La fausse charité libérale
Nous terminons la reproduction de la conférence de Mgr
Lefebvre (Lettre des Dominicains d’Avrillé n°37 – Mars 2006)
Les libéraux voudraient une
charité large, sans contraintes, qui laisse libre de faire tout ce qu'on veut.
Sans doute, Dieu nous a créés
libres. Toutefois nous ne sommes pas libres de choisir notre fin, mais seulement
les moyens qui conduisent à notre fin.
Toute créature a une fin : la
plante est faite pour sa fleur, pour son fruit, pour la graine qui va descendre
et qui va reproduire ; les oiseaux avec un instinct parfait vont préparer leur petit nid.
Et nous, les hommes, qui sommes
intelligents, nous disons: «Non! Je ne veux pas, je ne veux pas être obligé
d'atteindre une fin ! » Si vous ne voulez pas atteindre la fin, comme la fin
c'est le bonheur, eh bien! vous aurez votre malheur, c'est tout!
C'est Dieu qui nous a imposé
notre fin. Mais à la différence des plantes et des animaux qui atteignent leur
fin en suivant des lois physiques ou leurs instincts, avec une contrainte
physique, nous avons le choix des moyens: nous agissons en suivant une loi
morale, avec une contrainte morale. Nous sommes libres de choisir les moyens,
mais obligés moralement de choisir ceux qui nous conduisent à notre fin : la vérité,
la vertu, etc.
Mais le libéral ne veut pas de cette
contrainte morale. Il veut être libre! Aussi
n'a-t-il pas la vraie charité. Continuons de citer l'abbé Roussel :
Aime-t-il Dieu par-dessus toutes choses, le
« catholique-libéral » qui méconnaît sa vérité et fait si bon marché de ses
droits imprescriptibles? Aime-t-il son prochain quand il ne s'emploie pas de
toutes ses forces à le tirer de l'erreur, à lui faire l'aumône d'un peu de vérité
surnaturelle? Est-ce vraiment aimer un malade que de lui voiler son mal au lieu
de le guérir? Est-ce vraiment avoir pitié des âmes que de taire, pour ne pas
les froisser, les vérités un peu rudes qui seules pourraient les réveiller et les
sauver ? … Non, la charité du « catholique-libéral» est
mal ordonnée, quand elle n'est pas déformée.
Il est plus «charitain » que charitable, car s'il est tout miel avec l'incroyant,
il est tout fiel avec le [vrai] catholique.
Tout fiel avec le vrai
catholique : La fausse charité libérale ne peut supporter la vraie charité
catholique (1). Si nous gardons la Tradition, on nous critiquera: « Oh ! Ils
veulent donner des leçons aux autres, ils se croient ceci, ils se croient cela,
ils se croient plus vertueux que les autres, ils s'imaginent qu'ils sont plus
parfaits que les autres, etc. »
Nous n'y pouvons rien! Nous estimons qu'il y a une doctrine, qu'il y
a une vertu, qu'il y a une manière de se conduire dans la vie chrétienne, nous essayons
dans la mesure du possible, dans la mesure de nos petits moyens, dans la mesure
de la grâce du bon Dieu, de garder la vie chrétienne, de garder la Tradition. Évidemment,
cela condamne ceux qui sont contre la Tradition. Alors, ils s'énervent contre
nous, sous prétexte que nous avons l'air de gens qui se croient meilleurs que
les autres.
Nous ne nous croyons pas
meilleurs que les autres, mais la vérité est meilleure que l'erreur. Nous n'y
pouvons rien, c'est comme ça. La vertu est meilleure que le vice. Nous n'y
pouvons rien.
Ce n'est pas nous que nous défendons,
c'est le bon Dieu! C'est Lui qui est la vertu, c'est Lui qui est la vérité.
Nous, nous essayons dans toute la mesure du possible de suivre Notre-Seigneur,
de suivre le bon Dieu, dans la vérité, dans la vertu. Cela ne dépend pas de nous
! Nous ne sommes pas libres d'aimer la vertu ou d'aimer la vérité.
Tout miel avec l'incroyant : Voyez
l'attitude de l'Église conciliaire avec les ennemis de l'Église, avec les juifs
qui refusent Notre-Seigneur, avec les musulmans qui massacrent les catholiques,
etc.
Laisser le prochain dans l'erreur
et le vice, sous prétexte de liberté, même de liberté religieuse comme le veut
Vatican II, ce n'est pas l'aimer.
C'est comme si un docteur disait
à son malade: « Mais non, mais non, vous n'êtes pas malade, ce n'est pas grave
ce que vous avez. Ce n'est pas la peine de vous soigner, pas la peine de croire
que vous êtes malade. » Il laisse le malade dans sa maladie et ne le soigne
pas.
Un bon médecin dira: «Vous êtes
malade, il faut que je vous soigne. On va vous donner des médicaments qui vont
peut-être vous faire souffrir, mais si vous voulez que je vous soigne, si vous
voulez que je vous rende la santé, je suis bien obligé d'en passer par là. »
C'est lui qui aime vraiment son malade.
Celui qui dit : « Ce
n’est pas grave, vous reviendrez une autre fois » et qui laisse son malade
dans sa maladie n’aime pas son prochain : c’est clair !
Nous sommes donc placés devant un
choix :
-soit la vraie
charité, la charité de la vérité, celle qui vient du Saint-Esprit, l’Esprit de
vérité qui procède du Fils-Vérité,
-soit la
fausse charité, la charité libérale qui vient du diable, fidèle à sa
devise : « Non serviam, je
ne servirai pas. »
Saint Paul a prédit qu’au temps
de l’Antéchrist, les hommes ne voudraient plus de la charité de la vérité qui
peut les sauver : « Caritatem
veritatis nn receperunt ut salvi fierent » (2 Th 2, 10). Que la très sainte Vierge, Mère du bel amour,
nous conserve dans la vraie charité en ces heures troublées !
(1) - Remarquons bien que le seul
évêque qui a été excommunié (par la Rome conciliaire), qui est mort excommunié,
qui est toujours excommunié, c'est précisément Mgr Lefebvre (et Mgr de Castro
Mayer pour l'avoir suivi), lui qui avait pour devise: credidimus caritati, nous
croyons à la charité (à la vraie charité).
Résolution
En ce mois de juillet, nous
honorons tout particulièrement le Précieux Sang de notre Divin Sauveur, qui n’a pas hésité à verser tout Son sang pour
nous. Pour notre part, n’avons-nous pas
parfois tendance à édulcorer la Vérité … pour « ne pas faire mal »,
sous prétexte de Charité … fausse charité libérale ? De cette manière, imitons-nous notre doux Sauveur ?