mercredi 11 septembre 2019

SEPTEMBRE 2019




A l’école de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Ce n'est pas toujours possible, au Carmel, de pratiquer à la lettre les paroles de l'Évangile, on est parfois obligé à cause des emplois de refuser un service, mais lorsque la charité a jeté de profondes racines dans l’âme, elle se montre à l'extérieur.  Il y a façon si gracieuse de refuser ce qu'on ne peut donner, que le refus  fait autant de plaisir que le don.  Il est vrai qu’on se gêne  moins de réclamer un service à une sœur toujours disposée à obliger, cependant Jésus a dit : " N'évitez point celui qui veut emprunter de vous. "  Ainsi sous prétexte qu'on serait forcée de refuser, il ne faut pas s'éloigner des sœurs qui ont l'habitude de toujours demander des services. Il ne faut pas non plus être obligeante afin de le paraître ou dans l'espoir qu'une autre fois la sœur qu'on oblige vous rendra service à son tour, car Notre- Seigneur a dit encore: " Si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir quelque chose, quel gré vous en saura- t-on? Car les pécheurs mêmes prêtent aux pécheurs afin d'en recevoir autant. Mais pour vous, faites du bien, PRÊTEZ SANS EN RIEN ESPÉRER, et votre récompense sera grande. "   Oh oui ! la récompense est grande, même sur la terre ...  dans cette voie il n'y a que le premier pas qui coûte.  Prêter sans en rien espérer, cela paraît dur à la nature;  on aimerait mieux donner, car une chose donnée n'appartient plus. Lorsqu'on vient vous dire d'un air tout à fait convaincu: " Ma sœur, j'ai besoin de votre aide pendant quelques heures, mais soyez tranquille, j'ai permission de notre Mère et je vous rendrai le temps que vous me donnez, car je sais combien vous êtes pressée. " Vraiment, lorsqu'on sait très bien que jamais le temps qu'on prête ne sera rendu, on aimerait mieux dire: " Je vous le donne. " Cela contenterait l'amour-propre car donner, c'est un acte plus généreux que de prêter et puis on fait sentir à la sœur qu'on ne compte pas sur ses services... Ah ! que les enseignements de Jésus sont contraires aux sentiments de la nature ! Sans le secours de sa grâce il serait impossible non seulement de les mettre en pratique mais encore de les comprendre. Ma Mère, Jésus a fait cette grâce à votre enfant de lui faire pénétrer les mystérieuses profondeurs de la charité; si elle pouvait exprimer ce qu'elle comprend, vous entendriez une mélodie du Ciel, mais hélas ! je n'ai que des bégaiements enfantins à vous faire entendre... Si les paroles mêmes de Jésus ne me servaient pas d'appui, je serais tentée de vous demander grâce et de laisser la plume... Mais non, il faut que je continue par obéissance ce que j'ai commencé par obéissance.


Manuscrits autobiographiques
(A Mère Marie de Gonzague : Lumières sur la Charité)

Résolution

Quelle est notre intention lorsque nous prêtons quelque chose ?  Mais surtout lorsque nous prêtons notre temps en rendant service ?