser de Judas (Giotto)

Une vie qui veut être dans la lumière de Dieu ne peut que tendre à une charité où l'on se perde totalement car la lumière c'est que Dieu est amour et miséricorde: « Notre Père qui êtes aux cieux ... ».  Il importe de bien voir que la charité de Jésus est héroïque et d'écarter décidément ces images douceâtres d'un Messie vaguement idéaliste. Le Christ, le Fils du Dieu vivant est « celui que le Père aime parce qu'il donne sa vie pour ses brebis; nul ne la lui prend, mais il la donne de lui-même. » Il est celui dont l'amour pour le Père éclate dans les tourments de la Passion: « Père si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que ta volonté soit faite et non la mienne ... Entre tes mains, je remets mon esprit. » Si l'héroïsme consiste à faire bon marché de sa vie pour l'immoler à des valeurs supérieures comment un tel amour du Christ pour son Père ne serait-il pas ineffablement héroïque?  Il en est de même de son amour pour nous, ses frères. Il savait ce qu'il y a dans l'homme (et dans l'humanité), il n'avait pas besoin qu'on lui en rendît témoignage. Or, lui, qui savait cela mieux que nul connaisseur de l'homme, n'a méprisé personne et pas même Judas, le traître: « Mon ami, avec ce que tu viens de faire ... ».  A vrai dire, le Christ aime les hommes bien au-delà de leur qualité humaine, bien plus profondément, jusqu'à ce fonds mystérieux où les plus nobles et les meilleurs comme les plus médiocres et les plus vils sont encore infiniment distants de Dieu. Il les aime à cette profondeur dernière où le péché les sépare de Dieu et où la grâce peut les rejoindre à Dieu.




Et, pour qu'arrive cette divinisation, il s'offre en sacrifice se livrant au supplice des esclaves. « Il n'est pas plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime ... Le pain que je donnerai c'est ma chair pour la vie du monde ...Ceci est le calice de mon sang répandu pour vous et pour la multitude. » On comprend après cela que Jésus demande de nous semblable héroïsme dans l'amour du Père céleste et du prochain: « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait... » ; «Ne pardonnez pas seulement sept fois, mais soixante- dix-sept fois sept fois ... ». Saint Jean, qui avait compris la leçon, écrivait tout uniment: « A cela nous avons connu l'amour de Dieu qu'il a donné sa vie pour nous; et nous aussi nous devons la donner pour nos frères. » Non pas bienveillance vague qui, pour avoir la force de sourire platement aux êtres, évite de les voir comme ils sont, mais charité héroïque qui, sachant que tous les hommes sont de pauvres pécheurs, les aime assez  pour se sacrifier d'une manière ou d'une autre, afin que leur nature soit recréée dans la grâce.

R.P. Calmel : Selon l'Evangile (p 24 à 26)

Résolution

A méditer pour grandir réellement dans la Charité.  Nous pouvons prendre la résolution  de poser au cours de ce mois quelques actes de Charité (prières en particulier) à l’égard de ceux dont nous percevons une plus grande misère morale, pour que le Bon Dieu les recréé dans sa grâce.

mercredi 5 septembre 2018

SEPTEMBRE 2018




Ce 23 septembre marquera le cinquantième anniversaire de la mort de Padre Pio.  Demandons-lui encore une fois de nous guider dans la voie de la Charité.  Comme les abeilles butinant de fleur en fleur pour y trouver ce qui leur convient, que chacun d'entre nous tire de ses avis ce qui l'aidera à croître en Charité !

"Lien de la perfection"

« La charité est patiente, la charité est serviable; elle n’est  pas envieuse; la charité n’est ni fanfaronne ni hautaine; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne garde pas rancune du mal; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. »  (Corinthiens (13, 4-7))

Padre Pio enseignait naturellement aux âmes qu'il guidait sur le chemin de la perfection l'observance et l'exercice des trois vertus théologales, la foi, l'espérance et la charité, tout en privilégiant cette dernière :  

Grandissez toujours et ne vous lassez jamais de progresser dans la conquête de la reine de toutes les vertus : la charité chrétienne. Considérez qu'on ne grandit jamais assez dans cette très belle vertu. Chérissez-la grandement, plus encore que les pupilles de vos yeux, car elle est la plus chère à notre Divin Maître et, d'un mot divin, il l'appelle mon commandement. Oh ! Oui, tenons ce précepte du Divin Maître en grande estime et toutes les difficultés seront surmontées. Elle est tellement belle la vertu de la charité, ô Raffaelina, que le Fils de Dieu, pour l'allumer en nos cœurs précisément, voulut lui-même descendre du sein de son Père éternel et devenir semblable à nous pour nous l'enseigner et nous aider à acquérir cette vertu délectable, par les moyens qu'il nous a laissés (A Raffaelina Cerase).


La première vertu dont l'âme qui tend à la perfection a besoin est la charité. Dans toutes les choses naturelles, le premier mouvement, la première inclination, le premier élan, c'est de tenir, d'aller au centre : c'est une loi physique. Il en va de même pour les choses surnaturelles.  Le premier mouvement de notre cœur est celui d'aller à Dieu, qui n'est rien d'autre que d'aimer son vrai bien. À juste titre, les Saintes Écritures qualifient la charité de « lien de perfection ».

La charité a pour sœurs la joie et la paix. La joie naît de la jouissance de posséder ce que l'on aime. À partir du moment où l'âme connaît Dieu, elle est naturellement poussée à l'aimer. Si l'âme suit cet élan naturel, qui est excité par l'Esprit Saint, elle aime déjà le Bien Suprême.  Alors cette âme fortunée est déjà en possession de la belle vertu de charité. Ainsi, en aimant Dieu, elle est déjà sûre de le posséder car il ne se produit pas ici la même chose que pour celui qui aime l'argent, les honneurs, la santé et qui n'a pas toujours ce qu'il aime. Celui qui aime Dieu l'a tout de suite. Ceci n'est pas une idée de mon esprit. C'est l'Écriture Sainte qui nous le dit : Celui qui aime vit en Dieu et Dieu vit en lui ... Donc la joie est fille de la charité. Mais pour être parfaite et vraie, cette joie exige d'avoir la paix pour compagne inséparable. Cette dernière se produit en nous quand le bien que nous possédons est sûr et suprême (A Raffaelina Cerase).

"Joie et Paix, sœurs de la Charité"

Sache aussi, ma fille, que la charité comporte trois parties: l'amour de Dieu, l'affection pour soi et l'amour du prochain. Mes pauvres instructions te mettent sur la route pour pratiquer tout ceci.

a) Durant la journée, jette souvent tout ton cœur, ton esprit et ta pensée en Dieu avec une grande confiance, et dis-lui avec prophète royal : Seigneur, je suis à toi, sauve-moi.  Ne te préoccupe pas de considérer quelle sorte d'oraison Dieu te donne. Mais suis simplement et humblement sa grâce, dans l'affection que tu dois avoir pour toi-même.

b) Garde bien les yeux ouverts, sans jamais te lasser, sur tes mauvais penchants pour les éradiquer. N'aie pas peur de te voir misérable et de mauvaise humeur. Pense à ton cœur avec un grand désir de le perfectionner. Mets un soin inlassable à le redresser doucement et avec  amour quand il trébuchera. Surtout donne-toi la peine, plus que tu le peux, de fortifier la partie supérieure de ton âme. Ce n'est pas en restant  dans tes sentiments et tes consolations, mais à travers les résolutions, les bons propos et les aspirations que la foi et la raison t'inspireront.  Ô ma fille, ne sois pas tendre avec toi-même. Les mères tendres gâtent  leurs enfants. Ne te plains pas et ne pleure pas trop facilement sur toi- même. Ne t'étonne pas de ces importunités et violences que tu manifestes avec tant de peine. Non, ma fille, ne t'étonne pas. Dieu le permet pour te rendre humble d'une véritable humilité, abjecte et vile à tes yeux.

c) Sois bonne-avec le prochain et ne te mets pas en colère. Dans ces circonstances, répète très souvent les paroles du Maître: « Je les aime mes prochains, Père Éternel, car tu les aimes. Tu me les as donnés  comme frères et tu veux que, comme tu les aimes, moi aussi je les aime» (A Erminia Gargani).


Oh ! La belle vertu de la charité que nous a apportée le Fils de Dieu! Qu'elle est sublime! Tous doivent l'avoir à cœur, mais plus encore ceux qui font profession de sainteté.  Le Seigneur vous y a appelée sans aucun mérite de votre part. Et même si je vous vois marcher sur le bon chemin de la charité, je ne cesse pas cependant d'insister pour que vous y progressiez toujours plus (A Raffaelina Cerase).


Votre unique pensée doit être d'aimer Dieu et de croître toujours davantage en vertu et dans la sainte charité qui est le lien de la perfection  chrétienne (A Raffaelina Cerase).

(Extraits de :  L’évangile du Padre Pio p 202 à 204 )

lundi 30 juillet 2018

AOÛT 2018


 La conformité entre l’homme et l’autre est telle que quand ils ne s’aiment pas, ils se séparent de leur propre nature.

Ste Catherine de Sienne
Oraison 17


Vers la fin de Complies, je Lui dis: «Mon Dieu, est-ce Vous?  Mon Père dit que peut-être ce n'est pas Vous; et si c'est Vous, pourquoi venez-Vous à une pauvre  créature de misère telle que je suis? ». Il m'a répondu en achevant de m'enlever à Lui; puis faisant entendre à mon âme sa très douce voix, Jésus m'a dit: « Je souffre de la haine! ». Cette courte parole, comme toutes celles de mon divin Maître, contenait tout un monde de pensées, qui se sont imprimées en un seul moment dans mon esprit, mais que je ne puis rendre que par un grand nombre de mots, et encore très incomplètement. Je vis dans cette parole que la haine est l'opposé absolu de Dieu, que c'est son unique ennemi, et le plus grand mal de la créature. La haine de l'homme a deux formes: la haine de l'homme pour Dieu; la haine de l'homme pour les autres hommes. L'une ou l'autre de ces formes de la haine est une épouvantable offense à l'Etre de Dieu qui est Amour.  
La haine, c'est comme une négation de Dieu-Amour; c'est une manière d'anéantir Dieu; ou plutôt, c'est un désir, une tentative, un effort fait pour anéantir Dieu, l'Amour Infini.
Je n'ai pas pu retenir mes larmes en considérant cela. Alors Jésus m'a dit: «Je veux vaincre la haine par l'Amour; j'enverrai mes prêtres le répandre par toute la terre. Je leur ai donné mon Cœur afin qu'ils voient les trésors d'amour qui sont en Dieu et qu'après y avoir puisé pour eux-mêmes, ils y puisent aussi pour le monde. Dis-leur d'aller répandre partout les trésors de l'Amour! ».
Jésus m'a montré qu'Il voulait voir ses prêtres remplis d'amour pour les âmes, se pencher vers elles et les réchauffer par leur contact. Mais que je souffre quand Jésus me fait entendre cette parole: «Dis-leur ». Moi qui ne peux rien dire! J'ai dit à mon divin Maître: «Mon Jésus, comment le dirai-je? Mon Père lui-même ne me croit plus! ». Il ne m'a plus rien répondu. Le rayonnement divin de l'Amour Infini m'enveloppait toute; je suis restée jusque vers la fin de l'oraison à adorer, à aimer, à souffrir.

Journal intime
LM Claret de la Touche
p  145
Résolution
La haine n’occupe-t-elle pas une place, plus ou moins cachée, en nous ?  Recherchons-la et chassons-la !  Ce que Noter-Seigneur attend des prêtres, Il le veut aussi de nous !

samedi 5 mai 2018

MAI 2018

C’est plus principalement par la charité que nous méritons, que par les autres vertus. 


Celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. (Jo., XV, 14.) Or, c'est dans la vision manifeste de Dieu que consiste la vie éternelle; selon ce que dit le Christ, en saint Jean (XVII, 3) : La vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous le seul Dieu véritable et vivant. C'est donc surtout la charité qui fait le mérite de la vie éternelle. 

L'acte humain prend sa valeur méritoire à deux sources: 
  1.  La décision divine par laquelle l'acte est dit méritoire de la fin, à laquelle l'homme est divinement ordonné. 
  2.  Le libre arbitre, par lequel, de préférence à toutes les autres créatures, l'homme agit volontairement de lui-même. 
Et, d'un côté comme de l'autre, la qualité principale du mérite consiste dans la charité. Il faut toujours se rappeler que la vie éternelle, c'est la jouissance de Dieu. Le mouvement de tendance à la jouissance du bien divin, c'est l'acte propre de la charité, et c'est ce mouvement qui donne à tous les actes des autres vertus leur tendance vers cette fin, en tant que c'est la charité qui en commande la production. Et c'est pourquoi le mérite relève, en première ligne, de la charité; et secondairement, des autres vertus, en tant que leurs actes sont produits, sous l'empire de la charité qui les fait faire. 

De même, il est évident que ce que nous faisons par amour, nous le faisons le plus volontiers. Par ce côté encore et pour autant qu'il est essentiellement requis pour le mérite qu'il soit volontaire, le mérite est principalement attribué à la charité. 

Mais, l'œuvre n'a pas toujours un mérite plus grand, de ce qu'elle est plus laborieuse et plus difficile, Une œuvre peut être laborieuse et difficile à deux titres: 

  • l'un, à cause de l'importance de l' œuvre; et, dans ce cas, la grandeur du travail en augmente le mérite, parce que l'amour de charité, bien qu'il accomplisse les choses effroyables et dures, comme si c'était des choses faciles et de rien, n'en diminue pas la difficulté; et que, bien au contraire, il fasse entreprendre les Choses les plus grandes: comme dit saint Grégoire, « si c'est la charité qui est là, elle fait grand ». 
  • L'autre titre de labeur d'une œuvre et de sa difficulté peut tenir à un manque, du côté de celui qui agit. Tout est laborieux et difficile à celui qui n'agit point par une volonté prompte, et le mérite est diminué par ce travail, que la charité abolit. 

Les actes les plus méritoires sont les actes de foi et de patience ou de force, comme chez les martyrs qui, pour la foi, ont combattu patiemment et fortement jusqu'à la mort. Mais, 1'acte de foi n'est méritoire que si la foi opère par l'amour; il en est de même des actes de patience et de force, si on ne les fait point par l'amour de charité, selon ce que dit saint Paul (1 Cor., XIII, 3) : Quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. 

D'après Saint Thomas d'Aquin

Résolution

Dans ces circonstances de crise dans l'Eglise qui nécessitent tant de patience, de force et de combat, mettons-nous librement en oeuvre la Charité qui nous fera gagner de grandes grâces ?  Avons-nous la Charité suffisante pour œuvrer librement et promptement, pour agir charitablement dans la crise actuelle ? 

mardi 3 avril 2018

AVRIL 2018

De la manière d'éclairer le prochain





Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. 
Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul, de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les événements de ces jours-ci. »

Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ! » Et, en partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » 

À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.


Luc 24, 13-35

Résolution

Notre-Seigneur nous donne ici la manière de venir en aide aux autres, de les éclairer, de les consoler en ouvrant leurs âmes à la Vérité.  Examinons-nous sur la manière dont nous nous y prenons pour aider les autres.

mardi 13 mars 2018

MARS 2018

De la correction fraternelle 



Comment Padre Pio considérait la Charité :

Parmi toutes les vertus, et plus que toutes, la charité est celle qui, en soi, constitue la perfection chrétienne. Ainsi donc, ma sœur, accordons une attention sans mesure à cette vertu, si nous voulons trouver miséricorde auprès du Père céleste. Aimons la charité et mettons-la en pratique : elle est la vertu qui fait de nous des fils d’un même Père qui est aux cieux. Aimons la charité, car elle est le commandement de notre divin Maître : c’est par elle que nous nous distinguons des gentils. Aimons la charité et fuyons jusqu’à l’ombre où nous pourrions en quelque manière l’offenser. Oui, enfin, aimons la charité et ayons toujours présent à l’esprit le grand enseignement de l’Apôtre : "Nous sommes tous membres de Jésus Christ" (Eph 5,30) et Jésus seul est "la tête de nous tous, ses membres" (Eph 4, 15). Montrons-nous notre amour réciproque et souvenons-nous que tous nous sommes appelés à former un seul corps et que si nous conservons la charité, la belle paix de Jésus triomphera et exultera toujours en nos cœurs.

(Lettre à Raffaelina Cerase, 13 mai 1915) 

Saint Thomas explique que la correction fraternelle fait partie de la Charité  car la correction est une "certaine aumône spirituelle". La correction vise à porter un remède à celui qui pèche car, par elle, nous repoussons le mal de notre frère, à savoir le péché. On peut même dire que la correction est un plus grand acte de charité que ne le sont la guérison d'une infirmité corporelle ou un secours pour des biens extérieurs. Le Padre Pio, qui avait une grande compassion pour les âmes souffrantes (il avait fondé la Casa Della Sofferenza) savait aussi pratiquer la correction fraternelle dans le cadre de son ministère de prêtre. Ses remarques pouvaient sembler dures mais les âmes finissaient par se réformer.  Le RP Nelson décrit ainsi ce ministère :

« Le Padre Pio  ne tolérait jamais de robes décolletées, de jupes courtes et collantes, et il interdisait à ses filles spirituelles de porter des bas transparents. (...) Il chassait du confessionnal sans relâche, avant même qu'elle ait pu y mettre le pied, toutes celles qu'il jugeait incorrectement vêtues. En 1967, il y eut des matins où il renvoyait les femmes une après l'autre, pour finalement n'en confesser que quelques-unes. Ses confrères qui assistaient gênés à cette réduction brutale du nombre des pénitents, décidèrent finalement d'afficher sur la porte de l'église cet avis :

"Selon le désir formel du Père Pio, les femmes doivent entrer dans son confessionnal avec des jupes au moins 8 pouces ( 20,5 cm) en bas des genoux. (...)"

Et le Père Pio continua encore à renvoyer sans confession. Dès qu'il les apercevait, il murmurait : « Allez vous habiller ! » et quelquefois, il ajoutait « Farceuse! ». Il n'épargnait personne. (...) »

Et l'auteur du Padre Pio d'ajouter :

« C'est l'un des rares prêtres dans le monde ayant assez de courage pour se tenir debout sans compromis contre les modes immorales modernes, pendant que la plupart des évêques et d'autres autorités disent peu de choses ou rien du tout contre ce cancer d'immoralité qu'est la mode, qui plus qu'aucune autre cause très probablement est la source du plus grand nombre de péchés. (...) »

( par le père Nelson 1971)

Résolution :

Examinons-nous sur l'idée que nous nous faisons de la Charité : ne la confondons-nous pas avec "ne pas avoir d'ennuis", "ne pas faire de peine" ? ...  Alors que la première des Charités, c'est la vérité car nous voulons au prochain le plus grand bien, à savoir  le salut de son âme. 

jeudi 1 février 2018

FEVRIER 2018

"J'étais en prison et vous êtes venus à moi"

Matt 25, 36

Père Lataste, apôtre des prisons
 (1832-1869)


« Dieu, pour se donner à nous, ne nous demande pas ce que nous fûmes, il n'est touché que de ce que nous sommes. » 

Ces paroles s'adressaient aux prisonnières internées à Cadillac-sur-Garonne, près de Bordeaux, au cours d'une instruction de retraite prêchée aux détenues, en septembre 1864. Il peut sembler ironique de ménager une retraite aux femmes d'une Maison Centrale, qu'on a justement soustraites du monde des vivants. 

On peut croire que le prédicateur de cette étrange retraite n'était pas venu à la prison de femmes sans appréhension. Lui-même l'avouera plus tard: " J'y suis entré avec un grand serrement de cœur, avec la pensée que c'était ou que ce serait peut-être inutile. " 

Il semble difficile, en effet, de rêver auditoire plus ingrat, moins préparé à recevoir la parole de Dieu. Les incroyants et les pécheurs qu'on atteint du haut d'une chaire d'église manifestent, au moins par leur présence, une velléité dans la connaissance de la vérité ou la rectification de leur conduite. Qu'attendre de misérables créatures, tombées, dévoyées, qui, après avoir connu l'humiliation de voir leur pauvre vie étalée au grand jour du tribunal, connaissent maintenant l'horreur et l'avilissement de la prison? Elles seraient là parce que le règlement les y forcerait. - Qui sait? une diversion, même pieuse, ne leur déplairait point: entendre une voix humaine, voir quelqu'un du dehors, du monde où l'on est libre, où l'on peut vivre, est un vrai soulagement dans la monotonie et l'abrutissement de la réclusion forcée. Si le Père Lataste avait eu quelque expérience du milieu des prisons de femmes, il aurait pu se laisser aller à des réflexions autrement déprimantes. 

Il n'était pas homme à reculer devant une tâche ardue. Il avait même désiré l'occasion de secourir la 
déchéance des filles perdues, la pire qu'il avait imaginée, mais il n'avait guère envisagé ce ministère, d'ailleurs incertain, qu'à la sortie des prisons. Est-ce qu'on évangélise 1'enfer? La mort dans l'âme il avait pris le chemin de la forteresse hostile. Le Supérieur avait désigné, au hasard, ce jeune religieux qui avait si bien débuté dans la parole publique; au reste, n'était-il pas originaire lui-même de Cadillac?

Le P. Lataste remplirait pourtant son travail consciencieusement, comme tout ce qu'il avait fait jusqu'ici.(...)

« Je ne sais, disait-il, si vous avez pris garde à ceci : en commençant, comment vous ai-je appelées? Mes chères sœurs. Mes chères sœurs! Comprenez-vous cela? Que m'êtes-vous, après tout? Hier, je ne vous connaissais pas, et dans quelques jours nous nous séparerons, peut-être pour ne plus nous revoir ici-bas. Bien plus, vous êtes des femmes dégradées - nous pouvons bien nous dire nos vérités, nous sommes en famille (sic) - vous êtes des femmes dégradées, avilies, mises au ban de la Société. Si vous sortiez d'ici, si l'on voit d'où vous sortez, on vous montrerait du doigt, on se méfierait de vous, on ne voudrait pas de vous peut-être même pour servantes ou pour femmes de peine. Je n'approuve point cela, je sais bien que c est, injuste souvent, cruel, tout ce que vous voudrez, mais enfin, cela est ainsi. Et maintenant, je suppose qu'au lieu de vous présenter comme servantes ou comme femmes de peine, vous alliez trouver une autre jeune fille, ou une autre femme de votre âge et que lui présentant la main vous lui disiez: « Sois mon amie, sois-moi une sœur, je t'aime », vous la verriez sans doute, si elle savait qui vous êtes, vous la verriez sans doute repousser votre main, avec pitié peut-être, avec dégoût aussi. Pauvre femme, se dirait-elle en elle-même, que me demande-t-elle là? Une voleuse, une reprise de justice, une empoisonneuse peut-être, une infanticide, que sais-je? Pauvre femme, voilà du pain si vous en voulez, mais je ne puis avoir commerce d'amitié avec vous; passez votre chemin. Voilà la plus douce réponse qu' on pourrait vous faire. 

Et moi, moi ministre de Dieu, consacré, quoique très indigne, au service de ses autels, voué pour toute ma vie à la privation absolue de ce dont vous avez abusé, volontairement lié par les vœux perpétuels de pauvreté, d'obéissance, de chasteté, moi je viens à vous de moi-même, sans attendre que vous m'ayez appelé, et vous tendant les mains, je vous appelle : mes bonnes, mes pauvres, mes chères sœurs. Et ce n'est pas là une parole banale, je suis prêt à faire pour vous bien plus encore. Vous n'aurez qu'à le vouloir, qu'à le désirer, qu'à vous présenter à la porte du Saint Tribunal, et là, ce ne sera plus seulement un frère que je serai pour vous, ce sera tout ce qu'il y a de plus doux et de plus aimant sur la terre, et vous m'appellerez : Mon Père! et je vous nommerai : mon enfant ! et il s'établira entre nous, si vous le voulez, les relations de la plus franche, la plus sincère, la plus cordiale intimité qui fût jamais. Je vous ouvrirai mon cœur et vous m'ouvrirez le vôtre, et ces liens, quoique ne devant durer que quelques jours, seront si forts et si sacrés, que la mort même ne les pourra détruire, et que nous les retrouverons au ciel, un jour, si nous y allons, vous et moi .... 

Et d'où vient que vous m'êtes si chères, vous que le monde oublie et méprise? ... C'est que nous sommes les ministres d'un Dieu qui vous aime, malgré vos souillures, d'un amour sans égal ici-bas, d'un Dieu qui vous poursuit de son amour sans cesse ... Si vous saviez comme il est bon, ce Dieu dont vous êtes séparées et qui vous rappelle ... »

M-H Lelong : Les Dominicaines des prisons

Résolutions

Nous n'avons sans doute pas tous l'occasion de visiter des prisonniers.  Parfois l'occasion s'en présente ( Témoignage  ) Mais nous devons et pouvons tous prier pour ces prisonniers : la prison est parfois un lieu de conversion ... pour autant que des âmes prient et se sacrifient pour eux.  

Et il ne nous sera peut-être pas inutile de regarder en nous-même la manière dont nous considérons ces âmes. 

lundi 1 janvier 2018

JANVIER 2018

Enseignement du catéchisme


 Après le Ve  Mémoire, que j'ai consacré à mon père, un certain nombre de personnes m'ont demandé d'en écrire un autre, qui porterait sur ma mère, dont les vertus, dignes d'être connues, sont pour la gloire de Dieu ; elles sont aussi un exemple de vie chrétienne pour les épouses, les mères de famille et les maîtresses de maison. Car ma mère était toujours exacte et ingénieuse dans l'accomplissement de ses devoirs envers Dieu, envers sa famille et envers son prochain.

Les commandements de Dieu étaient sa règle de vie, et elle les inculquait à tous. Elle avait pris pour norme personnelle ce que nous dit Jésus Christ dans son Évangile. Au jeune homme qui s'approcha du Seigneur et qui lui demanda: « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle? », Jésus répondit: « Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon? Un seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » - « Lesquels? »,  demanda le jeune homme.  Jésus répondit: « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignages, honore ton père et ta mère; et aussi: Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Mt 19, 16-19).

Au légiste qui voulait savoir quel était le plus grand commandement de la Loi, Jésus déclara: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est là le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. À ces deux commandements toute la Loi est suspendue, ainsi que les Prophètes» (Mt 22, 37-40).

La suite montrera combien ma mère avait ces paroles gravées dans son esprit et dans son cœur, comme si Dieu lui avait redit ce qu'Il avait demandé à Moïse de transmettre à son peuple: « Écoute Israël! Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Ces paroles que je te commande aujourd'hui, qu'elles soient dans ton cœur! Tu les inculqueras à tes fils et tu en parleras, assis dans ta maison et marchant sur le chemin, en te couchant et en te levant; tu les attacheras comme un signe sur ta main, et elles serviront de fronteau entre tes yeux; tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes» (Dt 6, 4-9).

Ma mère ignorait probablement le mot à mot de ces paroles de la Sainte Écriture, mais elle se comportait comme si ce texte avait été gravé dans son esprit et dans son cœur. Elle en vivait et elle amenait ses enfants et sa famille à les pratiquer.

Pendant le carême, ma mère avait l'habitude, après le souper, de faire le catéchisme à toute la famille, y compris aux jeunes qui venaient à la maison et qui parfois passaient la nuit chez nous à cause de la distance. Elle commençait en disant: « Nous allons voir si nous nous Souvenons de notre catéchisme, pour ne pas avoir honte quand viendra le moment d'accomplir notre devoir pascal ».

Elle rappelait d'abord les dix commandements de Dieu: « Premièrement, aimer Dieu par-dessus tout. C'est le commandement qui me dérange le plus. Je ne suis jamais sûre d'aimer Dieu plus que mon époux et mes enfants. Mais Dieu est si bon qu'il me pardonnera et qu'il aura pitié de moi».

Puis elle énumérait chacun des autres commandements. Au sixième commandement, concernant la chasteté, elle s'arrêtait de nouveau et disait: « Ici, une grande prudence est de rigueur, car les tentations sont nombreuses, et nombreux aussi les dangers. »  Se tournant alors vers mon frère et mes sœurs, elle disait: « Vous, faites bien attention de ne pas vous laisser tromper et n'ayez aucun rapport avec quiconque vous propose de pareilles choses. Avant tout, la grâce de Dieu, notre réputation, notre honneur personnel et notre dignité. Au jour de mon mariage, Dieu m'a fait la grâce de Lui offrir la pure fleur de ma chasteté. J'ai déposé cette fleur sur son autel et j'ai reçu en retour d'autres fleurs, ces nouvelles vies qu'il a voulu me donner. C'est ainsi que Dieu m'a aidée et bénie. » Puis elle en venait aux commandements de l'Église, aux vertus théologales, aux œuvres de miséricorde, etc., selon le catéchisme du temps.

Mon père, mon frère et mes sœurs, à tour de rôle suivant l'âge, tous y passaient. Finalement venait le tour de la benjamine. Parfois mon père disait:

- Elle n'en a pas besoin, elle n'a pas encore fait sa première communion.

À quoi ma mère répliquait:

- Si, elle en a besoin, car le curé la met debout sur la table de la sacristie et il lui pose des questions auxquelles les autres ne savent que répondre; elle a donc besoin de tout savoir sur le bout du doigt.

J'écoutais et je répétais comme un perroquet, sans rien comprendre. N'empêche que ma mémoire retenait et que mon esprit en restait imprégné. Maintenant la nostalgie s'empare de moi quand je me rappelle ces temps heureux où l'innocence reçoit et retient tout comme autant de bons souvenirs mis en réserve.

La grande vertu de ma mère reposait sur le roc de la Loi de Dieu et celle de son Église. Tous ceux qui l'ont connue ou qui sont entrés en relation avec elle ont pu l'apprécier et l'admirer.

Le chanoine José Galamba de Oliveira me dit un jour à Valença do Minho: « Vous savez, votre mère est plus une femme de l'Ancien Testament qu'une femme de notre temps. »

Mémoires de Sœur Lucie II ( p 47 à 49 )

Résolutions
  • -          Approfondir et étudier le Catéchisme nous-même (Catéchisme de Saint Pie X, Catéchisme du Concile de Trente, Catéchisme de persévérance de Mgr Gaume, Mgr de Ségur)
  • -          Si vous en êtes capables, lancez-vous dans l’enseignement du catéchisme, avec les conseils d’un prêtre ou religieux de la Fidélité Catholique
  • -          Donnez, distribuez de bons livres, brochures …  Le choix ne manque pas ; si vous hésitez, demandez conseil à quelque personne de confiance.