mercredi 17 juillet 2024

Juillet 2024

Le Sang de Jésus-Christ produit et enflamme la Charité

 


L’homme aime nécessairement, il vit d'amour; son bonheur et son malheur dépendent des objets auxquels il s'attache.

Il y a dans l’homme deux amours: l'un céleste, l'autre terrestre.  L’homme, par  le premier s'élève vers le Ciel, d'où il vient et où il doit retourner ; par le second, il s'abat sur la terre et s'attache à ce lieu d’exil, auquel cependant, passager rapide, il ne doit pas plus s’affectionner que le voyageur à l'hôtel où il s'abrite pendant une nuit de son voyage. L'un de ces amours fait de l’homme un ange, l'autre en fait un démon; car l'amour nous identifie avec les objets que nous aimons, nous souille ou nous purifie.  Ils sont devenus abominables comme les choses qu'ils ont aimées, dit l'Esprit de vérité. (Os.), L'un est la charité, l’autre la concupiscence.

Ces deux amours sont aussi opposés l’un à l’autre que le Ciel l’est à l’enfer ; la concupiscence vient du péché et porte au péché; elle lie l'homme aux choses créées, à ce qui flatte l'orgueil, l'ambition, la vanité, les voluptés coupables. De là naissent et le vil égoïsme, et la haine des autres, et la colère, et les divisions, et la basse envie et la duplicité, et tous les crimes dont l'homme se souille et par lesquels il se dégrade et s'avilit.

La charité, flamme céleste, pure comme les ardeurs d’un séraphin, vient du Ciel et porte à la vertu; elle aime tout ce qui est saint, tout ce qui est pudique, tout ce qui est vrai, tout ce qui est aimable, tout ce qui élève l'homme à ses yeux et aux yeux des autres, tout ce qui établit la paix dans l'esprit et dans le cœur, tout ce qui unit les hommes entre eux et ne fait de tous qu’un cœur et qu’une âme.

Ces deux amours se disputent sans cesse la possession de notre cœur; l'un y grandit à mesure que l'autre s'y affaiblit; l'un se retire quand l'autre y domine. Mais le péché a porté dans notre être un tel désordre, il nous a rendus si aveugles et si faibles que la concupiscence est devenue sinon naturelle, du moins inévitable à l'homme.  Elle naît avec nous, et ne meurt qu’avec nous. On peut la vaincre, mais la détruire, jamais. Toujours elle cherche à reprendre en nous son empire; de là ces luttes intérieures que nous éprouvons, ces tiraillements en sens contraires si cruels, que les plus saints ressentent et qui contraignaient saint Paul lui-même à s'écrier:  « Malheureux homme que je suis, je fais le mal que je hais ; qui me délivrera de ce corps  de mort? »  Il lui fut répondu: «  La grâce de Jésus. »

Oui, la grâce que Jésus nous a méritée par son Sang, seule, peut affaiblir en nous le feu de la concupiscence, allumer la flamme pure de la charité. Ce feu, Jésus est venu l'apporter sur la terre pour l'y allumer; il a versé, tout son Sang pour cette fin. Ce Sang est pour échauffer nos âmes, ce qu'est le soleil pour la nature ; sa chaleur divine peut seule les rendre fécondes, toute autre chaleur est insuffisante, et ne sert souvent qu'à augmenter le feu mortel de la concupiscence. Si avant lui on vit sur cette terre, désolée par le feu des passions, briller quelques légères flammes d’un feu céleste dans quelques fidèles de l’Ancien Testament, si Marie en fut remplie, c'est au Sang de Jésus-Christ, qui devait être versé qu'il faut l'attribuer. Ce Sang divin est un fleuve majestueux qui à la fois remonte et descend les siècles pour y répandre son influence créatrice. D'abord, par les mérites du Sang de Jésus-Christ, cette flamme pure fut répandue dans nos cœurs au saint jour du baptême, par la présence de l’Esprit Saint, qui est un esprit d'amour et qui nous a été donné.

Bientôt le Sang de Jésus-Christ, qui nous est distribué dans la communion, est venu entretenir, augmenter par lui-même ce que ses mérites avaient commencé en nous. C'est surtout par ce Sang reçu, dit saint Jean Chrysostome, que l'âme est enflammée de l'amour pur. La flamme qu'il produit est plus éclatante que la lumière du soleil et plus brillante que l'or. (Hom. 46, in cap. Joan. 6.) L'action de ce Sang sur notre âme est prompte et pénétrante; à l'instant où nous le recevons, il agit sur elle, et lui communique le feu divin dont il est la source. De même, dit saint Jean Chrysostome, que l'argent jeté dans l'or fondu est aussitôt couvert de ce métal précieux, ainsi notre âme, par le seul attouchement du Sang de Jésus-Christ, est plus belle et plus aimante. Ce Sang agit plus promptement que le feu; il ne brûle pas cependant, mais il purifie et enflamme. (Id., ibid.)

Ce Sang n'agit pas seulement sur l'extérieur de l'âme, mais il la pénètre afin de porter le remède à la source du mal que nous portons dans nos entrailles. (Id., ibid) La vertu de ce puissant breuvage pénètre toutes les facultés de notre être, dit saint Cyprien, afin d’y guérir toutes les plaies, d’y détruire tous les genres de mal que la corruption originelle, que les dérèglements de la vie y ont déposés.  Puis le mal détruit, l’ardeur des passions amortie, il se soumet toutes les puissances de notre âme, se les unit afin que nous aimions ce qu’il aime, et que notre âme brûle du même feu que le sien.

Abbé Carney

Le mois du Précieux Sang (p 109 à 112)

Résolution :

En ce mois de juillet, développons notre dévotion au Précieux Sang, par la récitation de ces litanies et au moment de nos communions où ce Sang nous est distribué.