jeudi 12 septembre 2024

Septembre 2024

Saint Michel, ange du Sacré-Cœur

 


La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus semble avoir été, par la miséricorde divine, réservée à notre temps. La charité diminue, partout les cœurs se refroidissent. Qui les réchauffera et leur donnera force et vigueur pour les luttes de la vie ?

Dans une apparition devenue célèbre, Jésus Christ est sorti de l'obscurité de son tabernacle et il a dévoilé à la bienheureuse Marguerite-Marie son Cœur brillant comme un soleil, ardent comme une fournaise : des rayons et des flammes s'en échappaient. En le lui montrant il a dit : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes !» Comme s'il voulait dire: Et eux, ne m'aimeront-ils pas? A la chaleur de mon Cœur, les leurs ne vont-ils pas s'échauffer ?  A la vue de sa plaie béante et de son sang qui semble couler encore, ne seront-ils pas touchés? Ne rendront-ils pas amour pour amour ?

Jésus-Christ montre son Cœur, et il l'ouvre aux âmes. Mais qui les conduira à ce Cœur adorable? Saint Michel: il est l'ange du Sacré-Cœur. Pour nous en convaincre, il suffit de nous rappeler les fins de la dévotion à ce Cœur adorable. C'est d'opposer à l'incrédulité, dont le flot monte toujours, une foi plus vive au Sauveur et à son amour. Or Saint Michel n'est-il pas le premier qui ait cru à Jésus-Christ et à son amour, par conséquent à son Cœur ?

C'est d'opposer à l'indifférence, qui s'en va glaçant tous les cœurs et y éteignant les saintes ardeurs, un amour plus généreux.  Or, après Marie, qui a aimé comme saint Michel, le premier des séraphins ?

C'est de réparer les outrageants sacrilèges des hommes et leurs longs oublis à l'égard du Dieu-Eucharistie. Or saint Michel n'est-il  pas le premier qui ait réparé la gloire de Jésus-Christ outragée par Lucifer, le premier qui ait combattu pour le Sacré-Cœur, le premier qui l'ait adoré.

C'est de consoler le Sacré-Cœur de Jésus en compatissant avec lui. Or saint Michel n'est-il pas le premier qui ait fait l'Heure sainte? Au jardin de Gethsémani Jésus- Christ était seul. Les apôtres qui l'avaient suivi dormaient. Il ne reçut d'autres consolations que celles de saint Michel, descendu du ciel pour le réconforter.

C'est encore, car la vraie dévotion va jusque-là, de rendre notre cœur conforme au Cœur de Jésus-Christ. Or qui, Marie exceptée, a imité le Sacré-Cœur comme saint Michel ?  Le Sacré-Cœur de Jésus, c'est avant tout l'immolation, le sacrifice, puisque c'est l'amour qui se donne. Saint Michel aussi s'est immolé: il s'est immolé, au jour de l'épreuve, à la gloire de ce Dieu qui devait se faire homme et relever cette nature humaine, si humble et si déchue, au-dessus des chœurs resplendissants des anges.

Saint Michel est bien l'ange du Sacré-Cœur.  Demandons-lui donc de conduire nos âmes à cette source de toute bénédiction.

Pratique. Plaçons l'image du Sacré-Cœur dans nos maisons et faisons, chaque premier vendredi du mois, un exercice de piété en son honneur.

Histoire. La vénérable Philomène de sainte Colombe aperçut un jour le Cœur de Jésus tout rempli d'affliction et elle vit s'approchant de ce divin Cœur, deux étoiles d'une beauté et d'un éclat indicibles. Quand elles l'eurent touché, il se trouva aussitôt soulagé. Alors elles se posèrent l'une à droite et l'autre à gauche de ce Cœur sacré, et lui-même, sans perdre pourtant sa forme naturelle, se changea en une troisième étoile. Toutes trois demeurèrent ainsi triangulées, formant la figure qui est le signe de l'unité ou de l'égalité des trois Personnes divines. Je compris, dit-elle, que ces trois étoiles représentaient le Cœur de Jésus, Marie Immaculée et l'archange saint Michel, et que le triangle qu'elles formaient signifiait l'unité de volonté qui les met tous les trois en parfaite harmonie pour le bien de l'homme. Marie veut demander, le Sacré-Cœur veut accorder et saint Michel veut distribuer ce que Marie a obtenu.

Ainsi d'après cette vénérable servante de Dieu, saint Michel est le messager qui distribue les grâces innombrables obtenues par Marie du Cœur de Jésus. (Vie de la Vénérable, par le P. Pie de Langogne, Paris, Bonne Presse, p. 191)

Ô saint Michel, qui avez entendu les battements du Cœur de Jésus et qui avez pénétré le mystère de ce divin Cœur transpercé par la lance, faites-nous connaître les sentiments de ce Cœur adorable et conduisez-nous à cette source intarissable de grâces et de bénédictions. Nous vous prions aussi pour la France, la nation privilégiée à laquelle il a montré son amour. Obtenez-lui du Cœur de Jésus les grâces qui la relèveront. Ainsi soit-il.

lundi 12 août 2024

Août 2024

Charité -

 amour envers le Christ, amour envers le prochain

 


Si les liens de la foi et de l'espérance qui nous attachent à notre divin Rédempteur dans son Corps mystique sont d'un grand poids et d'une souveraine importance, non moins grandes sont l'importance et la force des liens de la charité. Car si déjà, dans la nature, c'est une chose excellente que l'amour, source de la véritable amitié, que dire de cet amour céleste répandu par Dieu même dans nos âmes ? Dieu est charité, et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui (I Jn IV, 16)). Or, cette charité, comme par une loi établie par Dieu, a pour effet de le faire descendre par un retour d'amour en nous qui l'aimons, suivant ces paroles: Si quelqu'un m'aime... mon Père aussi l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure (Jn XIV, 23). La charité nous unit donc au Christ plus étroitement qu'aucune autre vertu; et c'est dans l'ardeur de cette flamme céleste que tant de fils de l'Eglise se sont réjouis de subir pour lui les opprobres, de tout affronter, de tout vaincre, jusqu'au dernier souffle de leur vie et à l'effusion de leur sang. C'est pourquoi notre Sauveur nous presse véhémentement par ces paroles: Demeurez dans mon amour. Mais comme la charité est sans force et sans vie si elle ne se manifeste et ne se réalise en bonnes œuvres, il ajoute immédiatement: Si vous gardez mes commandements, vous resterez dans mon amour; comme moi aussi j'ai gardé les commandements de mon Père et je reste en son amour (Jn, XV, 9-10).

A cet amour envers Dieu, envers le Christ, doit répondre pourtant la charité envers le prochain. Car comment pouvons-nous affirmer que nous aimons le divin Sauveur si nous haïssons ceux qu'il a fait membres de son Corps mystique en les rachetant lui-même de son sang précieux ? D'où cet avertissement que nous donne l'Apôtre que le Christ a aimé plus que les autres: Si quelqu'un prétend aimer Dieu et hait son frère, il est un menteur. Car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ? Et nous avons de Dieu ce commandement: que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère (I Jn IV, 20-21). Bien plus, il faut encore l'affirmer, nous serons d'autant plus unis avec Dieu, avec le Christ, que nous serons davantage les membres les uns des autres (Rom XII, 5), pleins de sollicitude les uns pour les autres (I Cor XII, 25); comme, d'autre part, nous serons d'autant plus unis entre nous et liés par la charité que plus fervent sera l'amour qui nous unira à Dieu et à notre divin Chef.

Pie XII

Mystici Corporis Christi (29 juin 1943)


Résolution

A l’aide de ce texte du Pape Pie XII, méditons ces deux aspects indissociables de la vraie Charité, puis passons à l’action concrète dans nos vies !

mercredi 17 juillet 2024

Juillet 2024

Le Sang de Jésus-Christ produit et enflamme la Charité

 


L’homme aime nécessairement, il vit d'amour; son bonheur et son malheur dépendent des objets auxquels il s'attache.

Il y a dans l’homme deux amours: l'un céleste, l'autre terrestre.  L’homme, par  le premier s'élève vers le Ciel, d'où il vient et où il doit retourner ; par le second, il s'abat sur la terre et s'attache à ce lieu d’exil, auquel cependant, passager rapide, il ne doit pas plus s’affectionner que le voyageur à l'hôtel où il s'abrite pendant une nuit de son voyage. L'un de ces amours fait de l’homme un ange, l'autre en fait un démon; car l'amour nous identifie avec les objets que nous aimons, nous souille ou nous purifie.  Ils sont devenus abominables comme les choses qu'ils ont aimées, dit l'Esprit de vérité. (Os.), L'un est la charité, l’autre la concupiscence.

Ces deux amours sont aussi opposés l’un à l’autre que le Ciel l’est à l’enfer ; la concupiscence vient du péché et porte au péché; elle lie l'homme aux choses créées, à ce qui flatte l'orgueil, l'ambition, la vanité, les voluptés coupables. De là naissent et le vil égoïsme, et la haine des autres, et la colère, et les divisions, et la basse envie et la duplicité, et tous les crimes dont l'homme se souille et par lesquels il se dégrade et s'avilit.

La charité, flamme céleste, pure comme les ardeurs d’un séraphin, vient du Ciel et porte à la vertu; elle aime tout ce qui est saint, tout ce qui est pudique, tout ce qui est vrai, tout ce qui est aimable, tout ce qui élève l'homme à ses yeux et aux yeux des autres, tout ce qui établit la paix dans l'esprit et dans le cœur, tout ce qui unit les hommes entre eux et ne fait de tous qu’un cœur et qu’une âme.

Ces deux amours se disputent sans cesse la possession de notre cœur; l'un y grandit à mesure que l'autre s'y affaiblit; l'un se retire quand l'autre y domine. Mais le péché a porté dans notre être un tel désordre, il nous a rendus si aveugles et si faibles que la concupiscence est devenue sinon naturelle, du moins inévitable à l'homme.  Elle naît avec nous, et ne meurt qu’avec nous. On peut la vaincre, mais la détruire, jamais. Toujours elle cherche à reprendre en nous son empire; de là ces luttes intérieures que nous éprouvons, ces tiraillements en sens contraires si cruels, que les plus saints ressentent et qui contraignaient saint Paul lui-même à s'écrier:  « Malheureux homme que je suis, je fais le mal que je hais ; qui me délivrera de ce corps  de mort? »  Il lui fut répondu: «  La grâce de Jésus. »

Oui, la grâce que Jésus nous a méritée par son Sang, seule, peut affaiblir en nous le feu de la concupiscence, allumer la flamme pure de la charité. Ce feu, Jésus est venu l'apporter sur la terre pour l'y allumer; il a versé, tout son Sang pour cette fin. Ce Sang est pour échauffer nos âmes, ce qu'est le soleil pour la nature ; sa chaleur divine peut seule les rendre fécondes, toute autre chaleur est insuffisante, et ne sert souvent qu'à augmenter le feu mortel de la concupiscence. Si avant lui on vit sur cette terre, désolée par le feu des passions, briller quelques légères flammes d’un feu céleste dans quelques fidèles de l’Ancien Testament, si Marie en fut remplie, c'est au Sang de Jésus-Christ, qui devait être versé qu'il faut l'attribuer. Ce Sang divin est un fleuve majestueux qui à la fois remonte et descend les siècles pour y répandre son influence créatrice. D'abord, par les mérites du Sang de Jésus-Christ, cette flamme pure fut répandue dans nos cœurs au saint jour du baptême, par la présence de l’Esprit Saint, qui est un esprit d'amour et qui nous a été donné.

Bientôt le Sang de Jésus-Christ, qui nous est distribué dans la communion, est venu entretenir, augmenter par lui-même ce que ses mérites avaient commencé en nous. C'est surtout par ce Sang reçu, dit saint Jean Chrysostome, que l'âme est enflammée de l'amour pur. La flamme qu'il produit est plus éclatante que la lumière du soleil et plus brillante que l'or. (Hom. 46, in cap. Joan. 6.) L'action de ce Sang sur notre âme est prompte et pénétrante; à l'instant où nous le recevons, il agit sur elle, et lui communique le feu divin dont il est la source. De même, dit saint Jean Chrysostome, que l'argent jeté dans l'or fondu est aussitôt couvert de ce métal précieux, ainsi notre âme, par le seul attouchement du Sang de Jésus-Christ, est plus belle et plus aimante. Ce Sang agit plus promptement que le feu; il ne brûle pas cependant, mais il purifie et enflamme. (Id., ibid.)

Ce Sang n'agit pas seulement sur l'extérieur de l'âme, mais il la pénètre afin de porter le remède à la source du mal que nous portons dans nos entrailles. (Id., ibid) La vertu de ce puissant breuvage pénètre toutes les facultés de notre être, dit saint Cyprien, afin d’y guérir toutes les plaies, d’y détruire tous les genres de mal que la corruption originelle, que les dérèglements de la vie y ont déposés.  Puis le mal détruit, l’ardeur des passions amortie, il se soumet toutes les puissances de notre âme, se les unit afin que nous aimions ce qu’il aime, et que notre âme brûle du même feu que le sien.

Abbé Carney

Le mois du Précieux Sang (p 109 à 112)

Résolution :

En ce mois de juillet, développons notre dévotion au Précieux Sang, par la récitation de ces litanies et au moment de nos communions où ce Sang nous est distribué.

dimanche 16 juin 2024

dimanche 12 mai 2024

Mai 2024

La Vierge du Sourire

 


Le 20 avril 1911, à Édimbourg, entrait par le Baptême dans l'Eglise catholique un ministre presbytérien, le Révérend Alexandre Grant. C'était le premier membre de l'Eglise Libre-Unie d'Ecosse qui passât à la confession romaine.  Trois jours après, une lettre adressée à la Mère Prieure du Carmel de Lisieux retraçait en ces termes la genèse de cette abjuration :

« Il y a maintenant plus d'un an que j'ai, pour la première fois, fait la connaissance de l'autobiographie de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus (traduction anglaise). Je l'ouvris au hasard, et je m'arrêtai de suite devant la beauté et l'originalité des pensées. Je trouvai qu'il m'était tombé entre les mains l'œuvre d'un génie, aussi bien que celle d'une théologienne, d'un poète de premier ordre... Je ressentis ce qu'éprouve une personne à qui le monde invisible apparaît tout d'un coup, et je m'écriai : Thérèse est dans cette chambre ... ; son image revenait sans cesse à mon esprit; elle refusait de me quitter, et il me semblait l'entendre dire : Voici comment les saints catholiques aiment Jésus-Christ.  Écoutez-moi !  Choisissez ma petite voie, car elle est sûre et c'est la seule véritable.

« … J'ai donc commencé d'invoquer son aide avec une joie que je renonce à décrire. Mais un jour, elle me dit subitement : Pourquoi me demandez-vous de prier pour vous, si vous ne voulez pas connaître et invoquer la Sainte Vierge?  Aussitôt, je compris combien c'était peu logique d'invoquer Thérèse et de négliger la Mère de Dieu. La lumière s'était faite; immédiatement, je m'adressai à la Sainte Vierge. La promptitude de la réponse m'étonna. A l'instant, mon âme fut débordée par un amour passionné, nouveau-né, un amour qui s'est agrandi et qui maintenant est un abîme. »

L'année suivante, l'ex-pasteur et son épouse également convertie émigraient vers la France et s'installaient, pour y accueillir les pèlerins, au Berceau de Thérèse à Alençon, dans la maison de la rue Saint-Blaise qui venait d'être rachetée. C'est là que M. Grant devait mourir saintement, le 19 juillet 1917, après avoir beaucoup travaillé et prié pour le retour à l'Eglise de nos « frères séparés ».

On voit de quelle qualité fut le choc psychologique et comment se situe, dans cette montée vers Dieu, le rôle de notre Sainte. Son charme met en sympathie, il attire, il séduit, il conquiert. Mais il n'est lui-même qu'un reflet du charme de la Vierge; il oriente vers elle, il invite à la confiance filiale, à l'abandon total entre ses mains maternelles. Marie s'empare alors de l'âme en quête de vérité; elle l'ouvre, elle l'épanouit à cette tendresse familière qui émeut délicieusement le Cœur du Père des Cieux et prépare l'invasion de sa Charité Infinie. Plus encore qu'une conversion, c'est une révélation, une ascension. Le passage de l'erreur à la foi débouche sur la voie d'enfance qui ouvre d'emblée la perspective des plus hautes cimes évangéliques. (…)

C'est ce qui donne à l'appellation de « Vierge du Sourire » sa portée actuelle. Les affres de deux hécatombes mondiales, immédiatement suivies d'une épuisante « guerre froide », les crises qui ébranlent l'économie et dissolvent les Etats, le souffle desséchant du matérialisme athée et du totalitarisme avilissant, ont fait passer sur l'humanité une vague de désespérance. Une génération se lève, critique, amère, désenchantée, prête à sombrer dans l'aventure sanglante comme, par évasion, à se ruer vers le bourbier. On parle de « grande peur ». On applaudit au « théâtre noir ». Le pessimisme fait école dans les chaires de philosophie. Les savants s'épouvantent de leurs propres découvertes que tournent à détruire les passions non contenues par « un supplément d'âme », « On dirait, déclare Pie XII, un monstre apocalyptique né d'une civilisation où le progrès toujours  croissant de la technique s'accompagne d'une baisse toujours plus profonde de l'esprit et de la morale. »

Aux déçus, aux lassés de la vie, en cette nuit ténébreuse, qui rendra l'espérance ? Qui fera luire à nouveau l'astre de Bethléem? Qui donnera le sens d'une religion chaude, vivante, personnelle, «sensible au cœur » ? Qui rappellera aux hommes qu'ils ont un Père dans les Cieux et qu'ils doivent s'aimer comme frères ? Qui enfin arrachera les chrétiens eux-mêmes à l'engourdissement d'une pratique routinière pour les faire accéder, dans la simplicité et l'humilité de la foi pure, à la vie de famille à laquelle Dieu les convie ? Marie a reçu cette mission. Il appartient à la Maman de refaire un climat de sincérité et de paix au foyer de l'humanité, d'y réchauffer l'affection et le dévouement mutuel, d'y réveiller la joie de vivre. C'est pour cela qu'elle est apparue à Thérèse. C'est pour cela qu'elle l'a constituée messagère de l'Amour Miséricordieux. C'est pour cela qu'elle aime être invoquée, en union avec sa privilégiée du Carmel, sous le titre de « Vierge du Sourire ».

La Sainte de Lisieux a grâce d'état pour communiquer l'ineffable secret qu'elle reçut aux Buissonnets au jour béni du 13 mai 1883. Comme le dit avec autorité Mgr Picaud, évêque de Bayeux, elle se plaît à le confier aux âmes qui lui sont très unies. Elle leur apprend l'itinéraire de sa « Petite Voie » : « aller au Père par Marie et par Jésus, mais sans jamais quitter ni Jésus ni Marie. »

R.P.PIAT

La Vierge du Sourire (p 102 à 105)

Résolution :

Ce texte de 1 951 n’a rien perdu de son actualité, la situation décrite s’étant seulement aggravée.  Alors, le remède reste le même : à l’image de Sainte Thérèse, attirons les âmes vers notre Mère du Ciel ; notre sourire, notre rayonnement nous y aideront.

 

dimanche 3 mars 2024

Mars 2024

 L’âme est faite pour aimer



Le flocon de neige, le grain de quartz, le prisme de basalte savent former leur figure. La feuille sait s'ouvrir, la branche s’étendre vers le soleil. La bête a su se détacher du sol, se faire son indépendance, sa chaleur, ses désirs à elle.

Dieu a voulu que dans toute la Création, de la pierre à la plante, de la plante à la bête, de règne en règne la vie montât.  Sous son souffle, elle a trouvé la géométrie du cristal, puis la croissance de l'arbre, puis le mouvement, le sang chaud, l’instinct de l'animal. Chaque fois, par un coup de génie prodigieux, elle a dépassé toutes les données du règne antérieur.

Et au-dessus des trois règnes, le règne humain s'élève à plus de vie encore. L’homme n'est-il pas l'être unique, né pour un prodige à lui propre, il a l'action et la raison: il a l’esprit, le choix, la liberté. Il se sent libre: faire ou ne pas faire. Mais quoi faire ? A quoi s'emploiera-t-il, dans sa liberté, avec la même certitude que le sel qui cristallise, que l'herbe qui pousse, que l'oiseau qui couve ses œufs.

C'est le Christ qui révèle à l'homme sa destination profonde: l'âme est faite pour aimer. Vous êtes fils d'un même Père, qui vous aime: soyez ces frères, entr'aimez-vous, entr'aidez-vous, travaillez à faire ce monde tel que le Père a désiré qu'il fût.                                                                                           

Servir et aimer, voilà la certitude intérieure de l'homme, inscrite en sa nature, comme la figure de son cristal l'est dans la nature du quartz.                                                                                                      

Les gens simples à qui Jésus apporte ce message, d'un coup l'ont senti, c'est cela ! Le grand commandement nouveau fait lumière pour tout homme venant en ce monde. Celui qui veut vivre de vraie vie se tourne vers cette parole, comme la plante qui veut respirer se tourne vers le soleil. De tout son être, chaque créature s'efforce à sa destination.  Au plus bas, le plus élémentaire, l'atome, avec une phénoménale énergie se concentre sur son être. Au plus haut, le plus complexe, le plus vivant, l'homme, a à sortir de son être, de son moi, à se donner. Il est fait pour l'amitié. Son sang l'y porte, s'il est assez rouge, comme la sève de l'arbre à pousser son branchage vers la lumière.

Ici, une fois de plus, la vie se dépasse: elle débouche  dans un nouveau royaume. Comme elle a inventé de  faire avec ce qui ne pouvait que tomber ce qui pousse,  ou avec ce qui ne pouvait vivre qu'attaché à la terre ce  qui s'en détache, ici, par l'homme, avec ce qui semblait  ne pouvoir être qu'égoïsme, elle fait le contraire de  l'égoïsme: l'amour.                                                                          

Au sommet de la Création, il fallait l'être libre, donc  capable d'aimer, pour aimer et répondre ainsi au  Créateur. Le monde maintenant a un sens et l'homme  connaît sa vérité de vie.

Henri Pourrat

La bienheureuse Passion (p 20)

Résolution

En ce temps de Carême, contemplons et accompagnons notre Sauveur dans Son chemin de Croix où Il nous révèle qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour Dieu, pour ceux qu'on aime.  Donner sa vie, c'est d'abord s'oublier. 

vendredi 29 décembre 2023

Décembre 2023

 

L’orgueil, fondement de l’empire de Satan, premier ennemi de la Charité

 

Filius hominis non venit ministrari sed ministrare. (Matth., xx, 28)

Le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir.

 

Par le péché de nos premiers parents, le Démon s'était emparé de l'homme et de toutes les créatures. « Tous les royaumes et toutes les richesses du monde sont à moi, disait-il à Notre-Seigneur: je te les donne si tu veux m'adorer » (Matth, IV, 9). En descendant sur la terre, notre divin Rédempteur est comme un Roi qui, après une longue absence, vient reprendre son empire et chasser l'usurpateur. Lui-même annonce son entreprise en disant: « Le moment est venu où le Prince de ce monde va être mis à la porte: Nunc princeps hujus mundi ejicetur foras»  (Jean, XII, 31),

La guerre commence à la grotte de Bethléem.  Ô profondeur de la sagesse de Dieu!  C'est en naissant dans une étable, pauvre et humilié, que le divin Conquérant ébranle jusque dans ses fondements la puissance infernale. C'est en se faisant esclave qu'il commence à dépouiller Lucifer, et à justifier le nom mystérieux que lui-même a reçu des prophètes. Vous l'appellerez, dit Isaïe : Hâte-toi d'enlever les dépouilles; hâte-toi de ravager. (Is, VIII, 3)

L’orgueil, c'est-à-dire l'esprit d'insubordination, est le fondement le plus profond de l'empire de Satan, l'appui le plus solide de son trône. C'est la chaîne la plus lourde et la plus difficile à rompre, dont il ait chargé l'homme, son esclave. Pour briser cette chaîne et miner ce fondement, que fait le Verbe éternel ? A l'orgueil et à la désobéissance, élevés jusqu'au comble, il oppose l'humilité la plus profonde et la soumission la plus complète. Il se fait esclave et il en remplit les fonctions.

« Voyez, dit Bède le Vénérable, le Fils de Dieu devenu l'Enfant de Bethléem. À peine est-il né, que, pour nous délivrer de l'esclavage, il se fait inscrire comme sujet de César, et paie le tribut de la servitude » (Luc, II). Ce n'est là qu'un premier signe de dépendance: en voici un second.  Afin de commencer à payer les dettes de notre orgueil, au prix de ses abaissements et de ses souffrances, il se laisse, tendre enfant, lier comme un esclave dans les langes du berceau. Pour lui, ces langes sont l'annonce et la figure des cordes, dont il devra un jour se faire lier par les bourreaux, en marchant au supplice.

Sa vie entière n'est qu'un long acte de servitude. Pendant trente ans, lui, le Maître du monde, obéit à deux de ses créatures, Marie et Joseph, et erat subditus illis. Constamment aux ordres de l'un et de l'autre, tantôt, à la voix de saint Joseph, il travaille à dégrossir le bois nécessaire pour l'état de son père nourricier; tantôt, à la voix de Marie, il ramasse les menus fragments de ce bois pour le foyer. On le voit tour à tour balayer la maison, puiser de l'eau, ouvrir et fermer l'atelier. «En un mot, dit saint Basile, Marie et Joseph, étant pauvres, étaient obligés de vivre du travail de leurs mains. Pour exercer l'obéissance et montrer le respect qu'il leur portait, comme à ses supérieurs, le Verbe fait chair se livrait à tous les travaux qu'il pouvait humainement accomplir ».

L'histoire rapporte comme un prodige d'humilité, que saint Alexis, fils d'un des plus grands seigneurs de Rome, voulut vivre, et vécut en effet, pendant dix-sept ans comme un serviteur inconnu dans la maison de son père. Mais qu'est-ce que l'humilité de ce saint, comparée à l'humilité de l'Enfant de Bethléem? Entre fils et serviteur du père de saint Alexis, il y a sans doute une différence de condition; mais c'est une différence bornée. Entre Dieu et serviteur de Dieu, la différence est infinie. Ce n'est pas tout: en se faisant serviteur de son Père, le Fils de Dieu s'est fait par obéissance serviteur de ses propres créatures, et erat subditus illis.

O Dieu! et nous refuserons de nous soumettre au glorieux esclavage de cet aimable Enfant, qui, pour nous sauver, s'est lui-même dévoué à la servitude la plus profonde! Plutôt d'être les heureux serviteurs de ce Monarque si grand, nous aimerons mieux être les esclaves dégradés du démon! A ce Roi si bon et si magnifique, nous préférerons Satan: maître cruel qui n'aime pas ses serviteurs, mais qui les hait, qui les traite en tyran, qui les dépouille et les rend malheureux dans ce monde et dans l'autre!

Si nous avons à nous reprocher une pareille folie, pourquoi ne pas sortir sur-le-champ de notre honteuse et déplorable servitude? Pourquoi, délivrés de l'esclavage du démon, ne prenons-nous pas, ne couvrons-nous pas de nos baisers, les douces chaînes qui nous rendent serviteurs et frères de l'Enfant de Bethléem ; qui nous attachent glorieusement à lui, et qui se changeront en couronne de gloire pour l'éternité?

O Monarque du monde, devenu esclave et serviteur pour l'amour de moi! J'ai honte de paraître aujourd'hui devant votre crèche, monument éternel de vos abaissements. Je rougis à la pensée de mon orgueil, au souvenir de mes folies et de mes ingratitudes. Reprochez-les-moi, aimable Enfant; vous avez raison. « J'avais brisé vos chaînes, me dites-vous, et vous m'avez dit: je ne veux pas de la liberté que vous m'offrez; je préfère l'esclavage; j'aime mieux être soumis au démon qu'à vous ».

Je reconnais ma faute et je m'en repens. Vos mérites infinis, ô mon Sauveur, animent mon espérance. J'attends mon pardon de cette inépuisable bonté, qui ne vous permet pas de mépriser un cœur contrit et humilié, cor contritum et humiliatum, Deus, non despicies. Prenez les chaînes de votre amour, mettez-les à mes pieds et à mes mains; que je ne puisse jamais les rompre ni faire aucun mouvement contraire à votre volonté. J'aime mieux, aimable Enfant, être votre serviteur que le maître du monde. De quoi sert le monde entier à celui qui est privé de votre grâce ? (Mtth, XVI, 46)

Mgr Gaume

Bethléem ou l’école de l’Enfant-Jésus

 

Résolution

En ce temps de Noël, contemplons l’Enfant de la Crèche qui nous donne le plus grand exemple du remède à l’orgueil : l’humilité.  Pour soutenir notre méditation, n’hésitons pas à user d’ouvrages comme Bethléem ou l’école de l’Enfant-Jésus (Mgr Gaume) ou Noël : neuvaine et méditations (Saint Alphonse de Liguori)